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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Bouchot, Henri: Le portrait-miniature en France, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0409

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LE PORTRAIT-MINIATURE EN FRANCE.

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(n° 271) et la duchesse de Berry, fille du régent (n° 272). Une mode
commence, empruntée aux petits dessins allégoriques, c’est la forme
oblongue ou carrée des portraits-miniatures. 11 faut plus d’espace à
droite et à gauche du personnage pour permettre aux draperies leur
jeu chatoyant, et laisser place aux accessoires. On pressent Nattier
avec ses toiles plus larges que hautes, nécessaires aux belles princesses
couchées sur les nues. La disposition allongée a d’ailleurs beaucoup
de commodité pour la miniature, en ce sens qu’on l’encadre plus
facilement sur une boite ovale; c’est là tout le secret. Le pauvre art
mignon ne compte plus que pour la note claire jetée par lui sur le
couvercle d'un coffret ou d’une tabatière; vous ne sauriez rencontrer
jamais de miniatures suspendues aux murailles, la coquetterie en
serait surannée et par trop ridicule!

Mlle Catherine Perrot, académicienne et miniaturiste, s’est donné
la tâche d’écrire, en 1(393, un traité de son art pour le compte du
libraire Seneuze1. Elève de Nicolas Robert, Mi:e Perrot s’intéresse
de préférence à la peinture des fleurs. Mais, en combinant ses recettes
avec celles fournies par un autre ouvrage anonyme publié quelques
années auparavant 2, on se fait une idée très nette de cette technique
de tradition conservée pareille depuis des siècles et qui, même de
notre temps, n’a guère varié. Sauve la révérence due aux arts, ces
livres rappellent un peu la cuisinière bourgeoise. « Pour faire un
« ciel de jour, on prend de l’outremer et beaucoup de blanc qu’on
« mêle ensemble dont on fait une couche la plus unie qu’on peut avec
« un gros pinceau et à grands coups... » Ils écrivent mignature tous,
ils pourraient tout aussi bien dire mignardise. Mignarderie de con-
ception, de pratique, de faire, petitesse de métier, routine mignonne!
Ils ne se servent encore que de beau vélin, —tout est beau dans leurs
fournitures, — ils nomment à peine les tablettes d’ivoire où le
pinceau n’a point la facilité de courir comme sur le parchemin. Ils
choisissent celui-ci en peau de veau très fine, sans grains, bien polie,
poncée longtemps et collée au revers sur une planchette pour la

1. Traité de la mignature, dédié à Mma la princesse de Guémenée, par Perrot,
de l’Académie royale. Paris, Arnould Seneuze, 1693.

2. Traité de la mignature pour appt&nire aisément ci peindre sans maître et
le secret de faire les plus belles couleurs, l'or bruni et l’or en coquille, par M. B.
Paris, Baslard, 1684.

— 3e PÉRIODE.

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