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15 centimes.

LE GRELOT

15 centimes.

cEntre (Chansonniers

v-ej

On dit que la musique adoucit les mœurs.
C’est une affreuse contre-vérité. Lamu-
sique ne sert qu’à faire hurler les chiens
et agacer les pauvres diables de mélo-
phobes de mon espèce. Quant à ses adeptes,
ils deviennent d’insipides poseurs eomme
Capoul, de pauvres toqués comme Cœdès,
des grincheux comme Paulus ou des as-
sassins en chambre comme Jules Jouy.
Celui-ci, avec sa fameuse chanson boulan-
gicide a réussi tout simplement à donner
de l’espritau Petit Caporal. Comme lachose
pourrait paraître invTaisemblable, je me
hâte d’ajouter que la chanson ci-dessous
n’est pas l’œuvre d’un rédacteur ordinaire
du Petit Totoral. Mais c’est toutefois dans
ses colonnes que je la trouve pour lui of-
frir une hospitalité tout aussi écossaise et
plus digne d’elle dans les colonnes du Gre-
lot.

Chansonnier à l’âme farouche,

Rimeur convaincu, de tes vers
Pourquoi eontrefais-tu la touche,
Pourquoi vois-tu tout de travers ?

Ton langage sent le pétrole,

Tu revôts le crime d’attraits,

Et l’on dirait, sur ma parole,

Que t’émarges aux fonds secrets.

Au lieu d’agiter ta cocarde,

Au lieu d’épater le Beuglant,

Fourbis bien vite ta rouillarde,

« Et vas-y toi-même, hé feignant. »

Ton chant respire la névrose,

(Bidard à qui tout est permis I)

Mais l’on voit qu’ c’est toujours ta prose
Dans laquell’ des vers se sont mis.

Aux Fous tu présentes une arme,

Tu vou’ s Boulanger à Pluton,

Mais, hélas! ton Tocsin d’alarme
N’a que le son d’un vieux ehaudroD.

Le peuple que ta verve amuse
Aujourd’hui te dit, s’indignant:

« Au lieu d’ sonner d’ la cornemuse,

» Yas-y donc toi-mème, hé feignant. »

Si tu erois qu’au son d’ ta clochette
Le peuple français va s’ lever
Si t’as des poeh’s à ta jaquette,

Mon pauvre Jouy, tu peux t’ fouiller.
Cesse Ue crier : « Tue ! assommc ! »

Enftl’ t’on bonnei de coton,

Aux pisseDlits va faire un somme,

Le temps est beau pour la saison ;

Ou si, sur l’autel d’ Ja commune
Tu veux occire un Prétendant,

Au lieu d’ baver dans la tribune,

« Vas-y donc toi-mème, hé feignant. »

11 octobre 1888.

F. Axdrieux.

La parole est maintenant au plus Jouy
des Jules pour répondre. Ksss I kss 1 Ne le
ménage pas, mon vieux Jouy. Fascine-le
de ton œil italique et plonge-lui, dans le
cœur, quelques douzaines de rimes bien
acérées. Je marquerai les points.

Buridan.

GRELOTS

Saint-Quillois a reçu l’hospitalité dans un
château :

— Ah! mon cher, raconte-t-il, au retour,
quel luxe!... des aiguières d’or, de la vaisselle
plate !

— Et la baronne?

— Ah ! voilà !... comme sa vaisselle !

—«-»—

— Comment! tu frappes la femme?

— Que veux-tu, mon cher, ça la forme !

— Mais, labats-tu souvent?

— Oh! non... je ne suis pas là tous tes jours.

Je connais un moyen simple, mais sùr, de taire
Changer vite de culte un prètre très fervent :

— Mettons que je luif...ma botte enplein derrièro,
11 se retourne... en protestant.

— «-»—-

Souhaiter la fète à un oncle, disait un
neveu, ça n’a aucun sens. Fêter son anni-
versaire, à la bonne heurel... Ça prouve qu’il
a un an de pius 1

Certain curé de village, parlant en chaire de
l’épée que Denys le tyran avait fait suspendre
à un fil, ne se souvint plus de la suite et dit
hardiment :

— Le fil est bon; il durera bien jusqu’à
dimanche. Dimanclie, nous dirons le reste!

