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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La légende de Persée par M. Burne-Jones
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0480

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LA LÉGENDE DE PERSÉE.

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que l’œuvre se présentait dans de mauvaises conditions au public
français, sans l’éclaircissement nécessaire du catalogue qui en avait
tronqué le titre, et de plus, isolée d’une série à laquelle elle appar-
tient et qui l’explique : chaînon brisé, anneau rompu d’une chaîne
logiquement indissoluble. La Gazelle des Bcaux-Arls a eu l’heureuse
pensée de rétablir le lien détruit, et d’encadrer, au moins par l'ima-
gination, en même temps que par un choix d’illustrations accessoires
dues à l’obligeance de l’artiste, le sujet de Persée et les Sœurs des Gorgones
— ou, comme le dit le titre anglais, Persée cl les Craies (Pcrseus and
Graiaé) — parmi les scènes qui précèdent ou suivent, de le remettre à
sa place, en un mot, dans l’ordre des événements et des peintures.
On nous excusera d’ètre encore une fois, à cette occasion, le scholiaste
de M. Burne-Jones, de continuer et reprendre notre rôle de cicerone
et d’interprète. La tâche est douce, quand il s’agit d’un maître.

Entre tous les contes bleus de l’antiquité, la légende de Persée
est une des plus séduisantes, des plus faites pour toucher nos cœurs,
par son caractère hardiment poétique, sa fantaisie toujours fraîche
et jeune, et surtout -— ce qui est plus rare — par son allure cheva-
leresque. Quoique très vieille de date, elle est tout près de nous par
l’esprit qui l’anime. On la dirait presque conçue et rêvée au moyen
âge, comme la plupart des fables dont vivent encore nos imaginations
d’enfants. Rien ne saurait donner mieux idée du fond commun, de la
trame à peu de chose près uniforme, sur laquelle évoluent les rêves
de l’humanité : car dans le héros sauveur d’Andromède, on retrouve
quelques-uns des traits de saint Georges, et son expédition contre
les Gorgones rappelle également ces épreuves imposées par de mau-
vais génies, dont un prince charmant sort toujours vainqueur, grâce
à la protection des fées.

Indépendamment de cette inspiration déjà à demi moderne, la
légende de Persée a, de plus, Davantage de prêter à des scènes pitto-
resques, de dérouler sous les yeux une série de tableaux éminem-
ment plastiques. Aussi a-t-elle été de tout temps aimée des sculpteurs
et des peintres, et exploitée par eux, comme un thème à compositions
intéressantes et d’une belle silhouette ornementale. Dès l’antiquité,
il est peu de faits de la légende, même parmi les plus obscurs et les
moins connus des mythographes, qui n’aient été illustrés par la
main des artistes. On peut les soupçonner même d’en avoir inventé
quelques-uns, d’avoir brodé en marge du conte leurs propres
arabesques. Deux motifs surtout ont été incessamment pris et repris,
comme étant sans doute les plus décoratifs, les plus brillants d’invrai-
 
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