Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Reinach, Salomon: L' origine et les caractères de l'art gallo-romain, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0386

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
370

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

1° Prévalence de la décoration géométrique;

2° Prévalence du goût de la symétrie sur celui de la forme
vivante, de la logique sur l’imagination;

3° Goût pour l’emploi des couleurs vives, d’où Pémaillerie de
Bibracte, les cabochons de corail qui décorent les objets métalliques
de la Champagne, les perles d’ambre et en pâte de verre multicolore;

4° Goût pour le travail ajouré, très frappant dans les beaux
ornements de bronze provenant des nécropoles de Chassemy dans
l’Aisne, de Somme-Bionne dans la Marne, etc. ;

5° Tendance à la stylisation, c’est-à-dire à la transformation de la
forme humaine et animale en fioritures, en motifs de décoration.

Ces principes, qui caractérisent l’art dit de la Tène, du nom d’une
station helvète sur le lac de Neuchâtel, nous les retrouvons non seu-
lement à l’époque de la domination romaine, mais encore et surtout
lorsque la domination romaine aura pris fin. Nettement opposés aux
principes de l’art hellénique, ils ne disparaîtront pas à son contact,
mais réagiront parfois sur lui; puis, quand les révolutions politiques
auront affaibli l’influence méditerranéenne, c’est le stjde septentrio-
nal, représenté dans l’Europe centrale par celui de la Tène, qui
reprendra nettement le dessus pour continuer son évolution.

Il y a un air de famille facile à constater entre la céramique noire
de la Marne et la céramique noire mérovingienne, entre l’émaillerie
gauloise et la verroterie cloisonnée de l’époque franque, entre les
plaques ajourées de Chassemy et celles des nécropoles allemaniques et
burgondes, entre les types décoratifs des bronzes de la Tène, ani-
maux à moitié transformés en palmettes, figures humaines aux gestes
figés et symétriques, et les hommes, les animaux représentés d’une
manière toute conventionnelle, à l’époque des invasions, sur les
plaques métalliques décorées en creux ou découpées1. La tendance
héraldique de l’art, en pays gaulois, a fait preuve d’une vitalité éton-
nante; on en suit la trace jusqu’à la fin du moyen âge et même au
delà. Ce n’est peut-être pas un hasard si le style appelé gothique, qui
est certainement d’origine française, est caractérisé par une exubé-
rance de dentelures, par un goût pour les rosaces ajourées, par une
stylisation des formes organiques dont l’industrie gauloise avant la

1. Le type de l’oiseau de proie, si fréquent dans l’ornementation dite mérovin-
gienne, se rencontre déjà dans la vallée du Rhin longtemps avant l’époque des
invasions, par exemple sur une fibule d'untumulus voisin de Trêves (Lindenschmit,
Alterthuem’.r, 111, 9, 1), et sur une monnaie d'or dite « à l’arc-en-ciel » découverte
près d'Ingoldsladt.
 
Annotationen