Triboulet

GUILLAUME II AU PAYS DES RUFFIANS

Bochiana

Les pérégrinations du manieroche Guillaume II,
commis-voyageur en alliances, ont engendré des
résultats de nature à démontrer, de péremptoire
façon,lasupériorité du systèmedel'immobilité si-
lencieuse sur celui du déplacement endémique à
grand fla-fla.

L’homme qui ne dit rien, qui sait observer de
Conrard le silence prudent, a de grandes chances
de réussir et de laisser dans l’histoîre un nom
comparable à celui de Guillaume le Taciturne, de
Talleyrand ou un pseudonyme pouvant marcher
de pair avec « lesolitaire de Varzin. »

Mais les vrais Conrard sont vraiment rares.
Pour un de ceux-ci, qui nécessite, en appliquant
les principes de laconisme qui constituaient, en
somme, le plus clair de l’originalité de la vie des
Lacédémoniens, combien trouve-t-on de faux
Conrard, comme Badinguet, comme Boulanger !...

Ah non !... ces soi-disant Conrard pourrirene
sont pas rares!... Ils abondent, et on les remue à
la pelle... avant de les jeter au fourgon !

Guillaume II rentre dans cette dernière caté-
gorie. II ne se contente pas de se remuer, ce jeune
empereur; il grouille. Et, dans sa précipitation,
il commet gaffe sur gaffe. II le prend de haut,
avec les gens qu’il va voir, considérant François-
Joseph et Humbert comme des vassaux, blessant
les Hongrois en ne décorant pas Taffe, et vexant
le Pape en écourtant une visite entreprise uni-
quement pour faire une niche au Quirinal. Bref,
Guillaume II aréussi àmécontenter tout le monde
et son père.

Cet auguste défunt ne dit rien, sans doute;
mais tout porte à croire que, du haut du ciel, sa
demeure dernière, comme disait Boireau, il doit
faire une gueule!...

*

# *

La conduite, si admirablement impolie d’Her-
bert de Bismarck, le mot duManieroche Pettseck II

après la revue de Centocelle : « J’aimerais mieux
avoir l’armée italienne pour ennemie que pour
alliée », sont peu de nature à fortifier l’allianqg^j
contre nature entre les baraquements poëlus du^
Nord et les tentes du Midi.

En revanche, ces congratulations, que Guillaume
porte en villeetque Milan vient offrir à domicile,
horripilent les puissances qui se sentent visées
par la triple-alliance et ne manqueront certaine-
ment pas la première occasion favorable qui se~
présentera, pour la détripler.

La Porte elle-même,dont l’impassibilité frisele
j’menfouttisme absolu, se met à grincer sur ses
gonds. On écrit, en effet, de Constantinople :

« Relativement aux démonstrations anti-alle-
mandes à Rome, on remarque que la censure
turque qui expurge soigneusement toutes les
nouvelles défavorables à l’Allemagne et qui avait
notamment supprimé le passage d'une dépêche
de Vienne relatant l’accueil froid du public vien-
nois envers l’empereur Guillaume, a autorisé au
contraire les dépèches de Rome relatant les manK
festations anti-ailemandes.

« Onenconclut quel’inimitié de la Porte contre
l’Italie est plu.s forte que son amitié pour l’Alle-
magne. »

En casde conflits, si la Turquie, — qui n’arien
àredouter des deux tètes de boches couronnées,
— se met à cogner sur l’Italie, celle-ci ne tar-
dera guère à devenir beaucoup moins qu’une
quantité négligeable.

*

* *

Les Russes continuent à nous rassurer par des
témoignages énergiques de sympathie. La presse
conservatrice elle-mème raille la profonde igno-
rance qui fait confondre au prince Meslchersky
la légitime protestation de 1789 contre les abus
féodaux avec les fureurs révolutionnaires de 1793.

La Gazette de Saint-Pétersbourg déclare que :

La Russie ne peut pas méconnaitre les cons-
tantes manifestations de sympalhie de la France
et la scrupuleuse abstention du gouvernement
français de propager au dehors les idées républi-
caines. Elle pense que les sentiments rnonar-
chiques et religieux des Russes ne seront point
blessés en venant à l’Exposition de 1889, et com-

prend l’impossibilité de dédaigner l’opportunité
d’une certaine union eDtre laRussie et la France,
dans les difficiles circonstances politiques ac-
tuelles.

