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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 2
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Hovelaque, Émile: L' exposition rétrospective du Japon, 3: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0130

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

a été représentée par des spécimens de la première école japo-
naise, qui fut séculière; ils ont permis de voir que, bien avant
l’Ukiyo-yé, le Japon a su rendre tout le détail de sa vie et de ses
mœurs. La quatrième époque, où la Chine transforme encore une
fois la civilisation et l’art du Japon, nous a également donné des
œuvres caractéristiques. Reste l’époque que nous connaissons, dont
il était inutile de nous montrer des exemples, puisque les plus
beaux sont en Europe et que le Japon, seul juge, ne l’estime pas
à l’égal des autres. Pour chacune de ces époques, nous avons vu
qu’aux transformations intérieures de civilisation, de mœurs, de
vision et d’art correspond une transformation du bouddhisme. Par là
nous avons justifié l’importance que nous attribuons à cette religion
dans le développement de l’art japonais. Elle en a été à toute époque,
directement ou indirectement, l’inspiratrice : sans elle l’évolution,
la transformation de l’esthétique japonaise restent inexpliquées.

Si maintenant nous voulions entrer dans le détail de cette
histoire, un seul art nous renseignerait complètement et continû-
ment sur les caractères profonds de cette esthétique : la peinture.
C’est pourquoi nous avons donné à cet art, représenté cependant au
pavillon par des œuvres moins parfaites que la sculpture primitive,
une place prépondérante dans cette élude. Elle lui revient de droit.
Elle est l’art caractéristique et spontané du Japon : tous les autres
s’y rattachent, comme à leur racine commune. La décadence delà
sculpture a été rapide et définitive. Le Bouddha de Kamakoura
(xue siècle) en est la suprême manifestation géniale : à partir du
xivc siècle, elle ne produit plus une seule œuvre notable. L’art
monumental, fervent et visionnaire des grands siècles se rapetisse
peu à peu et tombe aux dimensions et aux gentillesses des nelzukés.
C’est que la sculpture est étrangère aux vrais instincts de la race,
moins plastiques que décoratifs. La peinture, plus souple, plus riche
en ressources variées, plus capable d’exprimer les idées moins hautes
et plus complexes de la foi expirante, en rend encore avec délica-
tesse les dernières nuances mourantes et prolonge jusqu’au xivc siècle
finissant l’art religieux du Japon.

Mais les renaissances successives de la peinture aux xvc, xvne et
xvme siècles démontrent que ce prolongement n’est pas dû au hasard
d’une'concordance heureuse entre des senliments et une technique,
mais à la vitalité plus profonde d’un art plus conforme au génie de
l’esthétique japonaise et qui, avec continuité et de tout temps, en a
mieux su exprimer les préférences secrètes. Quels sont les carac-
 
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