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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1885

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Album. — Mein Lieber Bismark, mio caro Mancini, agréez cette choucroûte et ce macaroni préparés de ma main. Que ces plats vous
disposent à écouter les supplications de mes ministres. Sauvez, bv God ! sauvez mes fils des griffes du Soudannm et du Russe Ces monstres
jouent avec les glorieux soldats britanniques comme avec des soldats de bois
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,E PRINCE HASSAN ET LE GENERAL WOLSELEY
A KOHTf
Hassan. — God save the Queen !
Wolseley. — God d< m lhe Madhi ! Qui êtes-
ous, vous qui pénétrez ainsi dans ma tente, au
milieu de ia nuit ? Votre voix ne m’est pas in-
onnue»
Hassan. — Je suis le fils d’Ismaïl, le petit-fils
i’Ibrahim, l’arrière-petit-fils du grand Méhémet
Ali.
Wolseley. — Ah, très bien ! vous êtes le petit,
le tout petit Hassan, qu’on m’a expédié comme
étant bon à tout faire : bon pour m’aider à me
débarrasser du mudir de Dongola, et bon, au
besoin, pour me donner un coup de main sur le
champ de bataille. Eh bien ! mon cher, j'ai le
regret de vous le dire, mais vous ne me serez
boa à rien. Je me suis débarrassé tout seul du
mudir de Dongola, et, quant à de nouveaux
comuats an Soudan, merci, je sors d’en prendre !
Comme vous le voyez, je ne combats pas, je bats,
mais en retraite, rien qu’en re raite.
Hassan. — Mais, général, moi aussi je sais
bat.re en retraite, je n’ai même jamais su que
cela dans ma vie, et pas toujours aussi vite que
je l’aurais voulu. Figurez-vous qu’une fois j’ai
été étrillé par les Aoyssins à peu près comme
vous venez de l’être par les Soudaniens. — Par
Allah ! il n’y a pas de honte à convenir de ça.—
Naturellement, je n’aurais pas demandé mieux
que de faire comme vous et de m’en aller sans
tambours ni trompettes. Pas de chance! Le
Négus.
Wolseley. — Le Négus ! ah, oui, je sais ! Un
mahdi chrétien qui ne vaut guère mieux que
l'autre...
Hassan. — Qui vaut cent fois pire, général,
vous allez voir ! Je n’avais pas, dans ma faite,
parcouru trois milles anglais, et en courant a
toutes jambes, je vous prie de le croire, que ce
damné Négus me rejoignait, me mettait la main
sur l'épaule êt me déclarait son prisonnier. .
Wolseley. — Aie !
Hassan — Prisonnier .• rançon. Jusqu» 1.1. il

n y avait pas grand mal, et la rançon ne m'in-
quiétait guère. Papa était riche— il l’est encore,
mais il l’était beaucoup plus à cette époque-là,
parce qu'au lieu de puiser dans sa poche, il pui-
sait dans celle de ses sujets. — Donc, la rançon
ne m’inquiétait pas. Malheureusement papa eut
une bien fâcheuse idée — il est très fin et très
roué, papa —■ celle de jouer au Négus un tour de
sa façon. Le Négus avait stipulé que ma rançon
lui serait payée intégralement en talaris de Marie-
Thérèse. C’est la seule monnaie d’argent euro-
péenne qui ait cours en Abyssinie. — « Ah ah !
tu veux des talaris, mon gaillard, pensa aussitôt
papa, eh bien ! tu en auras et de tout flambants
neufs, car je vais les faire frapper à Vienne, tout
exprès pour toi ! » — Et il les fit frapper, comme
il avait dit, mais a un titre si bas, si bas, que ce
n’était plus, à vrai dire, que de la fausse mon-
naie. Le tour était drôle, n’est-ce-pas ? Oui ! mais
le tort de papa — il a pourtant infiniment d’es-
prit, papa — a toujours été de considérer les
gens comme beaucoup plus bêtes et plus naïfs
qu’ils ne le sont. Or, le Négus n’est pas bête, et
encore moins naïf. Voyant les talaris de mau-
vais alois qu’on cherchait à lui passer, il en exi-
gea d’autres, puis me fit venir et me dit : « Je
ne te considère plus comme le fils d’un ennemi,
mais comme le fils et le complice d’un faussaire,
et je vais te traiter en conséquence. »
Wolseley. — By Jove ! Et comment donc le
roi Jean s’est-il permis de traiter Votre Altesse?
Hassan. — Le roi Jean a fait marquer au feu
une croix grecque sur la paume de la main gauche
de mon /vitesse.
Wolseley. — Quelle sauvagerie !
Hassan.— Ce n’est pas tout. Le jour où, après
avoir achevé de vérifier pièce par pièce l’argent
de ma rançon, il se décida à me rendre la. liberté,
il médit en me frappant amicalement sur l’épaule :
« Va-t’en, mon fils, mais n’y reviens a lus, autre-
ment il n’y aurait pas d'argent qui tienne, et je
t'émasculerais comme ton père émascule ceux de
mes jeunes sujet* que ses pachas volent sur mes.
frontière.» .-

Wolseley. — Hein !
Hassan. — Oh! il l'eût fait comme il l'avait
dit, si j'y étais retourné.
Wolseley. — Comme de juste, vous n'y êtes
pas retourné ?
Hassan. — Qu'auriez-vous fait à ma place?
Wolseley. — Oh! moi, ce n’est pas la même,
chose.
Hassan. — Qui peut savoir ? Savez-vous quel
avertissement m’a été signifié dès Assouan, avant
mou arrivée ici?
, Wolseley. — Non.
Hassan. — Le fameux Nadim, aujourd'hui
premier ministre du Mahdi, m’a fait dire en
termes fort clairs qu’au cas où je tomberais entre
les mains du faux prophète, ce dernier me réser-
vait le traitement final dont m’a menacé jadis le
Négus.
Wolseley. — Ces menaces sont monotones.
Hassan. — Et il a ajouté que vous auriez
même sort.
Wolseley. — Est-ce pour me raconter de pa-
reilles balivernes que vous m’avez réveillé, ton-
nerre de Porstmouth ?
Hassan. — Pour cela et pour autre chose. Je
sais que vous allez partir et je veux partir aussi ;
que vous ne vous arrêterez pas à Dongola, ni à
Assouan, et je ne veux m’arreter ni à Dongola
ni à Assouan ; que vous allez gagner le Caire et
de là l’Angleterre, et je veux g. gner le Caire et
de là l’Angleterre. Papa m'a oit de m’attacher à
vos pas, et je m’attache à vos pas.
Wolseley. — Cela vous mènera peut-être un
peu loin.
Hassan. -— Non, non ! Votre fuite est la
mienne, vos craintes les miennes, votre patrie la
mienne, et vos futurs combats seront les miens.
Wotseley. — Quoi ! vous voulez venir avec
moi jusqu’en Afghanistan pour combattre les
Russes ?
Hassan. — Pour combattre 'es Russes ! en
Afghanistan ? ah ! mais non, par exemple ' Papa
ne m'a jamais parlé de cela, il n'a pas prévu
cria, rt îé demande. a réfléchir.
 
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