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JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

PEINTURE, SCULPTURE, GRAVURE, ARCHITECTURE, MUSIQUE, ARCHÉOLOGIE, BIBLIOGRAPHIE, BELLES-LETTRES, ETC

PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. AD. SIRET, MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.

Paraissant deux fois par mois.

N° 21. 14 Octobre 1868. Dixième Année.

On s'abonne : à Anvers, chez Tessaro , éditeur;
à Bruxelles, chez Decq et Muquardt; à Gand, chez
Hoste ; à Liège, chez De Soer et Decq ; dans les autres vil-
les, chez tous les libraires. Pour l'Allemagne, la Russie
et l'Amérique : G. Muquardt. La France : Ve Renouard,
Paris. Pour la Hollande : Martinus Nyhoff, à La Haye.
Pour l'Angleterre et l'Irlande : chez Barthès et Lowell ,

14 Great Marlhorough Street, à Londres. — Prix d'a-
bonwehent : pour toute la Belgique, (port compris). —
Par an, 8 fr. — Étranger (port compris). —Allemagne,
SthllOgr.— France, 11 f.—Hollande,» fl.—Angleterre
et Irlande, 8 s. 6 cl. — Prix par numéro 40 c. — Récla-
mes : 50 c. la ligne. Pour les grandes annonces on traite
à forfait. — Annonces 50 c. la ligne. — Pour tout ce qui

regarde l'administration ou les annonces, s'adresser à
J. Edom, imprimeur à St. Nicolas, rue Notre-Dame,
N°68, (Flandre-Orientale. Belgique) (affranchir). Les
lettres et paquets devront porter pour suscription, après
l'adresse principale : « Pour la direction du Journal des
Beaux-Arts. » — Il pourra être rendu compte des
ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

M. G. Muquardt est le seul éditeur et représentant du Journal des Beaux-Arts pour l'Allemagne, la Russie et l'Amérique.
Pour tout ce qui concerne la rédaction de la partie française, s'adresser à M. J. J. Guiffrey, rue d'Hauteville, N° I, à Paris.

SOMMAIRE : Relgiquf. Le Salon de Gand. — Biblio-
graphie : Histoire de la poésie en Espagne, par M. F.
Loise. — Entrefilet. — Etranger. (Corr. part.) —■ Expo-
sitions. — Chronique générale. — Annonces.

BELGIQUE.
LE SALON DE GAND.

(Dernier article.)

M. Brown a fait, sans le savoir, un superbe
tableau d'histoire et donné une profonde le-
çon de morale. Après la bataille, quelques
chevaux en désordre, sans cavalier, selles bri-
sées, mors défaits, effarés, transis, sanglants,
se sont groupés sur un tertre dont les envi-
rons sont semés de cadavres. Le ciel est som-
bre, la fumée de quelque incendie lointain
va se fondre dans les tons grisâtres d'un ciel
lourd et qui paraît lui-môme effrayé de l'hor-
reur de la scène. Voilà tout, mais cela est
beau, grand et terrible. Cela vous serre le
cœur et on oublie d'admirer les perfections
de l'artiste en présence de la soudaineté ma-
jestueuse et horrible de la leçon du philoso-
phe.

Les frères De Pratere ont au Salon de
Gand un succès brillant et mérité. Leur ma-
nière est grande, large, expéditive, prime-
sautiôre et pleine d'effet. Ils entendent le
soleil, ceux-là, et de la vraie façon. Quelle
vie ! quelle lumière ! comme ces chevaux mar-
chent, soufflent, renâclent et s'agitent; comme
ces chiens aux mâchoires humides sont tout
entiers à leur instinct et à leur besogne.
Comme ces arbres verdoient, comme la lu-
mière tombe et se divise, comme tout est à
sa place, à son heure, à son joint, à sa par-
faite concordance harmonique! Ces messieurs
ne s'effraient de rien ; plus l'espace est grand
meilleure est la chance; ils vous broient du
soleil avec une bonne grâce et une facilité
exaspérante pour certains paysagistes de notre
connaissance qui donneraient beaucoup pour
regarder par le trou de la serrure et voir com-
ment cela se fait, le soleil! — M. de Biseau

est un talent distingué que nous retrouverons j cautionneux. De plus, ces caniches sont

