Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Michel, André: La sculpture au Musée Jacquemart-André, 2, XVIIe et XVIIIe siècles
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0083

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS

66"

figurait au même Salon de 1779 où fut exposé le buste de Caumartin.
La verve du maître des fringantes Bacchanales n’a jamais été plus
pétillante, sa main plus légère et plus spirituelle. Autour de la
déesse, couchée sur sa coquille flottante, les tritons soufflent dans
leur conque ou lutinent des nymphes, les néréides prennent leurs
ébats, et le clapotement des vagues soutient de son rythme les courbes
des jolies nudités tour à tour potelées, fondantes et musclées. Le
bas-relief est traité avec un esprit et un goût délicieux. Les figu-
rines des premiers plans se détachent en saillies délicatement adap-
tées à l’échelle de la composition, puis elles vont s’amincissant
graduellement jusqu’à n’être plus que de subtiles silhouettes, dessi-
nées, indiquées dans la terre humide, d’un trait rapide et charmant
d’ébauchoir. Encore quelques années et tous ces jolis petits Amours,
chevauchant des dauphins, voletant dans le ciel ou brandissant des
torches, seront impitoyablement proscrits au nom des éternels prin-
cipes, du beau absolu, et des docteurs assommants et sublimes leur
couperont le cou.

Une période d'austérité pédante et de sécheresse dogmatiquement
raisonnée s’ouvrira dès lors pour la sculpture française et ceux
mêmes qui avaient connu, aux belles années du xvmc siècle, la
douceur de vivre et d’être libres en subiront, par crainte plus que par
persuasion, l’influence. Qu’est-ce que l’art d’unChinard, d’un Marin,
d’un Vassé, dont nous trouvons ici des exemplesa sinon un dosage
inégal de l’ancien esprit du xvme siècle avec les formules nouvelles?
Selon que l’un ou l’autre élément domine, le charme opère encore
ou disparait. Pourtant, les bustes de Roland conservent encore leur
charme efficace, mais un peu mélancolique, comme s’ils étaient
conscients de tout ce qui va mourir, et des documents inattendus
viennent, dans la dernière salle du musée où sont réunis les témoins
de cette agonie de l’ancien régime, éveiller la curiosité et l’intérêt.
Voici un buste daté de 1794 et signé de François Martin de Grenoble,
élève de Pajou, qui s’était fait connaître, en 1785, au Salon de la
Correspondance, par un buste de Linné et exploitait une spécia-
lité des bustes de grands hommes. Il tenait cet « article »—et l’annon-
çait dans les journaux du temps — « en talc blanc, couleur de terre
cuite ou bronzée », au choix des clients. Il signait du titre d’« élève
de Pajou » les patriotiques réclames qu’il adressait aux ministres
de la Révolution et méritait que Rarère et Robespierre lui fissent
attribuer, — « attendu qu’il s’était honoré à ne travailler qu’à des
sujets civiques et n’avait recueilli de ses travaux qu’une indigence
 
Annotationen