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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Hrsg.]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Hrsg.]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0007
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2

INTRODUCTION.

France, on traverse l'Italie, la Grèce et l'Asie Mineure avant d'arriver en Syrie, mais l'ordre
logique, celui qui ferait marcher le voyageur dans le sens de la civilisation serait tout le
contraire; il le conduirait d'abord en Egypte, et, après l'avoir initié à ses merveilles, le ferait
passer par la Syrie, l'ancienne Phénicie, afin d'entrer par l'Asie dans les ports de la Grèce
et de l'Italie, qui en sont les enfants; dans l'Espagne et les anciennes colonies d'Afrique, ses
derniers rejetons.

Il faut cependant l'avouer, un itinéraire régulier est impraticable dans ces contrées traversées
en tous sens par les événements, et civilisées capricieusement tantôt par le Nord, tantôt par
le Midi; ici par la paix intérieure, là par les invasions étrangères. Il n'est donc, dans ce pays,
aucune route obligée; que l'on atteigne les cèdres de Salomon par l'ancienne Tyr des Phé-
niciens, les ruines d'Héliopolis, par l'Antioche des croisés ou la sainte cité des chrétiens, par
Damas, la cité sainte des musulmans, peu importe, on éprouvera partout, dans ce pays, les
émotions puissantes de la religion qui a placé là son berceau.

La Syrie, en effet, considérée dans son ensemble est avant tout religieuse; c'est bien la
terre sainte dans toute son acception; l'Ancien Testament, l'Evangile, les croisades et les pèle-
rinages forment une série d'événements non interrompus qui enchaîne étroitement leur principe
avec leur résultat, et ne laisse que peu de place aux faits d'une autre portée politique qui
viennent s'y rattacher.

Que serait Palmyre, si elle n'était le Tadmor de Salomon et la reine de ces déserts? que
devient Longin, comparé à Isaïe, cet autre Homère? que sont les colonnes de l'ancienne Gerasa à
côté de celles qui soutiennent le saint sépulcre? qu'importent quelques noms éphémères, quelques
ruines ambitieuses, quand un tombeau de deux pierres remue depuis dix-huit cents ans plus
de peuples armés du glaive ou du bourdon que toute l'antiquité n'en a mis en mouvement pour
créer ses merveilles ?

Il faut voir l'Orient avec ses traditions comme on écoute un voyageur dans ses souvenirs.
Tout respire dans la Syrie l'antiquité biblique; les lieux sont les commentaires du texte sacré;
là, chaque pierre, chaque ruisseau, tout, jusqu'aux troncs vermoulus des arbres, se prête à servir
de guide au pèlerin voyageur, à lui montrer la voie qu'il doit suivre pour retrouver chaque
événement; et comme si ce n'était pas assez de cet appui, l'homme s'est cru appelé à perpétuer
aussi le souvenir de ces grandes choses. Le descendant d'Ismaël a conservé son costume, il a gardé
sa tente, il n'a rien changé à ses habitudes, et, comme Abraham, il parcourt le désert suivi de
ses troupeaux. L'antiquité profane a été péniblement commentée d'après ses monuments, l'anti-
quité biblique se trouve expliquée d'elle-même par les hommes et les choses.

Mais si l'Arabe a conservé précieusement jusqu'à nos jours ces mœurs patriarcales, ce respect
devait être bien plus grand il y a dix-huit siècles, lorsqu'à l'antiquité biblique est venue s'associer
dans les mêmes lieux la nouvelle ère chrétienne. Cet événement qui, même considéré du point de
vue rétréci de la politique, est le plus grand de l'histoire, puisqu'il a changé la face du monde, n'a
eu sur les mœurs du pays qu'une faible influence, mais il a laissé sur le sol des traces nom-
breuses. Si la charité et l'égalité, ces principes fondamentaux du grand code chrétien, n'ont un
écho éloigné dans les mœurs orientales que par l'influence du Coran, cette pâle copie de l'œuvre
sacrée, les lieux, les villes et jusqu'aux moindres rochers portent encore l'empreinte du passage
du Fils de Dieu, et l'on n'hésite pas à se prosterner devant ces souvenirs consacrés par dix-huit
cents ans de foi et de luttes enthousiastes.

L'impression religieuse est donc évidemment dominante dans ce pays; elle avait exercé sur moi
 
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