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rent sur cette polémique; nous n'avons affaire qu'aux raisons qui,
de part et d'autre, furent invoquées à l'appui des thèses respectives.
On reprochait au plan Marcellis l'emploi du fer de fonte pour la
couverture ainsi que le manque d'espace pour la circulation dans les
locaux des étages, on avait raison.

On reprochait d'autre part au plan Schadde l'un des vices signalés
chez son compétiteur : le difficile accès aux étages, et on ajoutait
à ce reproche celui de la largeur excessive des doubles galeries, en-
traînant un trop grand rétrécissement de la cour dont la couverture,
empruntée à celle deGuilhall de Londres , devait empêcher le jour de
pénétrer sous les galeries inférieures. On disait ensuite que, dans le
projet Schadde, l'aspect de la Bourse de commerce aurait beaucoup
d'analogie avec celui d'une triste et sépulcrale chapelle protestante.

Ces remarques troublaient les mandataires de la Commune et
provoquaient le doute. Des débals, parfois irritants, se produi-
sirent dans le conseil où l'éloquence ne remplaçait que trop fré-
quemment les connaissances spéciales sur la matière, et deux camps
parfaitement distincts, se formèrent au sein de la régence ; les parti-
sans du plan Marcellis et les partisansdu plan Schadde. Enfin, l'on
prit une décision, et, par treize voix contre onze, c'est-à-dire à une
simple voix de majorité, les partisans de M. Schadde emportèrent
la victoire.

Voici comment la Revue d'Anvers, organe officieux du conseil
communal, appréciait celle décision.

« 13 voix sur 51 conseillers, ont décidé l'exécution du projet
» Schadde, résultat d'une coalition qui s'était formée contre le pro-
» jet Marcellis, auquel la commission d'ingénieurs et d'architectes
» avait accordé la prime à l'unanimité, moins une voix.

» Dans ce vote il y avait 7 absents, parmi lesquels cinq seulement
» se sont prononcés résolument contre.

» On peut donc dire que c'est la minorité du conseil qui par
» hasard s'est trouvée majorité, qui a décidé de l'exécution du plan.

« Celte décision du reste est subordonnée au chiffre définitif du
» devis, car plusieurs de ceux qui ont voté en faveur du projet y ont
» formellement mis pour condition que la dépense ne pourrait point
» dépasser le chiffre du devis présenté par l'architecte.

» 11 est vraiment fâcheux qu'une question de cette importance
» doive se décider pour ainsi dire de guerre lasse et de parti pris
» d'en finir.

» Parmi les arguments produits, il y en a eu un nouveau, c'est
» qu'en vérité il n'y a plus de cour mais un bâtiment composé de
» galeries et d'une nef principale, une espèce de cloître enfin. Est-ce
» là le caractère d'une Bourse qui doit présenter essentiellement un
)> grand centre de réunion de commerçants. Est-ce là surtout con-
» server le programme, le style, le cachet du monument détruit? »

Depuis cette époque, la composition du conseil communal a été
modifiée, et, avec elle, la situation de la question de la Bourse.

Les hommes nouveaux de la Régence ont cru rationnel de charger
l'architecte de la ville d'élaborer un dernier et nouveau projet de
reconstruction du monument.

On voulait ainsi se débarrasser une bonne fois des importuns
faiseurs de plans, étouffer la cabale et sortir enfin du labyrinthe
dans lequel cette malheureuse question semblait tourner sans trou-
ver d'issue. Après un an d'étude, l'architecte de la ville, M. Dens,
communiqua au collège le fruit de son travail.

Cependant le Conseil Communal, n'osant se fier à lui-même pour la
décision si importante qu'il avait à prendre, et en présence du peu
de sympathie que rencontraient les plans présentés par l'architecte de
la ville, résolut, par un vote de 15 voix contre 9, de soumettre les
études de M. Dens au jugement du public et autorisa tons les autres
architectes qui avaient des projets à présenter, à les faire parvenir au

conseil. C'est à la suite de cette décision que M- Schadde et MM.
Moreàu et Vereecken ont envoyé à l'administration de la ville les
études qu'ils avaient élaboré pour cet objet.

II.

Plans Dens de 1868.

Les différents projets de M. Dens, car il n'en a pas produit moins
de quatre, sont tous les enfants d'une même conception et se res-
semblent comme des jumeaux. Toutes ces études ont entre elles une
telle analogie de style qu'on a de la peine à les différencier, les seules
variantes étant celles de la toiture; ces variantes elles mêmes, démon-
trent où gisait pour l'auteur l'obstacle à vaincre; car l'architecte a
épuisé devant ce seul objectif toutes les ressources de son imagina-
lion.

Cet obstacle résidait dans la difficulté de couvrir une cour aussi
spacieuse que celle de la bourse par un toit vitré. M. Dens, pour y
parvenir, a épuisé toutes les combinaisons. Ce sont tantôt des fermes
en bois, tantôt des fermes en fer, toujours du modèle des pignons,
des toitures d'églises et des granges de campagne. Cette forme an-
tique, on en conviendra, n'est rien moins qu'agréable pour un mo-
nument public.

Les anciens d'ailleurs ne connaissaient pas comme nous l'emploi
du fer comme élément de construction monumentale. Nous ne vou-
drions nu ire en rien à la réputation de l'architecte delà ville d'Anvers ni
contester son talent, mais il doit nous être permis de dire que Mr Dens
n'est pas spécialiste en matière de métallurgie. Il appartient à une
école qui ne possédait pas cette spécialité et les éléments d'étude
dans cette voie lui ont fait défaut.

Voici, en deux mots, les conséquences fâcheuses auxquelles l'ab-
sence de la science spéciale dont nous parlons, a conduit M. Dens.
Dans ses premiers projets, pour vaincre la difficulté que présentait
l'application d'une couverture trop vaste, il a cherché à rétrécir le plus
possible la cour en élargissant outre mesure les galeries inférieures.
Il a versé alors dans l'immense travers d'une double colonnade qui,
en archéologie, constitue un anachronisme et présente, en pratique,
le grand défaut d'obscurcir considérablement les galeries postérieu-
res. Dans son dernier projet, obéissant, nous dit-on, aux suggestions
de la commission des travaux, il a introduit dans la cour une dizaine
de colonnes destinées à étayer sa couverture en maintenant les gale-
ries inférieures à leur largeur primitive. Il remédiait ainsi aux défauts
de la toiture conique et obtenait plus de lumière sous les galeries;
mais pour avoir évité Charybde il est tombé en Scylla, car, dans celle
disposition nouvelle, les galeries, devenues trop étroites, empêchaient
l'accès facile aux locaux de l'étage.

M. Dens l'a compris et corrigeant ses corrections, il s'est décidé à
construire un énorme balcon formant galerie de circulation à l'étage
supérieur.

Malheureusement ce balcon n'est pas plus diaphane que ne l'était
précédemment la voûte de la double galerie; il intercepte le jour et
plonge le rez-de-chaussée dans tous les inconvénients d'un demi
jour sombre complètement insuffisant aux usages auxquels les ga-
leries sont destinées. Les baignoires de noire Théâtre royal d'Anvers
eussent dû servir, sous ce rapport, d'enseignement à M. Dens. Le
balcon d'avant-scène surplombe ces baignoires el projette sur elles
des ombres impénétrables à la lumière du lustre.

Si nous joignons au balcon dont il s'agit les dis colonnes grêles
 
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