Un peu plus loin, le mème journal ajoute :

« L’Allemagne est seule dangereuse pour la
Russie avec ses conspirations contre la paix et
ses appétits intermittents d’avaler ses voisins de
droite et de gauche. »

Rassurez-vous, chers amis du Nord. La France
est, sans doute, une carpe appétissante. Mais elle
est, maintenant, pourvue de 2 millions d’arêtes.
Ce serait d’une ingestion difficile, pour des gosiers
habitués à la savoureuse mollesse de la chou-
croùte.



* ♦

Haïs à l’intérieur, par les Guelfes du Hanovre,
les Danois du Schleswig, les Polonais de Posen et
les Français d’Alsace-Lorraine, peu aimés par la
plupart de leurs voisins et détestés par les autres,
les Allemands sont, au loin, franchement exêcrés.
L’information suivante en fait foi :

« On télégraphie de Zanzibar qu’il est inexact
que la révolte des tribus de la côte soit due au
fanatisme religieux; elle apourcause l’ignorance
du caractère aes naturels, montrée par les em-
ployés allemands de la Compagnie de l’Est-
Africain, aux mauvais traitements qu’ils leur
faisaient subir et au peu de respect qu’ils mon-
traient pour les fonctionnaires du Sultan et pour
son drapeau. »

Vous ne sauriez croire avec quelle âpre joie je
me prends parfois a espérer que la morgue de
tous ces gens-là les y conduira. Et je ne com-
prends vraiment pas comment je n’ai qu’au-
jourd’hui l’idée de parodier les imprécations de
Camille :

Boches, l’unique objet de mon ressentiment,
Boches, qui filoutez les peuples et l’argent...

Celacommencerait bien, comme vous voyez. Et
c«la finirait mieux eneore :

Voir le dernier Bochemann à son dernier soupir,

Moi seul en être cause et mourir de plaisir!

Henri Vaudémont.

Louis Gabillaud, le chansonnier populaire,
va faire parailre un recueil de poésies sé-
rieuses sous ce titre original : Papillons du
cerveau. Nousrendrons compte de ce volume,
impatiemment attendu par les nombreux amis
du spirituel chansonnier.

THÉATRES

Bouffes - Parisiens. — Fermé depuis le
l ,r juin dernier, le théâtre des Bouffes-Pari-
siens vient enfin d’ouvrir ses portes, sous la
direction de M. Chizzola auquel M ,n' Ugalde a
passé la main.

Celte solennité a eu lieu le 1S octobre, pour
bien indiquer sans doute que M. Chizzola a le
sac et paiera désormais régulièrement son
terme, ce qui lui sera du reste facile s’il sait
toujours trouver des pièces aussi bonnes que
celle qu’il vient de nous donner.

Oscarine, la nouvelle opérette en trois actes
de MM. Nuitter et Albert Guinon, musique de
M. Victor Roger, a obtenu un très joli et très
franc succès.

Si le livret est bien un tantinet médiocre et
ne sort pas de l’ordinaire, la partition est en
revanche un véritable petit bijou. L’orchestra-
tion en est tout à fait soignée et nombre de
morceaux ont eu les honneurs du « bis ». II
convient de citer tout particulièrement le dé-
licieux prélude du deuxième acte; le duetto
« Dis-moi : Tu »; la Chanson du battoir, les
meilleures des excellentes pages de la parti-
tion.

En prenant la direction des Bouffes, M. Chiz-
zola a su s’attacher les meilleurs artistes de
la troupe formée par M me Ugalde. C’est dire
que MM. Montrouge, Piccaluya, M me9 Macé-
Montrouge et Thuillier sont chargés des prin-
cipaux rôles d'Oscarine.

Ils ont été comme toujours très applaudis.

La nouvelle opérette est montée sans grand
luxe, mais avec beaucoup de soin.

Ce succès, auquel nous sommes heureux
d’applaudir, est de bon augure pour la nou-
velle direciion.

