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— 173 —

De son cerveau fécond suivant l'heureux caprice,
Il rit du ridicule ou démasque le vice.
Soit qu'il nous montre Akeste ou Scapin dans son sac,
Le ténébreux Tartufe, ou le gai Pourceaugnac,
Que son invention est adroite et fertile!
Quel esprit! Que de verve et de vertu virile!
Combien son style est net, coloré, preste et vif!
Et son vers vigoureux! Et son Irait incisif!
Si jamais revenaient les temps de décadence,

Molière, ton nom seul illustrerait la France.....

Dans ton brillant sillon, les liruys, les Palaprats,
Quinault, Scarron, Regnard, tous emboîtent le pas.
Le Sage en fait autant. La Chaussée et Destouches,
Du coche dramatique infatigables mouches,
Excitent à leur tour le Pégase français.
Puis parait Marivaux; Voltaire et Beaumarchais,
Implacables railleurs de ce monde en ruine;
Andrieux, Diderot et Fabrc d'Kglantine,
Et bien d'autres eneor apportent à l'oison
Leur pierre au monument, leur gerbe à la moisson;
Tout-à-coup dans les airs mugit un sourd orage;
L'éclair brille, allumant un immense naufrage;
El le peuple, oublieux de ses chers histrions,

Court aux drames sanglants des révolutions !.....

Qui peul penser à moi lorsque le bourreau frappe?

De ma vie abrégeons cette sinistre élape.

Comme, après la tourmente, on voit, dans les forêts,

Les phalènes dorés voltiger guillerets,

Les oiseaux, en chantant, réparer leur toilette

El les lièvres peureux sortir de leur retraite,

De même, quand le calme enfin se rétablit,

Quand le grand fleuve humain est rentré dans son lit,

De gailé, de plaisirs, la foule est altérée;

Des théâtres surtout, elle assiège l'entrée;

On veut rire, chanter, pour oublier les pleurs,

Et l'on cache le sang sous des monceaux de fleurs!

Pour moi, c'est tout profit. Pûisqu'aihsi va le monde,

Ce n'est pas pour cela, cerles, que je le fronde.

Donc, plus qu'en aucun temps, j'ai la vogue. Pour moi,

L'élite des auteurs travaille, et, sous ma loi.

D'artistes valeureux combat toute une armée,

Conquérant à la l'ois fortune et renommée.

Dans ce temple nouveau qu'on m'élève aujourd'hui,

J'arrive; et, tout d'abord, ù mon œil ébloui

Apparaît une foule élégante, parée,

Comme, en des jours fameux, à leur Joyeuse Entrée,

Les Rois en rencontraient au seuil de leur Palais.

Or, je suis Reine aussi; mais mon peuple jamais

IS'a gémi sous le poids d'un sceptre tyrannique,

Amuser et charmer, telle est ma politique,

Et plaire à mes sujets est mon premier devoir.

Ici, je veux, Messieurs, le prouver chaque soir.

Notre nouveau gymnase qui appartient à
une société de capitalistes liégeois, est con-
struit à l'angle de la place St. Lambert et de
la rue Notger, près du palais provincial.
Jusqu'ici il n'a pas de façade monumentale,
niais l'architecte Cottclet en prépare une; cet
artiste a parfaitement réussi dans la construc-
tion du théâtre. Le plafond, qui est un des
plus beaux spécimens du genre, est de M.
Carpey. Les sculptures sveltes et gracieuses
sont de MM. Noppius et Halkin. Le mobilier
et les tentures de M. Méan; tous ces messieurs
sont liégeois. Les décorations de la scène et
tout ce qui s'y rattache, sont de M. Warnout
de Bruxelles.

Ajoutons que la salle du Gymnase est très
coquette, qu'elle peut contenir 1200 person-
nes et qu'elle est louée au directeur du grand
théâtre pour 12,000 fr. J. F.

■----^B-.<fr—S^--—

BIBLIOGRAPHIE.

96. — Les arls au Moyen-âge et à l'époque de la Re-
naissance. 1 splendidc vol. gr. in-S" avec 17 chromolitho-
graphies de Kellerhoven el 400 gravures sur bois. Paris.
Firmin Didot. 1869.

97. — Congrès archéologique de France. XXXIV session.
— Séances générales tenues à Paris en 1867 par la Société
française d'archéologie. Tome XXXI, m-8", avec gravu-
res. Pains 1868.

96.—Voici le livre du jour, un des plus beaux,
un des plus instructifs qui aient été publiés

depuis longtemps. Les arts au moyen-âge !
non pas dans leur existence ou dans leurs
causes ou dans leur technique, mais dans
leur éclat, leurs effets, leur spontanéité. Non
pas dans leurs détails fatigants pour ceux qui
n'en font pas une étude spéciale, mais dans
leurs types, dans le summum possible de leur
expression. Laissons de côté un enthou-
siasme bien naturel et expliquons comment
ce livre est fait, afin d'inspirer au plus grand
nombre de lecteurs possible le désir de se
le procurer.

