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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 3
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Michel, Émile: En Provence, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0250

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232

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sont représentés par des œuvres de choix, de la plus merveilleuse
conservation. Mais déjà partout le printemps fait des siennes. On a
laissé à Paris des arbres dépouillés, encore inertes, et, à mesure qu’on
s’avance vers la Méditerranée, le renouveau vous sourit au passage.
Les colorations sont devenues à la fois plus tendres et plus vives :
les bourgeons blanchâtres des platanes se mêlent à la fraîche verdure
des mûriers, et dans les sillons abrités par d’épais rideaux de cyprès,
les amandiers marient leurs fleurs roses aux blanches épines des
haies. Dans les gares elles-mêmes, les rosiers de Banks qui tapissent
les bâtiments étalent leurs bouquets de mignonnes fleurettes blan-
ches ou jaune pâle. A Marseille, c’est bien le Midi qui vous accueille,
avec sa mer étincelante, ses montagnes noyées dans la lumière et
déjà même, dans le petit jardin de Longchamp, voisin du musée, les
bourgeons ont éclaté et les pâquerettes, les boulons d’or, les ané-
mones et les pervenches s’épanouissent parmi les gazons drus et
lustrés.

Mais, sans trop s’attarder au charme de ces rencontres, on a hâte
d’arriver, de s’installer dans quelque coin un peu à l’écart, pas trop
envahi par la mode, de voir ce que le pays environnant vous réserve
de déceptions ou d’agréables surprises. Aux abords de Toulon, la
nature apparaît plus imposante. Les montagnes assez élevées ont
une belle structure, le Coudon surtout, avec son profil monumental
si franchement accusé, sa tonalité délicate d’un gris tourterelle. Sur
ses pentes aux brusques escarpements, les nuages qui viennent du
large promènent leurs ombres d’un bleu savoureux et velouté. Tout
cela très doux, très clair, très finement nuancé, et changeant à
chaque heure du jour. De Tamaris, la baie gracieusement découpée
offre des aspects variés sur Toulon, sur les côtes fuyantes et leurs
rivages bordés çà et là de rochers rougeâtres ou d’un jaune éclatant.
George Sand a bien parlé de ce coin charmant, mais envahi depuis
lors par une foule de villas éparses, dont les constructions préten-
tieuses et multicolores, les clochetons, les minarets et les coupoles
rivalisent de mauvais goût, attirent indiscrètement les regards et
gâtent un peu l’aspect de cette admirable situation.

Dans le voisinage immédiat de Toulon, bien des excursions
peuvent tenter le paysagiste. Entre toutes, celle de la vallée de
Dardennes est particulièrement intéressante. La route, d’abord peu
agréable, serpente poudreuse entre des murs et des maisonnettes
accrochées au flanc du Faron. Peu à peu, à mesure qu’on s’élève, elle
devient plus pittoresque. A partir des Moulins, une riche végétation
 
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