sans doute plus tard. MM. De Braekeleer, De
Bruycker et De Keyser, sont des artistes qui,
d'après ce qu'ils ont déjà tenu, promettent
encore davantage. — M. Xavier De Cock con-
tinue à se perdre dans la recherche et le culte
du système. Encore si ce dernier était bon!
Il est bien à craindre que cet artiste, comme
dans la légende, s'apercevra qu'il est tombé
quand il sera par terre. — M. De Haas main-
tient une position acquise. — M. De Meester
(R.) se fortifie. — M. De Schampheleer a en-
core élargi sa manière. Voyez fin Octobre; la
terrible échéance de l'Eté est admirablement
saisie dans ses nuances extérieures comme
dans le fond du caractère, si l'on veut bien
nous permettre cette expression hardie. Une
somnolence grave, une mélancolie calme, une
sérénité douce sont les aspects sous lesquels
M. De Schampheleer nous présente cette œu-
vre excellente qui a un succès sérieux auprès
de tout le monde. Dans cette fin d'Octobre
comme dans lesdeuxautrespaysagesdu même,
on constate de. plus en plus, ce que nous di-
sions plus haut, cette largeur de manière et
cette indépendance de pinceau qui est le si-
gne caractéristique auquel on reconnaît un
maître. Examinez les imitateurs, les exigen-
ces du modèle les écrasent, et, le plus souvent,
ils ne sont paysagistes que de nom. Il faut,
pour exceller dans ce genre, une nature indé-
pendante et réfléchie. Je ne connais guère,
dans l'histoire des arts, que le paysagiste Pa-
tenier qui fut un joyeux compère. La nature
frappe l'âme presqu'avant de frapper les
yeux, et de là vient que l'organisation de l'ar-
tiste en paysage est presque toujours entraîné
sur une pente de philosophie rêveuse. Deux de
nos paysagistes peuvent être particulièrement
cités comme preuves à l'appui de cette vérité
si c'était nécessaire, ce sont MM. De Scham-
pheleer et Roelofs. — M. De Vos a un pin-
ceau-quenouille étonnant et qni file la laine
de ses caniches avec une vérité effrayante, et
pourtant cela est enlevé tout de suite, sans

délicieusement crottés. Nous préférons M. De
Vos aux prises avec les chiens vulgaires qu'a-
vec ceux de la gent opulente. Il y a dans les
premiers une certaine gueuserie dont l'impor-
tance n'échappe point aux amateurs de pitto-
resque et que M. De Vos saisit mieux que
personne. — Citons les Canards vigoureuse-
ment dessinés de M. Février; les paysages un
peu bitumineux et connus de M. Fourmois;
ceux de M. Fuchs qui continue à promettre;
de printanières idylles d'un charme exquis
par Gabriel; des truits où l'on signale un
dessin d'un brio et d'une science d'autant plus
admirable que c'est une femme qui en est
l'auteur, Melle llaanen; les paysages très frais
et très ombreux de M. Georges llenrard; les
charmants motifs touchés avec le cœur et lu
main par Huberti; et la pittoresque Cuisine
de M. Victor Janssens, une spécialité qui
s'annonce bien.

M. Francia, un artiste qui se montre à nos
expositions avec une fidélité irréprochable et
qui a toujours contribué à leur éclat, a exposé
une vue d'Ecosse, d'une grandeur de poésie
bien faite pour inspirer un artiste commecelui
dont nous nous occupons. Nous avons de
plus une Vue de la plage de Blanckenberghe
animée par une scène pittoresque où figurent
des personnages du temps de Louis XV. Ce
motif, encadré d'air et d'eau, est rendu large-
ment, simplement et constitue une des bon-
nes choses d'un peintre à qui nous en devons
déjà tant.

M. Keelhoff est encore un de ceux qui con-
servent et perfectionnent, à chaque apparition
nouvelle, le cachet d'individualité qui les dis-
tingue. Amoureux de la nature douceet riante,
son choix s'arrête sur des sujets d'une simpli-
cité toujours grande mais qui tient plus de
l'églogue que de l'ode. Il a la note mélodieu-
se, veloutée et joyeuse de l'alouette. Les
sombres aspects d'une nature un peu Irémis-
sante ne lui conviennent pas. Son talent res-
semble au sourire frais et coquet de la nymphe

travail pénible, sans apprétage léché et pré- des bois. L'exposition de Gand nous offre une
 
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