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apportés par la gent domestique arabe. Mais à quoi bon entrer dans ce détail ? Qu'ai-je besoin de contrarier
la bienveillante mémoire du voyageur qui oublie tous les ennuis pour ne se rappeler que des jouissances?
EL-KESSOUÉ (Planche L, 107).
Colonne isolée dans la plaine du Hauran, entre El-Kessoué et El-Mismé.
Nous partons de bonne heure. Nous rencontrons, très-près d'EI-Kessoué, la grande route qui, de Damas, ™ kessoué a
pénètre dans le Hauran et forme la communication avec tous ses villages. On a établi, à ce point de jonc- s heures de marche
tion, des deux côtés de la route, une douzaine de boutiques pauvrement approvisionnées de comesti-
bles à l'usage des passants. Un vent affreux, qui aurait rendu fatigante la route la plus agréable, nous
accompagne à travers cette laide et insipide contrée. Après avoir marché pendant une demi-heure,
nous atteignons Deir-Aly, village sans importance, et, à trois heures de marche plus loin, nous passons
près d'une colonne qui, debout, témoigne, avec des débris de chapiteaux et les pierres taillées aecumulées
à sa base, qu'elle n'était pas isolée et appartenait à un temple dont les autres matériaux ont été dispersés
dans des constructions plus modernes. Elle a environ 18 pieds de haut, et son style est ionique.
MISSEMI (Planche LI, 108).
Vue extérieure d'un temple en ruines.
Nous nous remettons en marche, et en une heure et demie nous arrivons au misérable village de
Missemi, formé de quatre ou cinq maisons tapies au milieu des ruines. Il y eut autrefois dans ce lieu
pierreux, entouré de rochers arrondis, nus et sans couleur, c'est-à-dire dans le site le plus lugubre, une
ville brillante que les inscriptions de ses monuments nomment Phaena. Elle devait sa prospérité à l'ordre
et à la sécurité donnés par une puissante administration; avec la perte de ces biens, tout s'est transformé
en ruines et en désert. Phaena s'étendait au nord-est d'une immense carrière de pierres basaltiques sur
une sorte de promontoire qui domine des vagues de lave. De ses anciennes constructions il reste quelques
tours et de vastes édifices sans ornements d'architecture, qui semblent avoir servi à quelque exploitation
agricole; de ses monuments il subsiste un temple assez bien conservé. Son péristyle occidental avait six
colonnes doriques huchées sur des bases élevées. Il n'en subsiste plus que trois. La porte, aujourd'hui
murée, était très-grande, et de chaque côté il y avait une porte plus petite au-dessus de laquelle on avait
disposé une niche décorée d'un fronton soutenu par deux colonnes ioniques. Sur l'entablement de la
porte principale se trouve une longue inscription (1); au-dessus de la porte on en lit une autre.
MISSEMI (Planche Ll, 109^
Vue intérieure d'un temple en ruines.
L'intérieur de ce temple est le modèle de l'église chrétienne; il a trois nefs, celle du milieu terminée
en rond-point avec une large coquille qui couvrait toute la partie sphérique de cette grande niche,
les autres répondant à une petite salle carrée et obscure. Ces nefs étaient séparées par deux colonnes
corinthiennes élevées sur une base; vis-à-vis de chacune d'elles, dans le mur, il y a des colonnes engagées
ainsi que dans les angles et des deux côtés du rond-point. Elles supportaient les retombées des arcades
sur lesquelles pesait la voûte d'un toit formé de longues dalles dont trois ou quatre se sont déjà affaissées
dans l'intérieur, et annoncent fatalement la chute prochaine des autres. Entre les colonnes il y avait des
consoles en saillie supportant six statues, et sur ces consoles des inscriptions.
Tous les ordres, comme on voit, se sont donné rendez-vous dans l'architecture de ce monument , et
tous sont amalgamés avec quelque addition arbitraire qui est loin d'être irréprochable. Dorique, ionique,
corinthien, sont également fautifs et bâtards : bases énormes, fûts démesurés, chapiteaux dispropor-
tionnés. Aux colonnes de l'intérieur sont ajoutées des couronnes qui font saillie sur le fut à un pied
au-dessous du chapiteau.
(1) Pour toutes les inscriptions voir l'introduction.
