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https://doi.org/10.11588/diglit.5197#0124
116 EMBARQUEMENT ET DEPART.
suppliai f\e se retirer de cette position dangereuse ; enfin, au bout de
quelques minutes qui m'avaient paru plus longues que des heures, la
caisse, ayant dépassé le bastingage, redescendit doucement et se posa
sur le pont, mettant tin à mon supplice. Au même instant, un coup
de canon saluait l'heureuse arrivée à bord de cet objet précieux.
Dans l'après-midi, ce qui restait encore de caisses à terre rejoignit à
bord le grand sarcophage. Ainsi, en trois reprises successives, grâce à
l'intelligence de Hassan Bey, à la courageuse activité de ses matelots tant
à son bord que sur le radeau, ainsi qu'aux heureux efforts déployés à
terre par Bechara Effendi et ses ouvriers arabes ayant à leur tête
Mehemed Assi, cinquante-cinq caisses furent embarquées sans aucun
accident, et le mardi 21 juin nous quittâmes Saïda à bord de YAssir,
emportant avec nous tous ces trésors d'art et d'archéologie, en nous,
promettant de revenir au printemps suivant pour continuer nos fouilles
sur ce même terrain d'Ayaa, on nous avions l'espoir de faire encore
d'autres découvertes.
Vers le soir, en rentrant à Beyrouth, je reçus le télégramme
suivant que M. Renan me faisait l'honneur de nïadresser en date du
même jour :
« Merci et félicitations. Voici la traduction. Votre précieux envoi sera
communiqué vendredi à l'Académie.
« Moi Tabnït, prêtre d'Astarté et roi des Sidoniens, fils d'Echmounazar,
« prêtre d'Astarté et roi des Sidoniens, je suis couché dans cette arche; j'adjure
« tout homme qui découvrira cette arche : N'ouvre pas ma chambre sépulcrale
« et ne me trouble pas, car il n'y a pas d'argent, il n'y a pas d'or, il n'y
« a pas de trésors. Ici seul je suis couché dans cette arche. N'ouvre pas cette
« chambre sépulcrale, car cela est abominable devant Astartê. Si tu ouvres ma
« chambre sépulcrale, et si tu viens me troubler, puisses-tu n'avoir pas de pos-
« térité dans la vie sous le soleil ni de lit parmi les morts. »
« Ernest Renan. »
suppliai f\e se retirer de cette position dangereuse ; enfin, au bout de
quelques minutes qui m'avaient paru plus longues que des heures, la
caisse, ayant dépassé le bastingage, redescendit doucement et se posa
sur le pont, mettant tin à mon supplice. Au même instant, un coup
de canon saluait l'heureuse arrivée à bord de cet objet précieux.
Dans l'après-midi, ce qui restait encore de caisses à terre rejoignit à
bord le grand sarcophage. Ainsi, en trois reprises successives, grâce à
l'intelligence de Hassan Bey, à la courageuse activité de ses matelots tant
à son bord que sur le radeau, ainsi qu'aux heureux efforts déployés à
terre par Bechara Effendi et ses ouvriers arabes ayant à leur tête
Mehemed Assi, cinquante-cinq caisses furent embarquées sans aucun
accident, et le mardi 21 juin nous quittâmes Saïda à bord de YAssir,
emportant avec nous tous ces trésors d'art et d'archéologie, en nous,
promettant de revenir au printemps suivant pour continuer nos fouilles
sur ce même terrain d'Ayaa, on nous avions l'espoir de faire encore
d'autres découvertes.
Vers le soir, en rentrant à Beyrouth, je reçus le télégramme
suivant que M. Renan me faisait l'honneur de nïadresser en date du
même jour :
« Merci et félicitations. Voici la traduction. Votre précieux envoi sera
communiqué vendredi à l'Académie.
« Moi Tabnït, prêtre d'Astarté et roi des Sidoniens, fils d'Echmounazar,
« prêtre d'Astarté et roi des Sidoniens, je suis couché dans cette arche; j'adjure
« tout homme qui découvrira cette arche : N'ouvre pas ma chambre sépulcrale
« et ne me trouble pas, car il n'y a pas d'argent, il n'y a pas d'or, il n'y
« a pas de trésors. Ici seul je suis couché dans cette arche. N'ouvre pas cette
« chambre sépulcrale, car cela est abominable devant Astartê. Si tu ouvres ma
« chambre sépulcrale, et si tu viens me troubler, puisses-tu n'avoir pas de pos-
« térité dans la vie sous le soleil ni de lit parmi les morts. »
« Ernest Renan. »