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merciale. Grâce à ses efforts, il s'est formé au-
tour de luiuncourant artistique et sérieux qui
n'a pas laissé que d'avoir sa petite part d'in-
fluence sur l'école anversoise. Ce n'est pas ici
le lieu de faire remarquer ce que l'art doit à
l'objectif, mais tout se tient dans ce bas mon-
de, et je répète que les ateliers de M. Dupont
ont éclairé et dirigé bon nombre d'artistes
sur leurs qualités et sur leurs défauts. Il ne
faut pas que la modestie de M. Dupont m'em-
pêche de dire ce qui est.

Neyt. C'est avec un vif sentiment de recon-
naissance que j'écris ici le nom de ce photo-
graphe-amateur qui consacre une partie de
ses loisirs à rendre à la science et au public
de véritables services. Personne en Belgique
n'avait encore, que je sache, songé à appli-
quer la photographie à la micographie dans
un but d'enseignement; c'est cette lacune que
M. Neyt a comblée au plus grand profit de
tous. M. Neyt a mis à la portée de tout le
monde les splendides beautés que la nature a
déposées chez les infiniment petits, et l'on peut,
au moyen de ses épreuves, s'initier soi-même
à ces mystérieuses et étranges combinaisons
de la création animale et végétale. L'exposi-
tion de M. Neyt consiste eu une notable quan-
tiléd'épreuves agrandies directement au moyen
de la lumière naturelle ou au moyen des lu-
mières artificielles de sujets pris dans la zoo-
logie, les infusoires, l'analomie, la botani-
que et même dansl'astronomie. Lesgrossisse-
ments produits pour ces épreuves varient en-
tre 4o et 1250 diamètres, mesure généralement
adoptée en micographie pour éviter les nom-
bres trop fortsetpeu commodes que donne le
calcul de la surface. Ainsi, en réalité, nous
avons sous les yeux des animalcules et autres
objets grossis, pour la première mesure, 2025
fois et pour la seconde 1,562,500 fois. Cet
agrandissement énorme a pour résultat de
confondre l'esprit humain après l'avoir émer-
veillé. On aura une idée de l'intérêt que pré-
sente l'exposition de M. Neyt, quand on aura
parcouru la liste suivante de quelques-uns des
animaux et végétaux reproduits : Glandes des
cornes antérieures de la moelle épinière, fibres
musculaires, trompe de l'abeille, araignée à la
sortie de l'œuf, punaises, acarus, épiderme
d'une larve de colèoptère, trachées respiratoires
du ver à soie, écailles du Lœpisma saccharina,
écailles de sole, Ténia cucumarina, Ciron du
fromage, Diatomées diverses provenant de ter-
rains fossiles ainsi que des dépôts mûris et des
différents guanos du Pérou et d'Ichaboï et coupe
de bois de noisetier, coupe de l'anthère du po-
lygala, fécule de pomme de terre vue sous la
lumière polarisée, etc., etc.

Les épreuves de M. Neyt sont tirées avec
tout le soin que réclame le sujet, car on
comprend que c'est le tirage seul qui consti-

tue l'intérêt et la valeur de la reproduction.
Les parties diaphanes des corps soumis à l'ob-
jectif, sont d'une translucidité remarquable;
on voit les fibres et les muscles sous l'épider-
me, on compte les innombrables cellules des
matières organiques à peu près invisibles à
l'oeil nu; les poils, le duvet, les filaments,
les écailles, l'écorce, tous ces accessoires
multiples et curieux de la vie que donne seul
le microscope, sont fixés là dans leur prodi-
gieux agrandissement de façon à vous donner
les notions les plus claires et les plus admi-
rables de l'histoire naturelle.Encore une fois,
merci à l'amateur intelligent qui apporte à la
marche du progrès humain parmi le peuple
d'aussi précieux matériaux. Car c'est de cette
façon surtout, par le dessin des choses repro-
duitaveclaperfection des choseselles-mêmes,
que le peuple apprendra l'éblouissante et la
stupéfiante grandeur des œuvres de Dieu.

