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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 6, Les écoles du nord: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0350

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LE MUSÉE DU PRADO.

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lant aussi clans ses données générales le petit retable d’Anvers, auquel
est maintenu toujours son ancienne attribution à Lucas de Leyde.

Quant aux deux volets n°s 1886 et 1887, que M. Woermann croyait
pouvoir donner à Blés sur la foi d’une chouette que le peintre
a représentés dans l’un d’eux, je puis, sans plus tarder, restituer ces
œuvres remarquables à Hans Baldung Grien, grâce à l’étude consacrée
par M. F. Narck, à ces deux pages intéressantes et énigmatiques dans
Y Annuaire des Musées de Berlin.

Une grande figure de la Charité que le catalogue donne à Georges
Pencz, de Nuremberg, serait, à ce titre,un échantillon assez curieux
si l’on ne pouvait avoir la certitude qu’il s’agit ici d’un tableau de
l’énigmatique Liégeois Lambert Lombard, l’ami deYasariet l’instau-
rateur, trop glorifié par ses contemporains, des principes de l’anti-
quité qui devaient conduire l’école flamande à une décadence rapide.

Sous le pinceau de Lombard, la Charité est devenue la Mère des
Amours. Il y a là la trace de toute une direction de recherches et
d’études dans le domaine classique, et jusqu’au meuble qui sert d’ap-
pui à la déesse — pardon, — à la Vertu •—et emprunté à quelque frag-
ment de sculpture antique. Au fond, il s’agit d’un Jules Romain
d’ordre secondaire. Il parait que cette peinture est arrivée des Pays-
Bas en 1608, après avoir appartenu au comte de Mansfeld. Le cata-
logue, j’ai hâte de le dire, fait observer que déjà plusieurs connais-
seurs avaient proposé l’attribution à Lombard.

Avant d’aborder l’examen des portraits qui donnent à la repré-
sentation du xvie siècle une si haute importance au Prado, il convient
de mentionner le Triomphe de la Mort de Pierre Breughel, attribué
presque toujours à Jérôme Bosch et qui, certes, mérite de figurer
parmi les œuvres importantes de son auteur. On ne dit pas que cette
peinture provienne de l’Escurial ; rien n’indique qu’elle ait jamais
appartenu à Philippe II.

Très certainement, ce tableau macabre est de ceux qu’on ne saurait
oublier jamais. La Mort, armée de sa faulx, chevauche un cheval pâle,
et chasse devant elle ce qui semble être le troupeau des derniers
humains, vers le funèbre domaine dont la limite est tracée par ligne
de cercueils dressés derrière lesquels apparaissent des hommes
d’armes qui sont autant de squelettes. Les mortels affolés s’engouf-
frent dans une immense souricière. En avant, sous des arcades
gothiques, des morts drapés dans leur linceul sonnent de la trom-
pette autour d’un catafalque.

Puis c’est un chariot, conduit par la terrible moissonneuse, jouant
 
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