On se rappelle cette monumentale publica-
tion de Paul Lacroix et Ferd. Seré, éditée
il y a vingt ans : Le moyen-âge et la Renais-
sance. C'était quelque chose de prodigieux
qui eut et a encore le succès qui lui est dû.
Cinq énormes volumes in 4°, traitant dans le
détail le plus minutieux tout ce que le titre
réclamait, voilà ce que la France produisit et
ce qui fut admiré par l'Europe savante. Mal-
heureusement (car il y a un malheur à presque
toute bonne chose) ce paradis de l'archéolo-
gie n'était guères ouvert qu'aux riches et une
porte d'airain arrêtait brusquement la foule
au seuil de tant de convoitises. Aujourd'hui
le paradis est ouvert à tous et la porte est
tombée. Cette grande maison Didot qui a tant
mérité de la France et de la civilisation, vient
de faire ce nouveau miracle en publiant le
livre que nous annonçons.

C'est un in-8° monstre, imprimé avec une
élégance, une netteté, une égalité et un œii
irréprochables. Le papier est comme du par-
chemin pour la solidité et de la neige pour
la blancheur. Les clichés sur bois, au nombre
de 400, sont d'une beauté de tirage exception-
nelle. Les chromolithographies.... nous en
parlerons plus loin. Quant à la division des
matières, voici les grands titres : Ameuble-
ment civil et religieux. Tapisseries. Cérami-
que. Armurerie. Sellerie. Carosserie. Orfè-
vrerie. Horlogerie. Instruments de musique.
Cartes à jouer. Peinture sur verre. Peinture
à fresque. Peinture sur bois, sur toile, etc.
Gravure. Sculpture. Architecture religieuse et
civile. Parchemin. Papier. Manuscrits. Minia-
ture des manuscrits. Reliure. Imprimerie.

Tout cela est la synthèse admirablement
comprise et conduite du grand ouvrage dont
nous parlions plus haut. Tout cela est fait
de façon à plaire à l'homme sérieux comme
à l'homme futile, à la femme, à l'enfant, à
tous, même aux esprits peu développés,
car une seule des gravures de ce livre peut
attirer le regard, troubler utilement l'intelli-
gence et ouvrir à cette dernière des horizons
qu'elle ne supposait point. Oui, nous som-
mes fermement convaincu que le livre de
Didot peut être vu avec des résultats non
moins grands que s'il était lu. Il y a dans la

reproduction bien faite des objets d'art, quel-
que chose qui entraîne tout autant que le son
de la voix ou la lecture; une gravure est un
poème et la physiologie d'une estampe a des
beautés qu'on soupçonne rarement mais qui
exercent sur nos sens une mystérieuse et in-
contestable domination.

Ceci nous amène à parler des 17 chromo-
lithographies de Kellerhoven, le maître du
genre.

La première, celle qui sert de frontispice
et qui est la reproduction d'une miniature des
petites Heures d'Anne de Bretagne, offre un
grand intérêt de détail. La seconde figure
une quenouille en bois tourné. La troisième
représente une tapisserie de Berne du travail
le plus curieux et où se fait remarquer une
recherche d'ornements et de détails d'un ca-
ractère très artistique. Les costumes ont sur-
tout, sous ce rapport, une réelle importance.
La troisième ligure Paris au XVmo siècle et
est la reproduction de la célèbre tapisserie de
Beauvais. Cette planche est une des plus im-
portantes, soit qu'on la considère comme in-
indication topographique,soitqu'on l'apprécie
dans les quatre personnages, d'une grande
vivacité d'expression, placés à gauche. Des
carrelages-types forment le sujet de la cinquiè-
me reproduction; des casques celui de la sixiè-
me. La septième planche a pour sujet une mi-
niature des chroniques de Froissart : Entrée
de la Reine Isabeau de Bavière à Paris, char-
mante et burlesque composition qui fait sou-
rire et où l'on rencontre des intentions naïve-
ment exprimées. La huitième est l'admirable
reproduction de fais d'une couverture de li-
vre du neuvième siècle , bas-relief repoussé
en or. Le n° 9, nous offre un chef-d'œuvre
de cuivrerie émaillée : c'est un surtout de
table servant de drageoir; le n° 10 une hor-
loge damasquinée du XVe siècle et des mon-
tres du XVIn,e ; le n° 11, est la reproduction
du vitrail de Sle Gudule, la collégiale de Brux-
elles, représentant François Ier et sa femme
en prières. Le n° 12 a pour sujet la curieuse
fresque d'Orcagna, Le songe de la vie, peinte
au XIVe siècle dans le Campo Santo de Pise;
le n° 13 un tableau (très contestable selon
nous) de Marguerite Van Eyck; le n° 14, Clo-
vis 1er et sa femme Clotilde; le n° lo, une
travée de la Sainte Chapelle de Paris au XIIIe
siècle; le n° 16, le couronnement de Charles
V, (miniature des chroniques de Froissart),
enfin le n° 17 est la reproduction d'un dypti-
que en ivoire du Bas-Empire.

Les travaux de M. Kellerhoven ont une va-
leur réelle, surtout là où il a pour mission de
reproduire des sujets relevés par une colora-
ration multiple et vigoureuse. Il a presque
toujours l'exactitude des tons, et, quand elle
paraît lui échapper, ce n'est pas à l'artiste qu'il
 
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