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Jéquier, Gustave; Ägypten / Maṣlaḥat al-Āṯār [Editor]
Le monument funéraire de Pepi II (Band 3): Les approches du temple — Le Caire, 1940

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https://doi.org/10.11588/diglit.36874#0040
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LE MONUMENT FUNÉRAIRE DE PEPI IL

faire ressortir les caractères ethniques particuliers; H est possiMe que certaines têtes soient des
portraits exécutés d'après nature (voir tes ptanches 4 y et 48).
Tous ces captifs sans noms sont évidemment tes mêmes que ceux des bas-reliefs contempo-
rains du triomphe royat, tes représentants des trois races qui, aux yeux des Égyptiens de l'Ancien
Empire, symbolisaient tout ce qu'on connaissait du monde extérieur, Anou, Mentiou, Tahennou.
Ces dénominations sont de ce fait même un peu vagues, voire même extensibles, et it serait vain
de chercher dans tes figurations qui nous en sont données des caractères ethnographiques très
précis.
Les Libyens (Tahennou) sont cependant reconnaissables à teur face attongée, leur barbe
pointue et leur épaisse chevelure ondulée. Presque toutes les autres faces sont rondes, avec des
yeux légèrement bridés, des pommettes saillantes, des lèvres fortes et un peu de progna-
thisme, ce qui, avec la coiffure à étages, c'est-à-dire à boucles, fait penser à des individus
d'origine soudanaise. H semble cependant que la petite barbe carrée de la plupart de ces figures
doive les faire reconnaître pour des Mentiou; ceux qui n'ont pas de barbe seraient alors des
Anou? La série complète devait contenir aussi quelques types spéciaux, ainsi cette longue figure
maigre, aux traits si accusés, qui serait plutôt celle d'un homme du Nord, sémite ou aryen.
Hormis celles du temple de Pepi H, les statues de ce type sont rares; on en a signalé une
provenant du temple de Neouserra h), et un certain nombre de fragments ont été découverts
dans celui d'Ounas(-!. Leur parenté avec les têtes d'étrangers en granit datant des premières
dynasties est douteuse, ces dernières rappelant plutôt les têtes de prisonniers qui ornent les
socles des statues royales aux époques plus récentes, mais l'idée essentielle est toujours la même :
l'asservissement de tous les peuples du monde au pharaon, idée qui s'exprime encore plus nette-
ment dans les grands tableaux de triomphe.
La signification des statues de prisonniers n'est donc pas discutable, mais leur rôle dans le
temple est loin d'être clair. Elles peuvent n'avoir eu qu'une fonction ornementale et dans ce cas,
vu leur nombre considérable, avoir été dispersées dans tous les coins du temple ou bien rangées
dans une seule salle. Avec un certain nombre des fragments recueillis un peu partout dans le
périmètre de l'enceinte, j'ai reconstitué une trentaine de corps, chiffre qui ne représente pro-
bablement qu'une petite partie du nombre total de ces statues.
Toutes, sans exception, ont été brisées au cou et à la ceinture, après quoi les morceaux ont
été sectionnés de toutes les façons, l'action destructrice s'étant portée surtout sur les têtes et le
haut des corps.
Rien ne s'oppose cependant à ce que l'idée qui a donné naissance à ces images d'ennemis
vaincus, désarmés et enchaînés, n'ait également exigé leur destruction. Aucun document ne
prouve que, lors de fêtes comme celle K de frapper les Anoun, on ait opéré de véritables mas-
sacres sur de véritables prisonniers, surtout au cours des longues périodes où l'Egypte vivait en
paix avec tous ses voisins, comme cela semble avoir été le cas pendant la plus grande partie de
l'Ancien Empire, tandis que, opérer des mutilations de ce genre sur des simulacres d'ennemis
rentre bien dans les idées des Egyptiens qui étaient de nature pacifique et peu sanguinaire.
BoRCHARDT, de.s ÆûMiy.s Av-G.s'ct'-Gé, p. 4a.
Ces fragments, trop peu importants pour être publiés, sont restés dans les magasins de Saqqarah.
 
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