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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Hermant, Jacques-René: L' art a l'exposition de Chicago, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0441

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EXPOSITION DE CHICAGO.

425

Si, au contraire, on s’y rend par le lac, et qu’en débarquant l’on
pénètre sur les bords de cette colossale pièce d’eau qui en occupe le
point principal, l’aspect est tout autre. La nature est presque com-
plètement proscrite et, sauf l’élément liquide dont a bien voulu faire
usage, tout ce qui pouvait contribuer à masquer ou gêner l’œuvre de
l’architecte, a été rigoureusement écarté.

Que l’on se figure une sorte de Naumachie de forme allongée et de
proportions invraisemblables, coupée aux deux tiers de sa longueur
par un large canal qui se prolonge à droite et à gauche. Dans chacun
des quatre angles ainsi formés: un palais; en avant, sur le bord du
lac, un portique corinthien interrompu par un arc de triomphe, sous
lequel passent les barques pour pénétrer dans l’enceinte, et flanqué
de deux grands pavillons dont l’un sert de casino et l’autre de salle
de conférence; au fond du bras gauche du canal, un décor analogue,
qui arrête complètement la vue pendant que le bras droit, se prolon-
geant indéfiniment, va rejoindre l’ile verte et la partie dont nous
parlions tout à l’heure; au fond, le dôme imposant de l’Adminis-
tration, précédé d’une fontaine monumentale; au centre, ou à peu
près, une gigantesque statue de la Liberté.

Comment traduire l’impression éprouvée au milieu de cette
débauche d’architecture, dont les proportions atteignent un tel degré
d’exagération, qu’il faut l’avoir vue pour s’en faire une idée et que
les termes même les plus excessifs n’arrivent pas à la dépeindre!

Elle est complexe et se compose de trois sentiments distincts :

Le premier : un hommage spontané, sincère, rendu de grand
cœur à l’ampleur de la composition et à son effet général, qui rappelle
les étonnantes conceptions de nos grands peintres décorateurs de
théâtre. Le second : un retour sur soi-même et à l’examen des détails,
une gêne causée par le désaccord complet des styles dans un ensemble
qui aspire à l’unité. Le troisième : une très vive tentation d’oublier
toute critique en présence de l’impression vraiment grande qui se
dégage de ce rêve si audacieusement conçu et si naïvement réalisé.

Qu’on nous pardonne donc, si dans les observations qui vont
suivre nous relevons souvent des erreurs. Ce sera sans aucune inten-
tion malveillante pour une œuvre assez importante pour mériter
qu’on la discute.

JACQUES II HUMANT.

{La suite prochainement )
 
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