A L'ÉTUDE DES VASES PEINTS. l*j
moyenne vivaient, les uns à côté des autres, et nous pouvons juger du peu
d'importance et d'étendue qu'avaient chez eux les relations commerciales. Le
nombre des objets d'absolue nécessité qu'il fallait se procurer par le com-
merce était restreint : là où le luxe existait, il devait attirer un certain nombre
de superlluités, soit manufacturées, soit à l'état brut; mais la puissance, dans
ces sociétés imparfaites, étant appuyée sur le glaive, le luxe devait s'appro-
visionner bien plus par les résultats de la guerre que par les transactions com-
merciales. Des objets d'art quelconques pénétrant en grande abondance, d'une
manière constante et par les voies pacifiques, clans les villes de l'Italie moyenne,
c'est là une donnée qui nous paraît incompatible avec l'organisation politique,
sociale et économique de ces villes à l'époque où le commerce en grand des
vases peints aurait dû avoir lieu, s'il avait réellement existé. Mais, si les objets
d'art étaient difficiles ou même impossibles à transporter en grandes masses,
les artistes qui les exécutaient ne rencontraient pas individuellement les mêmes
obstacles. Nous voyons, par l'histoire des arts de la Grèce, à quel point
était changeante et, pour ainsi dire, nomade la vie des artistes de la grande
époque. Les monuments numismatiques nous sont encore ici d'un grand
secours ; car, sans parler des signatures d'un seul et même graveur inscrites
sur les monnaies de plusieurs villes, quelquefois séparées les unes des autres
par de grands intervalles, il existe souvent une telle identité de style et de
travail entre les monnaies appartenant à des contrées séparées par les plus
grands espaces, qu'on ne peut s'empêcher d'en conclure que les hommes de
talent, partout bien accueillis, n'hésitaient pas à louer leur industrie à qui
savait la récompenser, quels que fussent l'origine, les mœurs et les gouver-
nements des pays où ils étaient appelés.
D'ailleurs, la vie commune qui animait tout le corps hellénique au moment
des grands développements de l'art, et l'unité de progrès qui en fut la consé-
quence, se manifestent d'une manière si éclatante dans l'ensemble des produc-
tions monétaires, exécutées pourtant toutes ou presque toutes dans les lieux
mêmes où elles entraient en circulation, qu'on ne peut expliquer ce phéno-
mène autrement que par une exception faite en faveur des artistes habiles, à
toutes les habitudes de séparation et d'antipathies qui entravaient la société
antique.
Mais ce privilège des artistes ne se bornait pas aux villes purement grecques,-
la séduction irrésistible qu'exerçait leur talent s'étendait à presque toutes les
populations qui confinaient aux cités helléniques, et un établissement au milieu
moyenne vivaient, les uns à côté des autres, et nous pouvons juger du peu
d'importance et d'étendue qu'avaient chez eux les relations commerciales. Le
nombre des objets d'absolue nécessité qu'il fallait se procurer par le com-
merce était restreint : là où le luxe existait, il devait attirer un certain nombre
de superlluités, soit manufacturées, soit à l'état brut; mais la puissance, dans
ces sociétés imparfaites, étant appuyée sur le glaive, le luxe devait s'appro-
visionner bien plus par les résultats de la guerre que par les transactions com-
merciales. Des objets d'art quelconques pénétrant en grande abondance, d'une
manière constante et par les voies pacifiques, clans les villes de l'Italie moyenne,
c'est là une donnée qui nous paraît incompatible avec l'organisation politique,
sociale et économique de ces villes à l'époque où le commerce en grand des
vases peints aurait dû avoir lieu, s'il avait réellement existé. Mais, si les objets
d'art étaient difficiles ou même impossibles à transporter en grandes masses,
les artistes qui les exécutaient ne rencontraient pas individuellement les mêmes
obstacles. Nous voyons, par l'histoire des arts de la Grèce, à quel point
était changeante et, pour ainsi dire, nomade la vie des artistes de la grande
époque. Les monuments numismatiques nous sont encore ici d'un grand
secours ; car, sans parler des signatures d'un seul et même graveur inscrites
sur les monnaies de plusieurs villes, quelquefois séparées les unes des autres
par de grands intervalles, il existe souvent une telle identité de style et de
travail entre les monnaies appartenant à des contrées séparées par les plus
grands espaces, qu'on ne peut s'empêcher d'en conclure que les hommes de
talent, partout bien accueillis, n'hésitaient pas à louer leur industrie à qui
savait la récompenser, quels que fussent l'origine, les mœurs et les gouver-
nements des pays où ils étaient appelés.
D'ailleurs, la vie commune qui animait tout le corps hellénique au moment
des grands développements de l'art, et l'unité de progrès qui en fut la consé-
quence, se manifestent d'une manière si éclatante dans l'ensemble des produc-
tions monétaires, exécutées pourtant toutes ou presque toutes dans les lieux
mêmes où elles entraient en circulation, qu'on ne peut expliquer ce phéno-
mène autrement que par une exception faite en faveur des artistes habiles, à
toutes les habitudes de séparation et d'antipathies qui entravaient la société
antique.
Mais ce privilège des artistes ne se bornait pas aux villes purement grecques,-
la séduction irrésistible qu'exerçait leur talent s'étendait à presque toutes les
populations qui confinaient aux cités helléniques, et un établissement au milieu