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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La légende de Persée par M. Burne-Jones
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0492

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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différentes, qui sont les sixième et septième de la série. Ce sont, avec
la dernière et avec le curieux tableau bas-relief des Graies, les seules
qui aient été exécutées et finies pour M. Balfour, à l’huile, et dans
des colorations infiniment plus brillantes et nourries que sur les
cartons à l'aquarelle. Le titre donné, lorsque les panneaux furent
exposés à la New Gallery en 1888, si je ne me trompe, est caractéris-
tique, car il dénote les préoccupations qui ont guidé vers Andromède
la pensée du peintre d’un bout à l’autre de l’histoire. Le premier
tableau s’appelle le Rocher cia Destin (The Dock of Room) et le second le
Destin accompli [The Doom fulfilled). Dans l’un, Persée arrive près du
rocher où Andromède est attachée, exposée au monstre, et. descen-
dant du ciel avec ses talonnières, d’un geste charmant de galanterie
naïve, en jeune chevalier qui connaît les usages, il la salue de son
casque. La scène est tout intime et tendre; c’est comme une étrange
entrevue d'amour, et la beauté d’un horizon de mer où volent les
mouettes, avec ville au fond sur la hauteur, en relève encore le
charme. On est loin des vers somptueux et splendidement décoratifs,
où M. José-Maria de Hérédia, en ses Trophées, imaginant comme un
rêve de plafond à la Tiepolo, voit, en présence d’Andromède ravie,

Se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase

Allonger sur la mer sa grande ombre d’azur,

ici, au contraire, la simplicité domine, profonde et pénétrante, douce-
ment recueillie.

Le second motif, celui du combat contre le monstre, n'est pas
traité avec moins de nouveauté et de grâce. Andromède, déjà déliée,
sans doute par celui qui dès l’abord a pris son cœur, regarde en se
tordant les mains la lutte dont elle doit être le prix. Au lieu du
monstre banal en forme de dauphin, qu’on trouve dans toutes les
représentations du sujet, c’est un gigantesque serpent dont les replis
tournent et s’enroulent autour du corps de Persée cuirassé et luttant,
près de triompher. Il est comme emprisonné dans un cercle d’anneaux
souples et mobiles. L’invention, si M. Burne-Jones n’en est pas rede-
vable jusqu'à un certain point à Rossetti dans son Saint Georges, est
aussi saisissante qu’ingénieuse et pittoresque.

Enfin la dernière et huitième scène, connue sous le titre qu’elle
porta, lorsqu’elle fut exposée en 1887 à Grosvenor Gallery, La Tête
sinistre (The baleful Head), couronne et termine de façon charmante
ce roman d’aventures et d’amour. M. Burne-Jones est trop bien
 
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