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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 1
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Tourneux, Maurice: La sculpture moderne: les arts à l'Exposition universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0048

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LA SCULPTURE MODERNE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE 41

d’ailleurs que des œuvres de sculpture laïque, si j’ose dire, et cette
particularité n’est pas superflue à noter, car notre statuaire moderne
dale du jour où, négligeant les sujets tirés de l’Ancien et du Nouveau
Testament, dont s’étaient alors presque exclusivement inspirés les
naïfs et exquis imagiers, leurs descendants regardèrent autour d’eux
et découvrirent dans la représentation de la vie quotidienne des
motifs auxquels nul n’avait encore songé. Sans doute, les images
pieuses continuèrent à tenir au foyer domestique et au chevet du lit
conjugal la place d’honneur, mais, sous les règnes de Henri IV et de
Louis XIII, on vit se répandre ces groupes ou ces statuettes de bronze,
aujourd’hui si rares, dont les auteurs sont demeurés inconnus, et
qui ont à nos yeux la double valeur d’un document et d’une œuvre
d’art : La Nourrice, longtemps attribuée à Bernard Palissy, pu is à Claude
Bcrthélemy, de Blénod (Lorraine) et dont, selon M. Émile Molinier,
le prototype serait dû à Guillaume Dupré, L’Arquebusier, La Vachère,
La Servante, etc. Combien de ces figurines ont dû disparaître, moins
par la négligence de leurs possesseurs que pai· les conséquences des
guerres désastreuses de Louis XIV et de Louis XV ! La pérennité du
bronze, comme celle du marbre, est un leurre: la friable terre cuite,
la légère faïence, la fragile porcelaine, vouées, semble-t-il, aux plus
promptes destructions, n’offrent pas les mêmes ressources à la cupi-
dité des vandales ou à l’impérieuse nécessité, et résistent davantage.
L’esquisse garde l’empreinte du pouce de l’artiste et demeure, alors
que la statue définitive s’est transformée jadis en canon ou en mor-
tier, dont les parcelles, brisées à leur tour, retournent à la fonte et
revêtent d’autres formes. On ne saura jamais ce qu’un mètre cube
d'alliage a eu de destinées diverses.

Aussi faut-il considérer comme de véritables raretés les exem-
plaires qui nous sont parvenus de la sculpture d’appartement. A
l’avènement de Louis XIV, et tant que son astre demeure au zénith,
celle-ci se ressent, elle aussi, de l’influence universelle qu’il exerce
sur tout son siècle. Les figurines qui amusèrent les grands et les
petits enfants des générations précédentes font place à de nobles
allégories en l’honneur du Boi-Soleil, ou à des épisodes bibliques et
mythologiques. Absorbés d’ailleurs par la décoration des parcs et
des châteaux royaux, les artistes n’ont que peu de loisirs à donner à
ces babioles et confient très probablement aux praticiens l’exécu-
tion des modèles qu’ils leur ont livrés : le catalogue du Petil Palais
se contente d’attribuer à Puget une figure de Marsyas appartenant
à M. Moïse de Camondo, et il n’inscrit aucun nom an pied des

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