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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 2
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Lafenestre, Georges: La peinture au Musée Jacquemart-André, 3, Les peintres français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0122

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

DU

perchée, battant de l’aile, caquetant, en l’air, au bout de son bras
droit, une perruche verte, tandis qu’elle retient de l’autre main,
sur ses genoux, un petit chien noir jappant vers l’oiseau. Le blanc
satin d’une robe décolletée, la diaprure d’une guirlande d’églantines
portée en sautoir, le tout chatoyant sous la vivacité des feuillages et
du ciel, font de cette exquise créature une véritable Flore juvénile,
vivante et printanière, bien préférable à toutes les fausses déesses,
chargées d’attributs olympiques.

Lorsqu’on arrive aux peintres de la Régence, une question s’im-
pose : est-ce que Watteau ne se trouve pas là pour nous rouvrir
les routes libres de la poésie féminine, et des rêveries festoyantes?
Il y brillait naguère, dans une charmante toile, LEscarpolette,
achetée en 1892 à la vente Hulot, mais qui, léguée à l’un de ses
exécuteurs testamentaires, par Mme Edouard André, a dù quitter la
place où nous l’admirions, pour être confiée à des mains amies. Par
bonheur, deux très belles sanguines nous attestent son génie. Elles
proviennent (comme presque tous les autres dessins) de la vente
posthume du marquis de Chennevières, en 1898. L’une, que ce pas-
sionné et sagace amateur considérait comme « une des feuilles les
plus importantes » de ses collections, est une étude de mains de
femmes, de pieds, et d’un torse d’homme vêtu d’un justaucorps.
« Dessin merveilleux », écrivait-il, « et résumant la trop courte
carrière de Watteau, qui .ne fut qu’une étude perpétuelle de la
nature et des maîtres. » En effet, au verso, la feuille porte une
étude d’après une œuvre 11 aman Ile, U Adoration des Mages, et
montre « qu’elle ne doit guère être postérieure à la sortie de l’atelier
de Gillot. » Gillot lui-même figure d’ailleurs ici, avec un dessin à la
plume, une Fête de Bacchus et une très curieuse feuille d’arabesques
mêlées de figurines.

En réalité, pour le xvme siècle, le goût personnel de MmeEdouard
André allait plus aux portraits sérieux et historiques, aux morceaux
décoratifs, qu’aux anecdotes galantes et familières, et, dans ce
dernier cas, elle ne prenait que des morceaux exquis. Telles sont,
par exemple, les deux aimables Pastorales de Lancret, formant pen-
dants décoratifs, dont la dernière ne fut acquise en 1898 que pour
rejoindre son pendant entré dans la collection en 1891. Ces deux
idylles (est-il besoin de le dire?) n’ont rien de rustique. On n’est pas
plus citadin, plus coquettement paré, d’allures plus aisées, et de
minois plus distingué que ces gens du beau monde déguisés
en campagnards. C’est avec une précaution maligne que, dans
 
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