DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0042
— 25 —
difficile, ensuite elle descend dans une grande vallée marécageuse, déjà verdoyante et couverte de
fleurs printanières. De nombreux troupeaux de buffles y paissent dans ce bien-être des ruminants
qui fait envie. Vis-à-vis de nous, sur les hauteurs, s'élève un magnifique château du moyen âge.
Il parait bien conservé. Nous contournons le mamelon détaché sur lequel il est bâti. 11 appartient à
un rameau de la chaîne de montagnes, dont il est séparé, à sa naissance, par un ruisseau qui traverse
la plaine. Sur plusieurs petites hauteurs on voit des habitations éparses, pas plus humbles que toutes
celles du pays, mais qui semblent plus mesquines et plus misérables, par comparaison avec le château
du moyen âge.
*
EL HOSN (Planche X, 19).
Seconde vue, prise de la route de Homs à Tartous.
Kalaat el Hosn , le Hesn el Akrad des chroniqueurs arabes, le Crac du croisé Hugo Plagon, est
une des plus belles fortifications qu'on puisse voir. Entourée d'un large fossé, revêtue d'une muraille
flanquée de tours et de bastions, elle offre, dans l'intérieur, des escaliers, de vastes salles el de nom-
breuses chambres, dont la construction forte et savante excite Tétonnement, en même temps que le
style gothique, qui règne partout, charme le voyageur européen, heureux de rencontrer dans cette
forme de l'architecture un souvenir de ses pères. Un canal recevait l'eau des pluies dans les fossés
et servait à l'entretien de la garnison ainsi qu'à la défense de la forteresse.
Je ne trouve dans l'intérieur que des inscriptions arabes, des lions (peut-être ceux des comtes de
Toulouse), sculptés sur les portes et sur les murs, et, au milieu de ces puissantes constructions, les
pauvres huttes des habitants, qui viennent salir de leur boue el de leur fumée ces vénérables débris
de l'enthousiasme religieux et guerrier du moyen âge, avec tout aulanl d'indifférence que leurs
frères du désert appuienl leurs tentes aux colonnes de Palmyre.
SA1NT-GEORGIOS (Planche XI, 20).
Vue du couvent, a droite El-Hosn.
Nous traversons le ruisseau à gué, près d'un pont aujourd'hui en ruines et qui semblait de force
à résister plus longtemps au passage de quelques bêtes de somme, A côté de ce ponl tourne un moulin.
Tout le pays est planté de mûriers et d'oliviers. Nous entrons ensuite dans la partie de la vallée qui
esl derrière le château, et nous trouvons sur le penchant de la berge gauche du ruisseau le fameux
couvent de Saint-Georgios, habité par des moines grecs schismatiques. Ce couvent, ainsi situé sur
la roule de Homs à Tripoli, est l'étape indiquée pour tous les voyageurs; aussi est-ce bien plutôt
une auberge qu'un couvent. Tous les jours on y reçoit et on y traite plus de deux cents voyageurs
chrétiens, druses, musulmans, des hôtes de toutes les sectes et de tous les pays, sans compter une
grande quantité de pauvres auxquels on distribue gratuitement du pain.
SAINT-GEORGIOS (Planche XI, 21).
Vue du couvent^ prise de la route.
Le couvent de Saint-Georgios prétend à une origine très-ancienne; mais, s'il n'a pas un âge aussi
respectable, il est an moins contemporain du château d'El-Hosn, c'est-à-dire de l'époque des croisades.
Ses revenus territoriaux sont considérables, et, en outre, chaque mois un religieux parcourt seul
les montagnes environnantes, peuplées de chrétiens et d'ansarieh, et sa quête est toujours abondante
parce que les habitants en apprécient la destination.
Le jour suivant, nous traversons les montagnes qui bordent la mer depuis Antioche au nord el se de
ratlachent au Liban vers le sud, non loin de Tripoli. Ces montagnes sont désignées sous le nom
d'Ansariées, parce qu'elles sont habitées par les Arabes de cette secte, qui y conservent une sorte
d'indépendance. Elles sont basses, coupées d'une quantité de petits ruisseaux qui vont à la mer, et ***
très-fertiles. Elles ressemblent beaucoup aux Apennins sur la route de Bologne à Florence.
saint-geokgios
a un cite
sous la tente.
8 heures de marche.
FÉVRIER.
