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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0189

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de sa palette, on a largement épilogué sur l'injuste méconnaissance de la valeur
du maître par ses contemporains.

Parmi les portraits exposés, il y en avait sûrement de fort remarquables,
notamment celui de Sclinetz, le grand ami de Navez ; le sien propre, celui de sa
sœur, d’autres encore. Ils datent de 1816 ou 1817, époque où le peintre ne faisait
que préluder à sa réputation.

De ce même temps date la Famille de Hemptinne,le chef-d’œuvre de son auteur,
au musée de Bruxelles. Fervent de la nature à ce moment, c’est à elle seule que
Navez demande ses inspirations, et il trouve, pour la traduire, une sincérité
d’accent qu’il n’a rencontrée que rarement dans la suite de sa longue carrière.

En sens inverse, Charles de Groux (1825-1870) acquit la maîtrise en mettant
sa technique au service des choses vues et des sentiments éprouvés, autant adver-
saire du pédantisme que de la banalité. S’il y parvint, ce fut de haute lutte, et
beaucoup de nous se souviennent de l’impression produite par les premières
scènes de ce transfuge du grand art, sorli à peine de la veille de l’école idéaliste
de Düsseldorf.

Comme son ami, quelque peu aussi son élève, Constantin Meunier, transfor-
mant les données les plus humbles, il sut les élever à une hauteur jusqu’alors
insoupçonnée. Dédaigneux des subtilités et des roueries où se complaisaient les
peintres de genre d’alors, il sut, de ses sujets inspirés de la vie populaire et
rustique, faire jaillir l’émotion vraie, et l’on a pu voir, par la centennale bruxel-
loise, que les trente années écoulées depuis sa mort n’ont en rien affaibli la péné-
trante expression de ses œuvres. A bien des peintres entrés plus récemment dans
la carrière et peu familiarisés avec cette conception élevée des scènes contempo-
raines, des pages comme l'Essai de réconciliation ont pu donner un salutaire
avertissement. La centennale française a trop prouvé le puissant intérêt qui
s’attache à cette évocation d’hommes disparus pour qu’à cette place il en faille
marquer l’importance. Il est bon, il est utile d’en pouvoir appeler de temps à
autre à ceux de la veille, en présence de la désinvolture que mettent à les
ignorer les triomphateurs du jour. Dans une page signée d’un nom à peine
retenu, Charles Goethals (1853-1885), La Procession qui passe, on a retrouvé en
germe des tendances actuellement admises à faire école.

L’exposition a aussi donné un renouveau aux portraits d'Alexandre Robert
(1827-1890), d’exécution tout ensemble facile et distinguée. Plusieurs années
durant, Robert fut le portraitiste en vogue et ses succès, à Paris même, lui
valurent un jour d’être appelé à retracer les traits du duc de Morny. Élève parti-
culier de Navez, Robert fut premier professeur sous Portaels. Les œuvres de ce
dernier étaient loin de donner une idée de son talent ; le portrait de M. Paul
Déroulède, représenté en uniforme d’officier de chasseurs, est une page surtout
intéressante. Elle est datée de 1877.

Camille van Camp (1834-1891) fut-il élève à l’Académie de Bruxelles? Je ne
me hasarderais pas à l’afOrmer. On le connut disciple d’Huart, peintre et dessi-
nateur élégant, mort à Londres où il travaillait pour les journaux illustrés.
Yan Camp eut sûrement de lui la finesse du goût et l’agrément de la mise en
scène, joints à une exécution pétillante qui range ses œuvres en quelque sorte à
part dans l’école belge. On a revu avec plaisir, à l’exposition, ses têtes de fan-
taisie, ses esquisses et ses portraits, de facture également distinguée.
 
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