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apportés par la gent domestique arabe. Mais à quoi bon entrer dans ce détail ? Qu'ai-je besoin de contrarier
la bienveillante mémoire du voyageur qui oublie tous les ennuis pour ne se rappeler que des jouissances?
EL-KESSOUÉ (Planche L, 107).
Colonne isolée dans la plaine du Hauran, entre El-Kessoué et El-Mismé.
Nous partons de bonne heure. Nous rencontrons, très-près d'EI-Kessoué, la grande route qui, de Damas, ™ kessoué a
pénètre dans le Hauran et forme la communication avec tous ses villages. On a établi, à ce point de jonc- s heures de marche
tion, des deux côtés de la route, une douzaine de boutiques pauvrement approvisionnées de comesti-
bles à l'usage des passants. Un vent affreux, qui aurait rendu fatigante la route la plus agréable, nous
accompagne à travers cette laide et insipide contrée. Après avoir marché pendant une demi-heure,
nous atteignons Deir-Aly, village sans importance, et, à trois heures de marche plus loin, nous passons
près d'une colonne qui, debout, témoigne, avec des débris de chapiteaux et les pierres taillées aecumulées
à sa base, qu'elle n'était pas isolée et appartenait à un temple dont les autres matériaux ont été dispersés
dans des constructions plus modernes. Elle a environ 18 pieds de haut, et son style est ionique.
MISSEMI (Planche LI, 108).
Vue extérieure d'un temple en ruines.
Nous nous remettons en marche, et en une heure et demie nous arrivons au misérable village de
Missemi, formé de quatre ou cinq maisons tapies au milieu des ruines. Il y eut autrefois dans ce lieu
pierreux, entouré de rochers arrondis, nus et sans couleur, c'est-à-dire dans le site le plus lugubre, une
ville brillante que les inscriptions de ses monuments nomment Phaena. Elle devait sa prospérité à l'ordre
et à la sécurité donnés par une puissante administration; avec la perte de ces biens, tout s'est transformé
en ruines et en désert. Phaena s'étendait au nord-est d'une immense carrière de pierres basaltiques sur
une sorte de promontoire qui domine des vagues de lave. De ses anciennes constructions il reste quelques
tours et de vastes édifices sans ornements d'architecture, qui semblent avoir servi à quelque exploitation
agricole; de ses monuments il subsiste un temple assez bien conservé. Son péristyle occidental avait six
colonnes doriques huchées sur des bases élevées. Il n'en subsiste plus que trois. La porte, aujourd'hui
murée, était très-grande, et de chaque côté il y avait une porte plus petite au-dessus de laquelle on avait
disposé une niche décorée d'un fronton soutenu par deux colonnes ioniques. Sur l'entablement de la
porte principale se trouve une longue inscription (1); au-dessus de la porte on en lit une autre.
MISSEMI (Planche Ll, 109^
Vue intérieure d'un temple en ruines.
L'intérieur de ce temple est le modèle de l'église chrétienne; il a trois nefs, celle du milieu terminée
en rond-point avec une large coquille qui couvrait toute la partie sphérique de cette grande niche,
les autres répondant à une petite salle carrée et obscure. Ces nefs étaient séparées par deux colonnes
corinthiennes élevées sur une base; vis-à-vis de chacune d'elles, dans le mur, il y a des colonnes engagées
ainsi que dans les angles et des deux côtés du rond-point. Elles supportaient les retombées des arcades
sur lesquelles pesait la voûte d'un toit formé de longues dalles dont trois ou quatre se sont déjà affaissées
dans l'intérieur, et annoncent fatalement la chute prochaine des autres. Entre les colonnes il y avait des
consoles en saillie supportant six statues, et sur ces consoles des inscriptions.
Tous les ordres, comme on voit, se sont donné rendez-vous dans l'architecture de ce monument , et
tous sont amalgamés avec quelque addition arbitraire qui est loin d'être irréprochable. Dorique, ionique,
corinthien, sont également fautifs et bâtards : bases énormes, fûts démesurés, chapiteaux dispropor-
tionnés. Aux colonnes de l'intérieur sont ajoutées des couronnes qui font saillie sur le fut à un pied
au-dessous du chapiteau.
(1) Pour toutes les inscriptions voir l'introduction.
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