Théâtre lyrique national. — Un nouveau
mélomane vient d’entreprendre pour latt -f- l me
fois de ressusciter de ses cendres feu le Théâtre-
Lyrique.

II a choisi, pour cela, le scène ou s’illustra
jadis Ulysse Bessac, là-bas, tout là-bas, au
Château-d’Eau, et la salle de la rue de Malte
est devenue, de par la volontê de M. Capoul et
de ses commanditaires, le nouveau Théâtre-
Lyrique, décoré en outre, du titre pompeux de
National.

Donc, le nouveau Théâtre-Lyrique national
vient d’ètre inauguré, non par une pièce nou-
velle, mais par le Jocelyn de MM. Armand Syl-
vestre, Capoul et Benjamin Godard que 'les
bons Belges, qui en avaient eu la primeur, se
sont empressés de rendre à la France après
l’avoir entendu durant quelques soirées.

Malgré les applaudissements d’une salle
presque exclusivement composée d’amis des
auteurs et des interprètes, la pièce n’a obtenu
qu’un succès d’estime.

Elle n’aura guère servi qu’à mettre en relief
le talent d’une jeune cantatricv. M UeGr.y. dont
la place est tout indiquée à TOpéra-cdniique,
à faire constater que Jocelyn est aussi mono-
tone à la scène qu’à la lecture, et à faire dé-
clarer unanimement que M. Capoul n’a plus
de voix.

La tentative de M. Senterre, pour réussir,
aura besoin d’autres productions de meilleur
aloi.

Eden-Théâtre. — L’Eden-Théâtre vient do
remplacer sur l’affiche la Fille de M ma Angot
par le Pied de Mouton, la sempiternelle féerie
de MM. Cogniard et Hector Crémieux.

Montée avec le plus grand luxe et compor-
tant juste assez de dialogue pour donner le
temps aux machinistes ae faire les change-
ments, la féerie de l’Eden n’est qu’une suite
de ballets, pantomimes, clowneries, qui per-
mettent de se distraire, sans aucune tension
d’esprit. On dit merveille du ballet des Fleurs
et de celui de Neige, des excentricités des Re-
nads, du talent de M 11' Lirnedo, du galbe de
M Ue8 Jeanne Thibault et Gilberte.

Le Pied de mouton s’annonce en somme
comme un spectacle ravissant pour les yeux,
de nature à assurer lajoie des mioches, à cap-
tiver l’attention des mamans et à permettre,
par conséquent aux papas, de flirter à leur
aise dans les méandres du promenoir, et ce,
en toute tranquillité.

C’est donc un succès pour la direction.

Odéon. — L’Odéon donne en ce moment
une série de représentations du plus haut in-
térèt artistique avec Athalie, accompagnée des
chœurs et de la musique de Mendelsohn.

Le public se presse en foule à l’Odéon pour
applaudir ce superbe spectacle que nous ne
saurions trop engager nos lecteurs à aller ap-
plaudir.

Le nombre des représentations d'Athalie est
du reste très limité ; mais il y a lieu de croire
qu’en présence du succès de cette reprise,
M. Porel n’hésitera pas à donner satisfaction
aux légitimes désirs qui lui sont exprimés.

On annonce également à ce théâtre, pour
ces jours-ci, la reprise de la Marchande de sou-
rires, le grand succès de la saison dernière,
destiné à remplacer Crime et Châtiment sur
l’affiche.

Nouveau Cirque. — Le Cirque du Fau-
bourg Saint-Honoré vient de rouvrir ses portes
avec une direction nouvelle.

En dehors des exercices habituels, le pro-
gramme comporte deux nouveautés.

Une pantomime de M. Champsaur, Lulu,
aussi intéressante que le sont et peuvent l'ètre
les pantomimes, et un Combat naval sur la
piscine, dont les trucs sont ingénieux et amu-
sants.

Cocodès et horizontales, agenouillées et pe-
tits ratés assistaient en foule à la réouverture
et se proposent de faire cette année encore du
Nouveau Cirque leur lieu de rendez-vous de
prédileclion.

Allons! tant mieux.... pour la Direction.

JULES DE LA VERDRIE.
 
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