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— 27 —

jouir quelque temps du calme de la mort; j
qu'on abandonne à la postérité impartiale le
soin de décerner l'immortalité aux grands
hommes.

M. H. Delaborde, l'éditeur de la corres-
pondance d'H. Flandiïn, a été chargé de
mettre en ordre et de publier les manuscrits
laissés par M. Ingres. Cet hommage rendu à
l'artiste aura du moins le mérite de nous le
Jaire apprécier sous un nouveau jour. On sait
quel intérêt ont présenté les publications ana-
logues faites après la mort d'H. Vernet et
après celle d'E. Delacroix. Le nouveau livre
ne peut manquer d'offrir, avec ceux-ci, une
comparaison curieuse.

Malgré l'invraisemblance de cette assertion,
l'exposition universelle ouvrira, dit-on, le
l' Avril, quoi qu'il advienne. Seulement les
premiers visiteurs sont exposés à trouver
les vitrines vides et les tableaux retournés
contre le mur. Il paraît que décidément le
grand bazar recevra un certain nombre de
tableaux non encore exposés. Néanmoins
l'exposition annuelle des Beaux-Arts s'ou-
vrira à l'époque et au lieu ordinaires. Parmi
les œuvres qui doivent y figurer, nous pou-
vons annoncer deux charmantes toiles d'un
jeune artiste déjà connu, M. H. Leroux : Une
sérénade à Pompeï et une autre scène de mœurs
empruntée également au monde romain. De
M. Lefebvre, pensionnaire de l'académie fran-
çaise, nous aurons une Vue intérieure d'une
partie de l'église Si. Pierre à Rome, et une
grande page de genre historique : La mère
des Gracques montrant ses enfants à la Ro-
maine qui faisait étalage de ses bijoux. Un
remarquable tableau de M. P. Colin, un Vau-
tour dévorant un canard sauvage, vient d'être
exposé huit jours chez M. Goupil avant de
partir pour le Palais dès Champs-Elysées.
Enfin M. L. Hochet, sculpteur, vient de termi-
ner le modèle « d'une statue équestre de Char-
lemagne, de proportions colossales et d'un
caractère de composition tout à fait excep-
tionnel dans la sculpture » , que les amateurs
ont été conviés à aller voir dans son atelier
avant son départ pour l'exposition univer-
selle.

Un amateur éclairé etenmême temps peintre
distingué, que le musée de Chartres a lebon-
lieurd'avoirpourconservateur,M.C. Marcille,
a eu la bonne fortune de rencontrer, dans une
vente de province, un portrait de Turenne
dans lequel il reconnut de suite le style de
Philippe de Champagne. Il s'empressa d'ac-
querir pour le musée qu'il dirige cette relique
si précieuse au double point de vue de l'his-
toire et de l'art.

La saison des ventes, à peu près sans inté-
rêt jusqu'ici, va voir enfin la dispersion de
deux cabinets importants. L'un, celui de M. le

comte B... de Vienne, présente des richesses
telles que peu de collections particulières d'es-
tampes doivent en compter de pareilles. Le
catalogue a 2851 nos. Rembrandt y figure avec
240 pièces; Martin Schongauer avec 59 ; Marc
Antoine Raimondi est représenté par 104 de
ses plus belles estampes; puis c'est Albert
Durer avec 85 gravures sur cuivre, et 85 gra-
vures sur bois; Van Dyck a là 16 eaux-fortes.
Toute l'école de gravure de Rubens, les Bols-
wert, Pontius, etc. viennent à sa suite. J'en
passe, et des meilleurs. Aucun des vieux
maîtres rarissimes de l'art allemand ne man-
que; voici venir tous les anonymes, connus
seulement par les initiales qui leur ont servi
de signature; j'en compte quarante ou cin-
quante. C'est là, ou jamais, qu'un riche
amateur va enfin trouver cette fameuse gra-
vure antérieure à Jésus-Christ qui manque à
sa collection de primitifs et qu'il cherche de-
puis si longtemps. Pendant la guerre d'Alle-
magne, un de nos grands marchands d'es-
tampes a acquis à Vienne cette merveilleuse
collection qui va, dans peu de temps, soulever
tant de convoitises et de regrets. La vente
commencée le lundi 25 Février, durera douze
jours.