Maes. J'ai déjà eu occasion de parler de ce
photographe dans le n°7de ce journal, à pro-
pos des Pages de la vie de Jésus, d'après les
cartons des peintures murales de l'église St.
Georges par Guffens etSwerts. J'ai aujourd'hui
à examiner ses produits d'après des peintu-
res, ce qui est tout différent. Je parlerai peu
des portraits de ce praticien si ce n'est pour
faire remarquer qu'ils ont tous un aspect à la
Rembrandt, c'est à dire qu'ils sont éclairés
richement avec quelques duretés parfois, mais
toujours d'un grand effet, d'une tournure de
pose élégante et toujours plus ou moins rê-
veuse. Il y a véritablement une accentuation
dramatique modérée dans les portraits de
M. Maes et c'est là une des causes de leur
succès, comme c*est aussi la principale cause
des succès des admirables portraits que des
photographes polonais ont envoyé à l'exposi-
tion universelle. Ce n'est pas tout d'être pho-
tographe et l'est à peu près qui veut, mais
c'est le goût, la conviction, le sentiment qui
font l'artiste : c'est cet éloge que l'on peut
adresser à M. Maes.

Nous trouvons à l'exposition de Paris, dans
la vitrine de M. Maes, plusieurs reproductions
de tableaux des musées d'Anvers et de Bru-
xelles. La Descente de Croix, (du Musée) de Ru-
bens, y figure. C'est une planche très intéres-
sante à étudier; elle révèle, outre les splen-
deurs de la composition, les côtés techniques
de l'œuvre. Elle montre aussi, et c'est là son
côté désespérant, que, quoi qu'on fasse et
quelle que soit l'intelligence avec laquelle cette
Descente de Croix ait été conservée et est
protégée, les influences atmosphériques et au-
tres exercent sur elle une pernicieuse influence.
Celte photographie est d'un haut prix poul-
ies véritables amateurs; je doute qu'elle plaise
aux touristes et au public par son caractère
cruellement exact et aussi par le vague des

parties fortement ombrées, (i)

Le tableau du musée de Bruxelles, Y Assomp-
tion de la Vierge, attribué tour à tour à Van
der Goes, à Gérard Van der Meire, à Gosswyn
Van der Weyden, à Albert Bouts et qui au-
jourd'hui est sans paternité officielle, est une
bonne reproduction qui comblera d'aise les
amateurs et les curieux. Les têtes sont bien
venues, les fonds ont une lourdeur qu'il est
bien difficile sinon impossible d'éviter. Les
lignes droites, noires et blanches du cadre,
nuisent à l'effet. La même observation s'ap-
plique à la reproduction du tableau de Jean
Gossaert, du musée de Bruxelles, dont la par-
lie supérieure est réussie ainsi que le volet
de droite représentant Ste Marie Egyptienne
s'élevant vers le ciel.

Le Christ en croix de Van Dyck, du musée
d'Anvers, constitue un excellent cliché qui a
également reproduit avec une cruelle exac-
titude l'état fâcheux de ce panneau et son fond
où règne une atmosphère sourde et salie.
Quoi qu'il en soit, c'est une heureuse circon-
stance que de pouvoir aujourd'hui se procurer
une reproduction de cet admirable Christ
dont la gravure de Corr avait déjà popularisé
la beauté; mais cette dernière œuvre est elle-
même devenue Irès-rare. (?)

Pour achever notre rapide examen sur les
reproductions d'après des tableaux anciens,
je mentionnerai en passant la tête sanglante
et réaliste du Christ du museé d'Anvers, par
Quentin Metsys. C'est d'un tirage un peu flou
et qui manque de force dans le détail et dans
le fond.

Le triomphe de M. Maes est la reproduc-
tion des œuvres modernes. Nous voici en pré-
sence du portrait du Pape, de Gallait. C'est
merveilleux de finesse, de vie et d'harmonie.
Rien de plus coloré et. de mieux entendu que
le tirage de ce beau cliché; les demi-teintes
sont particulièrement soignées et rendent ceU
te manière à la fois large et serrée qui carac-
térise le faire du grand peintre.

La belle madone de Guffens est reproduite
dans un ton général plein de douceur, j'allais
dire et de grâce, tant le travail de l'opérateur
a bien saisi le sentiment qui domine l'œuvre
de l'artiste.

Deux tableaux bien connus et des meilleurs
de Koller, ont fourni à M. Maes l'occasion de
produire deux planches d'un charme indici-
ble. Ce sont : La première rencontre de Faust
et de Marguerite, puis la Promenade. La pre^
mièie, par son énergie, sa morbidesse, la
transparence de ses demi-tons, lepittoresque

(t) Je remarque que M. Fierlants qui a si brillamment
reproduit les principaux Uubens d'Anvers, ne s'est pas
occupé de la grande Descente de croix. Pourrait-on con-
naitre les motifs de celte abstention?
(s) Une épreuve ordinaire de cette gravure a été vendue
récemment trente neuf-francs, à Londres.
 
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