Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1885

Citation link: 
https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/journal_d_abou_naddara1885/0009
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
'Tfa 3 (PaJiU A 7 sJvoM 1SSST W V



Un départ fameux. — Hassan. Vite, vite, Fritz, dépêchons. Au train
dont vont les Anglais, ce sont eux qui me rejoindront en Egypte, au lieu
que j’aille les rejoindre au Soudan. — Fritz. Combien de flacons d’eau
de Lubin emportons-nous, monseigneur?—Hassan. Oht beaucoup l Ces
Soudaniens sentent si mauvais !


Un monologue prudent. — Hassan. On ne sait pas-.ce qui peut
arriver. J’ai écrit a papa: « Au cas où je tomberais prisonnier du
Madhi, ne lui envoies pas, pour ma rançon, de faux talaris, comme tu
le fis auNegus; autrement il serait homme à me crucifier de l’autre
main, et ce n’est pas amusant. »

TÉLÉGRAJMMES PRINCIERS
Hassan à Ismaïl. — Caire, 6 février 1885. —
Papa, on me demande d’aller au Soudan comme
haut commissaire khédivial. Dois-je accepter?
Ismaïl à Hassan. — Paris, 7 février. —Mon
fils, règle générale, il faut toujours accepter ce
qu’on nous offre, quitte à n’en avoir pas de re-
connaissance après. Entends-toi avec ton frère
Tewfick pour les conditions de Ion acceptation.
Hassan à Ismaïl. — Le Caire, 9 février. —
Papa, je n’ai pas grand goût à m’entendre avec
Tewfick qui ne m’a jamais porté sur son cœur.
Souvenez-vous du temps où vous laviez la tête à
Abou-Nadarrah, parce que ce chien traduisait
publiquement les moqueries que l’on faisait de
moi comme général en chef. Eh bien ! au sortir
de votre lessive, Tewfick le faisait venir chez lui
et Je félicitait, et, pour l’encourager à m'égratigner
il lui faisait cadeau d’une épingle de cravate.
Ismaïl à Hassan. — Paris, 10 février. — Mon
fils, ce qui est passé est passé, et si tu t’amuses à
compter les coups d’épingle, que feras-tù pour les
coups de lardoire? Vois Tewfick, cela ne te fera
pas mourir. D’ailleurs, c’est convenu entre lui et
mes amis de Londres, car tu penses bien que je
ne suis pas étranger à cette nouvelle scène de
la comédie égyptienne. J’y ai mis le doigt, et je
sais ce qu’il m’en coûte. A ce propos, sache que
je ne te laisserai pas dans l’embarras ; mais arra-
ches le plus d’argent possible au gouvernement
égyptien. Ce sera toujours cela de moins à sortir
de notre réserve.

Hassan à Ismaïl. —Caire, il février. — Très
bien, papa. Mais quelles sont les conditions que
je dois mettre à mon acceptation ?
Ismaïl à Hassan. — Mon fils, demande, un
corps de trois mille hommes Albanais, Circas-
siens et Anatoliens,qui serait placé sous tes ordres.
J’ai le recrutement de ces trois mille hommes tout
prêt.
Hassan à Ismaïl.—Papa, Tewfick ne veut pas
de Circassiens ; Nubar, pas d’Albanais ; Baring,
pas d’Anatoliens; et Gladstone ne veut rien du
tout.
Ismaïl à Hassan. — Paris, 14 février. — Et
avec quoi ces imbéciles-là veulent-ils que tu
fasses figure contre le Mudir de Dongola? Est-ce
qu’ils s’imaginent qu’il va quitter la place comme
un nigaud? Ils connaissent peu le pèlerin. Entre
nous, j’aurais désiré te voir jouer là-bas, mais
en grand, le rôle de ce Mudir. 11 y a une place
à prendre à Dongolah. Son mudir, homme sans
préjugés, mais non sans intelligence, l’avait de-
viné. Ce qui l’a perdu, c’est de n’avoir pas pu se
débarrasser des pressions de son entourage mu-
sulman, et peut-être d’être resté trop musulman
lui-même. Que son exemple te profite. Que la
croix et le croissant te soient également indiffé-
rents; et si, un jour, pour devenir vice-roi du
Soudan, sous la sauvegarde de l’Angleterre, il te
faut gagner les bonnes grâces de la puissante
association baptiste, ne recule pas devant le
baptême.
Nous n’en sommes pas là, et il nous faut lou-
voyer. Puisque l’on ne veut pas t’accorder les

trois mille soldats qui t’étaient nécessaires, de-
mande du moins une suite convenable. Je t’envoie
une liste de cent amis prêts à partir avec toi. Ces
cent hommes valent une armee.
Hassan à Ismaïl. — Le Caire, 15 février. —
Papa, sur tes cent amis Tewfick en a biffé vingt,
Nubar vingt, et Baring vingt. Ce qu’il y a de
triste, c’est qu’on a réduit le nombre de mes
chameaux.
Ismaïl à Hassan.—Paris, 16 février — Laisse
tes chameaux, et fais-moi connaître les noms des
quarante amis qu’on laisse à ta disposition.
Hassan à Ismaïl. — Le Caire, 17 février. —
Mais, papa, tu ne connais pas ces noms, en ne
me permettait d’emmener que quarante person-
nes, domestiques compris. Or, pour mes valets de
chambre, mes cochers, mes cuisiniers, mes eu-
nuques, mes boys, etc., etc., quarante est un
chiffre bien juste; mais j’ai obtenu quatre-vingt
chameaux. C’est maigre, n’est-ce pas? Mais
enfin cela va me permettre de partir pour Don-
golah, pas tout à fait dans l’attitude bourgeoise
de ce Don M. Grévy allant chasser le lapin à
Mont-sous-Vaudrey.
Ismaïl à Hassan. — Paris, 18 février. —
Qu’Allah le bénisse, mon fils, et t’accorde de
n’avoir, où tu vas, qu’à chasser le lapin, car tu
ne me parais pas être devenu un luron de taille
à chasseAla grosse bête.
Certifié conforme:
ABOU NADARRAH.
 
Annotationen