13
difficile, ensuite elle descend dans une grande vallée marécageuse, déjà verdoyante et couverte de
fleurs printanières. De nombreux troupeaux de buffles y paissent dans ce bien-être des ruminants
qui fait envie. Vis-à-vis de nous, sur les hauteurs, s'élève un magnifique château du moyen âge.
Il parait bien conservé. Nous contournons le mamelon détaché sur lequel il est bâti. 11 appartient à
un rameau de la chaîne de montagnes, dont il est séparé, à sa naissance, par un ruisseau qui traverse
la plaine. Sur plusieurs petites hauteurs on voit des habitations éparses, pas plus humbles que toutes
celles du pays, mais qui semblent plus mesquines et plus misérables, par comparaison avec le château
du moyen âge.
*
EL HOSN (Planche X, 19).
Seconde vue, prise de la route de Homs à Tartous.
Kalaat el Hosn , le Hesn el Akrad des chroniqueurs arabes, le Crac du croisé Hugo Plagon, est
une des plus belles fortifications qu'on puisse voir. Entourée d'un large fossé, revêtue d'une muraille
flanquée de tours et de bastions, elle offre, dans l'intérieur, des escaliers, de vastes salles el de nom-
breuses chambres, dont la construction forte et savante excite Tétonnement, en même temps que le
style gothique, qui règne partout, charme le voyageur européen, heureux de rencontrer dans cette
forme de l'architecture un souvenir de ses pères. Un canal recevait l'eau des pluies dans les fossés
et servait à l'entretien de la garnison ainsi qu'à la défense de la forteresse.
Je ne trouve dans l'intérieur que des inscriptions arabes, des lions (peut-être ceux des comtes de
Toulouse), sculptés sur les portes et sur les murs, et, au milieu de ces puissantes constructions, les
pauvres huttes des habitants, qui viennent salir de leur boue el de leur fumée ces vénérables débris
de l'enthousiasme religieux et guerrier du moyen âge, avec tout aulanl d'indifférence que leurs
frères du désert appuienl leurs tentes aux colonnes de Palmyre.
SA1NT-GEORGIOS (Planche XI, 20).
Vue du couvent, a droite El-Hosn.
Nous traversons le ruisseau à gué, près d'un pont aujourd'hui en ruines et qui semblait de force
à résister plus longtemps au passage de quelques bêtes de somme, A côté de ce ponl tourne un moulin.
Tout le pays est planté de mûriers et d'oliviers. Nous entrons ensuite dans la partie de la vallée qui
esl derrière le château, et nous trouvons sur le penchant de la berge gauche du ruisseau le fameux
couvent de Saint-Georgios, habité par des moines grecs schismatiques. Ce couvent, ainsi situé sur
la roule de Homs à Tripoli, est l'étape indiquée pour tous les voyageurs; aussi est-ce bien plutôt
une auberge qu'un couvent. Tous les jours on y reçoit et on y traite plus de deux cents voyageurs
chrétiens, druses, musulmans, des hôtes de toutes les sectes et de tous les pays, sans compter une
grande quantité de pauvres auxquels on distribue gratuitement du pain.
SAINT-GEORGIOS (Planche XI, 21).
Vue du couvent^ prise de la route.
Le couvent de Saint-Georgios prétend à une origine très-ancienne; mais, s'il n'a pas un âge aussi
respectable, il est an moins contemporain du château d'El-Hosn, c'est-à-dire de l'époque des croisades.
Ses revenus territoriaux sont considérables, et, en outre, chaque mois un religieux parcourt seul
les montagnes environnantes, peuplées de chrétiens et d'ansarieh, et sa quête est toujours abondante
parce que les habitants en apprécient la destination.
Le jour suivant, nous traversons les montagnes qui bordent la mer depuis Antioche au nord el se de
ratlachent au Liban vers le sud, non loin de Tripoli. Ces montagnes sont désignées sous le nom
d'Ansariées, parce qu'elles sont habitées par les Arabes de cette secte, qui y conservent une sorte
d'indépendance. Elles sont basses, coupées d'une quantité de petits ruisseaux qui vont à la mer, et ***
très-fertiles. Elles ressemblent beaucoup aux Apennins sur la route de Bologne à Florence.
saint-geokgios
a un cite
sous la tente.
8 heures de marche.
FÉVRIER.
13