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PRÉFACE XI

tionnaire égyptien s'enrichissait d'un seul coup du sens exact de cinq mots nouveaux. Malheu-
reusement, les oiseaux étaient si joliment troussés, si gentils à voir, qu'on n'a osé en étudier
qu'un seul, le deuxième par ordre de taille, c'est-à-dire le louroup. Cet oiseau se trouve être
Y Anser albifrons, l'oie que l'on rencontre le plus communément en Egypte. Le rou, puisqu'il
est cité en premier dans la liste, doit être plus grand que Y Anser albifrons et ne peut-être, par
conséquent, d'après le panneau de Meidoum, que l'oie cendrée ou l'oie sauvage. Mais ce n'est
là qu'une hypothèse, car le rou peut ne pas appartenir au genre Anser.

On ne saurait donc trop insister pour que MM. Lortet et Gaillard reprennent l'étude de ces
cinq oiseaux et réussissent à nous dicter, pour ainsi dire, le sens de cinq mots qui reviennent
très souvent dans les textes et qu'on n'est jamais arrivé à traduire avec exactitude. M. Mas-
pero, qui a si bien mis en relief l'intérêt des tables d'offrandes, ne refusera certainement pas de
leur confier à nouveau ces oiseaux et môme de les autoriser à les découper tant soit peu : des
demi-volailles, dans les vitrines du musée, seront encore présentables et l'on se consolera des
moitiés absentes en songeant qu'elles auront nourri l'égyptologie.

Enfin, il me reste, pour terminer, à dire quelques mots sur une question qui semble pré-
occuper beaucoup les zoologistes et à laquelle les plus récentes recherches dans le domaine de la
civilisation égyptienne archaïque permettent de donner aujourd'hui une réponse claire et pré-
cise. Cette question est la suivante : pourquoi les Egyptiens adoraient-ils et momifiaient-ils
leurs animaux?

Ils les momifiaient, plus souvent qu'on le pense, uniquement parce qu'ils les avaient aimés
durant leur vie et qu'ils tenaient à les emmener avec eux dans l'autre inonde. Si l'on a trouvé,
auprès du sarcophage de la princesse Ast-em-kheb, un cercueil en forme d'animal renfermant
une gazelle embaumée, c'est que cette gazelle, amenée du désert par quelque serviteur et offerte
à la jeune princesse, s'était apprivoisée petit à petit et avait été pour elle un gracieux jouet
vivant qu'on avait déposé dans sa sépulture au même titre que, dans les tombes d'enfants plus
humbles, on plaçait des poupées tout habillées ou de petits crocodiles en bois, à mâchoires arti-
culées. Le cynocéphale momifié, que j'ai découvert dans le tombeau du roi Touthmès III, était
certainement, non pas un grave représentant du dieu Thot, mais bien un animal familier qui,
du vivant du pharaon, s'ébattait librement et joyeusement dans les appartements royaux et qui,
après sa mort, devait continuer à égayer le roi dans le royaume d'Osiris. Bien des Egyptiens
ont dû, pour la môme raison, faire enterrer avec eux leurs chiens et leurs chats. Je ne sais si
l'on a trouvé jusqu'ici des momies de ces animaux dans les tombes de particuliers, mais il est
certain que les rois des plus anciennes dynasties faisaient ensevelir leurs chiens auprès de leur
propre tombeau. On a découvert, à Abydos, entourant les édifices funéraires royaux, au milieu
de tombes de femmes de harem, d'archers de la garde, de nains favoris,des sépultures de chiens.
Et, de même qu'hommes et femmes possédaient chacun une stèle funéraire, portant une épi—
taphe, de môme les chiens étaient gratifiés chacun d'une pierre tombale rappelant son nom à la
 
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