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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Editor]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Editor]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0043
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— 26 —

FLORITA (Planche XII, 22).

Vue d'un château en ruine, près de Tortose.

Après trois heures de marche, nous arrivons sur le mamelon le plus élevé. On aperçoit la mer à ses
pieds; au moins paraît-elle ainsi, quoiqu'elle soit bien encore à cinq heures de distance. Sur ce
mamelon sont les ruines d'un ancien château et un village qu'on me nomme Yamoura, si je ne me
trompe. Tout à côté est assis le couvent de Saint-Michel. De là on a un beau panorama; les regards
descendent de mamelons en mamelons jusqu'à la mer; à gauche et à droite on est dominé par des
mouvements de terrain tous variés de forme, bien plantés, couverts de villages, de couvents, de
forteresses ruinées, de tours encore debout, et derrière soi s'élèvent, d'un coté, le château d'El-Hosri
au-dessus des hauteurs qui bordent l'horizon, et, de l'autre côté, le Liban avec ses hauts pics chargés
de neige.

Nous descendons de ce sommet par une vallée, qui doit être bien peuplée à en juger par le nombre
d'habitations gaiement dispersées de tous côtés. Comme il n'est plus possible d'arriver le soir même
à Tortose, le soin de notre sûreté nous engage à nous arrêter près d'un groupe de maisons pour
y dresser notre tente : mais les habitants nous prennent pour des Turcs qui vont les rançonner; ils
s'arment de fusils, de sabres et de bâtons, et ils menacent de nous chasser de force si nous ne nous
éloignons pas de nous-mêmes. A grand'peine on parvient à leur faire comprendre qui nous sommes
et que nous ne demandons que la permission d'établir notre tente dans cet endroit. Rassurés contre
d'injustes avanies, ils nous apportent tout ce dont nous avons besoin, et nous passons une nuit
très-tranquille.

De ce gîte en plein air nous avons encore trois heures de descente; ensuite nous nous trouvons
sous la tente dans la plaine qui s'étend tout le long de la côte depuis Tripoli jusqu'à Latakié, et après deux

d'un gite

heures de marche nous entrons dans la ville de Tortose, le Tartous des Arabes.

heures de marche.

16 FÉVRIER.

TARTOUS (Planche XIII, 2?).
Vue .de la ville de Tortose et de l'île d'Aradus, prise du sud.

Tarions est un bourg sur le bord de la mer. C'était, dans une haute antiquité, la succursale
continentale de l'île d'Aradus, et elle porta le nom d'Antaradus, dont le populaire a fait Taradus, les
Arabes Tartous, les croisés Tortose. Avant d'y entrer, on passe près d'une église gothique, qui était
autrefois comprise dans l'enceinte de la ville et qui se trouve aujourd'hui à une grande portée de
fusil de la partie habitée. Elle rappelle, par son plan et son mode de construction, toutes nos petites
églises bâties en Europe pendant le quatorzième siècle. Elle a trois nefs terminées par un rond-point;
quatre piliers formés de colonnetles accouplées et surmontées de chapiteaux à feuillages séparent de
chaque côté, dans la longueur, la nef principale des deux nefs latérales. Les voûtes sont en ogives;
une belle pièce de granit rouge formait le linteau de la porte d'entrée. On remarque, au-dessus de
l'angle gauche de la façade, les restes et les arrachements d'un clocher qui a été détruit.

La ville de Tortose, si fameuse du temps des croisades, est contenue aujourd'hui presque tout
entière dans l'ancienne citadelle; il n'y a, en dehors de son enceinte, qu'un petit quartier au midi, le
long de la côte. Deux anciennes portes, encore bien conservées, et la ligne des murs marquent Rem-
placement de la ville antique, qui est resté celui de la ville du moyen âge. On voit qu'elle était séparée
de la citadelle par de larges fossés, et qu'elle s'étendait derrière elle à l'est et au sud.

TARTOUS (Planche XIII, 24).

Vue de la ville de Tortose et de l'île d'Aradus, prise du nord.

Par ce qui reste des fortifications, on peut juger que cette place a toujours eu une grande im-
portance. Ses doubles et larges fossés sont taillés dans le roc, et les murs, assis sur ce même roc,
sont construits en partie dans le mode cyclopéen, et en partie faits en pierres de grande dimension,
 
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