Au commencement d'Avril, viendra le tour
d'une collection de dessins et de tableaux ap-
partenant à un amateur de Paris. Si M. La-
perlier avait une prédilection pour les maîtres
du XVIIIe siècle, s'il possédaitquelques Bou-
chers, il avait réuni vingt Chardins, et, entre
eux, deux de proportions énormes et beau-
coup d'autres de premier ordre. Les Frago-
nard et les Greuze abondent; cela ne nous
intéresse guère. Ce qui nous importe davan-
tage, c'est de trouver là plusieurs Prud'hon,
des portraits magnifiques : un Talleyrand en
pied, la princesse Bacciochi, l'impératrice
Joséphine et un chef-d'œuvre : le portrait de
jyjeiie Meyer. Nous aurons d'ailleurs le temps
de revenir sur cette collection avant la vente.

Le cercle de la rue de Choiseul a ouvert,
le 4 Février, l'exposition annuelle due à la
complaisance des amateurs qu'il compte par-
mi sesmembres. Nousavons eu déjà l'occasion
de louer le charme de cette galerie où ne sont
admises que des œuvres d'une valeur incontes-
table. Réunir une centaine de bonnes toiles,
parmi lesquelles il y a toujours quelques chefs-
d'œuvre, dans une salle élégante, confortable,
bien éclairée, convier quelques amis à venir
jouir de cette précieuse collection, donner
ainsi à un certain nombre de dilettante un
plaisir que bien peu de fortunes pourraient
se procurer, n'est-ce pas là une excellente
idée? cette année la galerie du Cercle restera
ouverte aux visiteurs jusqu'au 18 Mars. Il faut,
il est vrai, une carte pour pénétrer dans le
sanctuaire; mais n'est-il pas juste que les

amateurs désintéressés qui se donnent la pei-
ne de former cette exposition, se réservent le
droit d'y convier qui leur plaît? Les cartes,
d'ailleurs , se distribuent avec une très géné-
reuse libéralité, et si, de cette manière, on n'é-
chappe pas toujours aux importuns, on évite
au moins l'encombrement. Voici les œuvres
les plus saillantes que réunit cetteannéela ga-
lerie du Cercle. Parraines paysagistes, tons les
chefs de l'école sont représentés : M. Th. Rous-
seau par une vigoureuse peinture, énergique
et tourmentée, et par deux études d'arbres
seulement préparées, à peine couvertes de
couleur et déjà d'un effet très juste. Ces pré-
parations seront un jour du plus haut intérêt
pour ceux qui voudront étudier les procédés
du maître. Voici M. Corot avec une vue d'Ita-
lie pâle et douce, M. Cabat et M. Bellel re-
présentés par des paysages d'aspect très-dif-
férent, mais ayant beaucoup de style, chacun
dans son genre; M. Daubigny figure ici avec
une charmante pochade très-juste d'impres-
sion; les tableaux de M. Daubigny ressem-
blent trop à des esquisses inachevées et c'est
dommage. M. J. Dupré se livre maintenant à
une débauche de couleurs et d'empâtements
qui lui réussit parfois, mais qui gâte aussi
quelquefois ses brillantes qualités. Rien de
charmant comme ces mousses et ces rochers
grisâtres que M. Diaz illumine de coups de so-
leil.MM. Fromen tin et Boulangernous transpor-
tent en Orient et en Afrique ; ce sont de joyeux
guides dont la compagnie est précieuse. M.
Gerôme nous introduit en plein bazar d'es-
claves au Caire; un Turc impassible examine
une femme jaune de formes irréprochables,
qu'un affreux marchand lui vante. La victime
a la résignation navrante des êtres qui ne pen-
sent pas. Nous préférons de beaucoup la nou-
velle œuvre de M. Gerôme à sa Cléopàtre de
l'exposition dernière. Son petit Egyptien qui,
dans un désert de table, retient deux lévriers
de race, accouplés, ne mériterai t que des éloges
si M.Gerôme n'exagérait, plusquejamais,son
défaut ordinaire; les contours sont arrêtés
avec une netteté qui devient de la sécheresse
et le moindre détail est fini avec le même soin
que les chairs; la peinture à l'huile arrive ainsi
à ressembler à la peinture sur porcelaine. M.
Ph.Bousseau nous montre un superbe caniche
très bien frisé et un intérieur de cuisine appé-
tissant. Une jolie scène de genre de M. Ham-
man, une figure de M. Manet qui commence
à faire amende honorable, de bons portraits
de M. Henner, un grand tableau de M. Tissot
qui a groupé, dans différentes postures, une
douzaine de jeunes gens, avec un autre por-
trait du même artiste où le fini du détail est
poussé jusqu'à une recherche prétentieuse,
une charmante toile de M. Hébert, une tête
de M. Ricard, éblouissante d'un coloris véni-
 
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