Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Leprieur, Paul: La légende de Persée par M. Burne-Jones
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0487

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
470

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des combats qui vient aussitôt à son aide. Figure d’une superbe allure,
casquée et armurée d’acier, elle tend au futur vainqueur, dont le
visage présente encore des traces d’épouvante autant que de surprise
devant l’apparition céleste, la liarpè ou épée courte qui doit terrasser
Méduse, et le miroir dans lequel il pourra la contempler pour lutter
contre elle, sans risquer d’être transformé en pierre par son regard.
Ainsi qu’à une Jeanne d’Arc se révèlent ses saintes, Pallas est
accourue pour soutenir le héros et le pousser à son expédition
guerrière 1.

Mais le chemin qui conduit à la demeure des Gorgones n’est pas
exempt de difficultés ni d’entraves. Il faut d'abord aller trouver
leurs sœurs, leurs « gardiennes », comme dit Eschyle (Topyovojv
TTpocpuÀxxs;), qui habitent non loin d’elles, au delà du vaste Océan, dans
la région ténébreuse et glacée, « que jamais le soleil ne regarde
de ses rayons, et jamais la lune nocturne 2 », pays mystérieux,
refuge de tous les spectres et de tous les cauchemars de l’humanité.
Elles sont trois, ainsi que les Gorgones, nées également de Phorkys
et de Ivèto, vieilles dès leur naissance (de là leur nom, TpAxi), et
pourtant belles malgré leur âge. Eschyle et Hésiode, au moins, qui
en parlent en poètes, les appellent « les antiques vierges aux corps
de cygne », « les Graies aux belles joues » : ils ne se sont pas
résignés à les enlaidir. Ce sont Enyo, Péphrèdo et Deino. Monstres
étranges, elles n’ont à elles trois qu’un œil et qu’une dent, qu’elles
se prêtent tour à tour, afin de monter la garde sans relâche. C’est
cet œil et cette dent uniques que Persée doit leur ravir pour les
tenir en son pouvoir, et ne leur rendre que lorsqu’elles lui auront
indiqué les moyens d’atteindre la retraite des Nymphes, possédant
les objets magiques nécessaires pour triompher des CTorgones. De là,
le sujet représenté sur le second tableau, qui fut envoyé à Paris, et
dont la Gazette publie aujourd’hui l’eau-forte. Persée, jeune et char-
mant, la silhouette inclinée, cuirassé d’une armure bizarre, presque
en chevalier du moyen âge, est au milieu des trois femmes, tâton-

1. 11 est bon de remarquer toutefois,— car c'est une invention personnelle de
M. Burne-Jones, une preuve de son délicat esprit légendaire, •—que la révélation n’est
pas immédiate. Suivant la donnée habituelle des contes de fées, c’est d’abord sous
les traits d'une vieille femme, d’une humble mendiante, que la déesse apparaît au
jeune homme, penchée par-dessus son épaule, compatissante à sa douleur.
M. Burne-Jones a indiqué celte première scène au second plan de son tableau, à
la façon des maîtres primitifs.

2. Eschyle, Promélhée, v. 796-797.
 
Annotationen