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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Michel, André: La sculpture au Musée Jacquemart-André, 2, XVIIe et XVIIIe siècles
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0079

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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En même temps que le monument de l’empereur, il devait en
exécuter un à la gloire de Catherine, et il avait fait servir à l’un
des projets proposés à cet effet cette ligure de « la Gloire qui entoure
d’une guirlande un médaillon » où, écrivait Diderot, « l’image de
Catherine sera très bien placée ». Et voici, en effet, casque en
tète et lauré, le profil impérieux de l’impératrice; la Gloire, un
peu intimidée, semble-t-il, soutient le médaillon sur un socle de
marbre où l’on devine que, allégorie complaisante, elle eût aussi
bien posé une pendule, et, légèrement inclinée en avant, le sein nu,
la jambe droite émergeant de la draperie flottante, elle le présente,
enguirlandé de roses, à l’admiration des philosophes reconnaissants
et prompts à l’enthousiasme. C’est une jolie figurine, « pensée »
pour être réduite en biscuit de Sèvres plutôt que grandie aux pro-
portions d’un marbre héroïque, et qui est ici traité dans la mesure
convenable, avec tout l’esprit et la bonne grâce qui convenaient au
sujet. La fin de son séjour en Russie réservait à Falconet beaucoup
de déboires; le monument ne fut jamais exécuté.

Le nom de Rigalle est inscrit trois fois au catalogue du Musée
Jacquemart-André. Tout ce que Ton peut dire de la Petite fille aux
tourterelles, acquise en 1898 et sur laquelle je ne sais rien et n’ai
rien trouvé, c’est qu’elle est bien, par son réalisme et ses intentions,
dans le sentiment des œuvres de Pigalle, sans qu’on y sente pour-
tant la présence réelle du maître; elle prendrait place dans cette
série d’études d’enfants nus auxquelles il s’adonna avec une fer-
veur de Primitif et qu’il reprit dans sa vieillesse avec une tendresse
rajeunie.

L’autre morceau est d’importance plus grande, et c’est à bon
droit qu’on y a reconnu, retrouvé, cette Jeune Fille a l'épine que
Ton croyait perdue. M. de Mopinot, dans son Eloge historique de
Pigalle, célèbre sculpteur (1786), raconte qu’à la fin de sa vie il se
mit à sculpter une « statue représentant une jeune fille assise sur
un tronc d’arbre et regardant avec satisfaction une épine qu’elle
vient de retirer de son pied », et il ajoute que le maître avait
fait poser une jeune personne gracieuse et bien faite — et, pour
maintenir le corps de son modèle dans la même forme et le même
embonpoint, il procédait à des pesées minutieuses et rationnait
ou forçait la nourriture, à la demande... Quoi qu’il faille penser
de l’anecdote, cette grande sœur du petit Spinario antique ne s’en
est pas laissé imposer par la vénérable antiquité. Elle est bien de
son temps, et son réalisme garde un accent très libre et très
 
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