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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 5
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Cook, Herbert Frederick: La "Madone Bénois" et les œuvres de jeunesse de Léonard de Vinci
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0417

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Russie, la Norvège et la Suède ne cessent d’ajouter à la collection des
volumes ou des séries d’articles, si bien que l’on ne peut deviner
jusqu’où s’élèvera dans l’avenir ce grand monument international.

Jadis le roman et la légende ont fait leur œuvre ; un charme a
été jeté sur la figure mythique de Léonard, dont le véritable visage
était difficile à distinguer à travers les brumes du temps. Puis, est
venu l’esprit d’enquête et d’investigation, l’esprit scientifique et
moderne, qui voulait des faits et non des rêves. Et quel a été le
résultat de son intervention? Les brumes ont été largement dissi-
pées, la légende purifiée, la vérité retrouvée peut-être. Personne ne
peut nier qu’un immense progrès n’ait été accompli. Pourtant n’y
a-t-il pas danger à raffiner par trop? Ne courons-nous pas le risque
de réduire Léonard à une ombre de lui-même, et de refaire de lui
un mythe? L’un après l’autre, peintures, dessins, sculptures lui sont
enlevés. Ce ne sont plus que des morceaux d’école, des copies ou
des faux, si bien qu’il ne nous restait plus guère queMonna Lisa...
Avant son enlèvement, il s’était déjà trouvé des personnes plus ou
moins averties pour déclarer que le Louvre ne possédait du tableau
fameux qu’une copie. Ainsi Léonard disparaît comme peintre et
survit à peine dans un petit nombre de dessins1. C’est pousser la
logique d’un raisonnement à l’absurde.

Voici comment raisonnent, en effet, certains critiques : « Léonard »,
disent-ils, « était un homme si merveilleux qu’il ne pouvait rien
produire qui n’eût le sceau de la perfection. Il a créé Monnci Lisa,
mais il n’a pu peindre la Belle Ferronnière ni le Saint Jean-Baptiste
(du Louvre) parce que ces œuvres (disent-ils) ne sont pas de la même
qualité que la Joconde.» Cette sorte d’argumentation ne s’accorde pas
avec l’idée du développement, qui est la loi de tout pouvoir humain,
loi à laquelle un Léonard même n’a pas dû échapper. Lui aussi, comme
les autres artistes, a eu sa période d’apprentissage et de dépendance,
avant d’atteindre à la puissance qu’il possédait lorsqu’il a peint
Monna Lisa : alors, — entre 1500 et 1504 -r- il avait cinquante ans.
Il faut placer avant cette apogée une trentaine d’années d’activité
laborieuse, dont la plus grande partie a été dépensée à Florence. Les
premières œuvres devaient nécessairement être moins accomplies que
celles de la pleine maturité. C’est donc une nécessité historique que
d’admettre l’existence de peintures primitives de Léonard. Bien des

1. Par exemple M. Thiis, le savant norvégien, accepte seulement comme des-
sins originaux de Léonard sept des quarante-deux qui portent le nom du maître
au Musée des Offices.
 
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