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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 6
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Schnerb, Jacques Félix: Les Salons de 1914, 3, La Société des Artistes français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0540

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LES SALONS DE 19 H

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mais il devenait de plus en plus contestable qu’elle eût conservé le
privilège du talent. Les déceptions chaque année renouvelées, que le
Salon procurait aux amateurs amis des recherches juvéniles, avides
d’ouvrages où la vraie tradition se rajeunit , finirent par détacher toute
une élite d’une société où les récompenses à recevoir donnaient aux
jeunes une sagesse prématurée. Les aînés commencent, parait-il, à
s’inquiéter de cette indifférence d’une partie notable du public, et cette
inquiétude se révéla voici deux ou trois ans, par la fondation d’un
nouveau Salon. Sous un titre humoristique, ce « Salon des Pompiers »
cachait les intentions les plus combatives, les plus défensives plutôt,
car il visait, en montrant l’excellence des principes conservateurs, à
l'amener le public et les amateurs aux traditions du goût. Mais, bien
différent de la politique, où les promesses et les discours peuvent
réussir, l’art ne veut que des actes. On juge les artistes sur leurs
œuvres et non sur leurs programmes. Est-ce pour cette raison que
le Salon des Pompiers ne connut pas même le succès de la curiosité,
ni ne suscita aucune polémique? L’expérience n’ayant pas réussi, les
promoteurs durent raccrocher les casques qui n’avaient attiré ni les
javelots, ni les lauriers.

L’Académie des Beaux-Arts s’apprête, dit-on, à faire revivre ce
Salon, sous forme d’exposition biennale. Projet dangereux. L’une
des critiques les plus justifiées qui se puissent adresser aux peintres
consacrés par l’Académie, n’est-elle pas qu’ils se répètent avec une
monotonie décevante? Ne serait-il pas prudent, alors, d’espacer les
occasions de manifester ce peu de goût du changement?

Et puis, ce Salon de l’Académie, il existe déjà depuis 1067 : le
voilà, c’est ce 132e Salon des Artistes français1, fondé par l’Académie,
toujours patronné par l’Académie et qu’abrite le Grand Palais. Voici
les maîtres et leurs élèves. Pourquoi éliminer ces derniers? Ils sont
dociles. Sont-ils gênants? Les maîtres commenceraient-ils à trouver
indiscrètes ces indications d’origine inscrites au livret? L’ensei-
gnement de l’Ecole n’a-t-il pas porté les fruits qu’on en attendait .'

A propos des Indépendants, j’ai essayé de montrer comment cet
enseignement provoqua une réaction, heureuse et féconde en somme,
mais qui, poussée à l’extrême, aboutit « au cubisme » qui est une
nouvelle forme d’académisme. Ici nous allons voir à quoi conduit
cet enseignement quand il est accepté.

1. C’est même, paraît-il, le 141e, la Société ne tenant pas compte des Salons
sans livrets entre 1667 et 1727 (Cf. O. Merson, La Peinture française au xvne et au
xvme siècle, Paris, « Bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts, p.258, note »).
 
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