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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Editor]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Editor]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0131
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— 65 —

Après avoir dessiné ces colonnes encore debout sur leurs bases, je vais visiter la grande mosquée
ruinée en suivant une rue bordée de chaque côté d'arcades occupées autrefois par des boutiques qui
formaient un bazar tout à fait semblable aux bazars orientaux de nos jours. Cette mosquée porte encore
les traces de son élégante décoration en stuc, empreinle sur les murs, et, dans la disparate de ses
colonnes de marbre veiné, la preuve qu'elle s'éleva aux dépens des monuments antiques; c'était le
mode de construction de ces nouveaux sectateurs auxquels le temps manquait, sinon le goût et le
talent. La plus grande mosquée, parmi les plus anciennes, a droit à l'attention du voyageur.

BOSTRA (Planche LVIII, 127).
Vue de l'intérieur d'une maison arabe au moment du dîner.

Le chef de cette pauvre ville, commandant supérieur d'une assez forte garnison, nous reçoit hos-
pitalièrement, et nous trouvons dans l'intérieur de sa maison plus de luxe qu'on n'en pouvait attendre
de l'apparence extérieure.

Nous retournons à Suédia avec le regret d'avoir vu Bostra trop vite et d'avoir dessiné trop peu;
mais nos guides bourdonnent à nos oreilles mille menaces, et nous devons être à Jérusalem à
l'époque des fêtes. Nous nous disons pour nous consoler que celte ville na pas d'histoire, que ses
monuments sont sans beauté; quoi qu'il en soit, nous rentrons à Suédia avec la mine de gens qui
ont éprouvé un mécompte.

Après une nuit de repos, nous repartons pour aller gagner le pont des Filles de Jacob sur le Jour- de suema
dain, ayant définitivement renoncé à entreprendre par ce coté le voyage de Djerasch. Les gens qui septhtur^euemie
nous escortent n'ont pas voulu nous conduire à Medserib, d'où nous aurions pu envoyer faire des pro- 2 AVH,L 1827'
positions aux tribus arabes.

Nous passons la nuit à Esra, où nous ne trouvons que des substructions de monuments antiques deesra
sans intérêt. Nous quittons cet endroit, nous dirigeant sur Djacen. Nous marchions déjà depuis que!- cinq hem es.
que temps, lorsque nous découvrons au loin des gens avec des chameaux. Nos guides se portent en
avant, la lance en arrêt, pour les reconnaître et prendre d'eux quelques informations; mais ces
Arabes croient que nous venons les attaquer, et à peine nous aperçoivent-ils qu'ils se hâtent de ras-
sembler leurs chameaux derrière un rocher. Ils allument la mèche de leurs fusils, ils se placent sur
la roche prêts à se défendre, déjà ils ont poussé le cri de guerre et s'apprêtent à faire feu, quand nos
gens parviennent, par des signes, à leur faire comprendre qu'ils sont des amis. Alors ils déchargent
leurs armes en l'air, et s'empressent autour de notre cheik, qu'ils saluent amicalement. Nous conti-
nuons à marcher dans cette plaine jusqu'au coucher du soleil; à ce doux moment nous choisissons
un pli de terrain à l'abri du vent et d'où notre feu et nos lumières ne seront pas aperçus; là se
dresse notre tente.

Nous voulons arriver aujourd'hui au pont du Jourdain; mais, après neuf heures de marche, nous d'un campement

11 1 -iil a un autre

trouvons un camp que Ion venait dinstaller pour les gens qui gardent les chameaux du pacha de campement.

l-v tt 1 1 •_ I- r •. .1 1* 'Ml • 9 heures de marche

Damas. Un hasard singulier nous rail rencontrer dans ce inonde inconnu une vieille connaissance.
C'est notre ancien conducteur de Tacklaravan, qui, après nous avoir guidés depuis Constantinople,
nous avait quittés à Alep. Il vient au-devant de nous avec empressement, et nous sommes nous-mêmes
si contents de le retrouver que, entraînés par cette circonstance et par la beauté du lieu, nous nous
décidons à camper en cet endroit.

Tout ce pays est charmant. C'est une suite de petites collines qui descendent vers les bords du lac
de Tibérias. Elles sont couvertes de prairies, de bouquets d'oliviers et de chênes verts, de fleurs de
toute espèce et de toutes couleurs. Ce tapis de verdure, cette nature épanouie, respire la fraîcheur
en annonçant le printemps, printemps si beau, mais si court dans ces climats brûlants où en un
instant la plus luxuriante végétation fait place à une sécheresse affreuse. Ces coteaux, ces vallons,
aujourd'hui si riants, se dépouilleront subitement de leur parure passagère, et ne présenteront plus
à l'œil qu'une fatigante aridité, car sous ces tapis verdoyants percent de toutes parts les rochers et
le sol sablonneux ou caillouteux dont la blancheur éclatante offensera bientôt la vue.

C'est le premier printemps, la première verdure que nous voyons en Orient, où, en revanche,
tant de plaines désertes et incultes, tant de montagnes pelées et arides nous ont attristés. En ce

i avril.
 
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