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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 5
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Falize, Lucien: Claudius Popelin et la Renaissance des émaux peints, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0448

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LA RENAISSANCE DES ÉMAUX PEINTS.

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paillons, qu’il faut ranger parmi ses plus médiocres ouvrages. C’est
au dehors et librement qu’il a produit ses meilleurs émaux.

Gobert peignait d’une allure souple et franche, copiant parfois
les cartons d’un ancien maître et composant plus souvent lui-même
des sujets d’une verve gracieuse et correcte. Ses émaux sont tous
exécutés en camaïeu ; nul mieux que lui n’est parvenu à se servir des
dégradations du blanc sur un fond sombre, à user des ressources
de l’émail comme un graveur en camée fait des couches d’un onyx
ou d’une agate. Il tire de la couleur claire sur un fond noir, bleu,
gris ou brun des douceurs d’ombre et des exaltations de lumière qui
suffisent à rendre tous les modelés, à expliquer tous les reliefs, à
donner des lointains, à peindre dans un jour discret toutes les beau-
tés de la femme, toutes les vigueurs d’un athlète, toutes les suaves
ornementations de la flore. Jamais Gobert ne consent à introduire
un paillon sous l’émail; sans s’astreindre à imiter les vieux limou-
sins, il ne prend d’eux que les moyens simples, répugne autant à
colorer ses blancs qu’à user des verres transparents, et il s’éprend
à ce point des procédés del’émail qu’il les étend à la porcelaine. C’est
à son initiative, c'est aux essais d’émaillerie sur métal tentés à
Sèvres, qu’il faut rattacher l’invention des porcelaines à pâtes rap-
portées. Le blanc Gineston1, qui sert à modeler à la spatule les
lumières sur l’émail, se prête aux mêmes effets sur une porcelaine
couverte au préalable d’un ton sombre et uniforme. Ainsi l’atelier
des émailleurs a enrichi la manufacture de porcelaine : en 1855
déjà, mais surtout en 1867, on a vu, aux expositions universelles,
ces porcelaines dites à pâtes rapportées, qui prennent aux camées et
aux vieux émaux limousins leurs modelés adoucis, leurs silhouettes
estompées, leurs bas-reliefs fondus dans la pâte. Gobert, et avec lui,
Froment et Solon s’adonnent à ce genre et y traduisent d’ingénieuses
allégories à la façon néo-grecque.

Alfred Meyer n’a pas les mêmes libertés ; il obéit, il exécute à
l’atelier, sous la direction de son chef, des travaux imposés ; il
travaille en qualité de décorateur, mais il profite de tous les loisirs
que la manufacture lui laisse, pour étudier l’émail; il ne se borne
plus à faire comme Meyer-Heine des plaques imitées de l’ancien,

1, Ce blanc dont nous avons déjà parlé et dont Salvetat faisait un si grand
éloge, se fabrique encore; la formule en a été gardée par M. Guilbert-Martin qui
dans son usine de Saint-Denis, continue à marquer ses galettes d’émail blanc, du
nom de Gineston.
 
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