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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Hermant, Jacques-René: L' art a l'exposition de Chicago, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0436

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420

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

premières années, qu’un jour viendrait où ces modèles assouplis et
modifiés insensiblement par une civilisation rapide donneraient si tôt
naissance aux merveilleuses conceptions de la Rome de Léon X?

Pour nous, toute proportion gardée, la situation est analogue aux
Etats-Unis.

Jusqu’ici le peuple entier n’a eu qu’un but : grandir; les indivi-
dualités qu’un seul idéal : s’enrichir.

Mais, dans cette course à l’argent, les premiers arrivés se sont bien
vite aperçus qu’après la fortune il y avait autre chose, et qu’il ne
suffît pas d’avoir beaucoup de millions si l’on ne sait en faire usage.

Ce serait mal apprécier la valeur du peuple américain, que de
croire qu’il ne compte pas dans ses rangs des intelligences d’élite
qui souffriraient de ne pouvoir tirer de leurs richesses que des jouis-
sances matérielles.

Aussi vit-on et voit-on encore chaque jour l’argent dos riches
servir à fonder et à doter des écoles, des universités, des établisse-
ments où la science et l’art sont munis de tout ce qui est nécessaire à
l’enseignement, et cela dans des proportions stupéfiantes pour un
Français qui a gardé le souvenir des quelques instruments de phy-
sique et des modestes moulages noircis par le temps qui composaient
les collections du collège où il a été élevé.

Les écoles et les universités furent les premières à recueillir les
largesses de ces puissants de la fortune qui ne devaient leurs
richesses qu’à leur flair et à leur adresse.

Ce sont maintenant les musées, les écoles des beaux-arts et les
artistes qui voient s’étendre sur eux la rosée bienfaisante de dollars
que rien n’arrête; car, l’exemple et l’orgueil aidant, il n’est guère
aujourd’hui d’Américain très millionnaire qui ne rêve d’immorta-
liser son nom par des fondations comme celles qui ont rendu à
jamais célèbre les Carnegie de Pittsburg et les John Hopkins de
Baltimore.

Dans un temps que tout autorise à supposer fort court, les musées
et les écoles d’art seront aussi brillamment et aussi puissamment
dotés que les universités dont les revenus sont légendaires et les
collections complètes jusqu’à l’excès.

L’art alors ne sera plus l’apanage seul de quelques hommes assez
privilégiés de la fortune pour pouvoir venir passer quatre, cinq ou six
années de leur vie en Europe, à leurs frais, pour étudier; souvent
obligés d’écourter leurs études pour des raisons toutes matérielles.
Les modèles les plus variés seront à la portée de tous dans toutes les
 
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