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https://doi.org/10.11588/diglit.5426#0354
NATRON ANTISEPTIQUE
SERVANT A L'EMBAUMEMENT DES CORPS ET A LA CONSERVATION DES OFFRANDES
Les momies animales ne sont pas toujours protégées contre le travail des microbes de la
putréfaction par des couches plus ou moins épaisses de bitume appliqué à chaud. On se con-
tentait souvent, de tremper pendant un certain nombre de semaines, les corps à conserver dans
des solutions aqueuses antiseptiques formé par le Natron indigène, mélangé à de la résine pro-
venant de conifères croissant en Syrie, ou d'essences diverses ne se rencontrant qu'en Abyssinie.
Ces substances conservatrices ont été quelquefois déposées dans les tombes de grands person-
nages, ce qui nous a permis, avec l'aide de M. le professeur Hugounenq, d'en faire une analyse
exacte l.
En 189!), M. Loret faisant des fouilles dans la vallée de Bibàn-el-Molouk, près de
Thèbes, découvrit le tombeau inviolé d'un prince nommé Maher-pra qui devait probablement
vivre sous le roi Aménôthès III. Cette tombe qui renfermait quantité d'objets intéressants,
déposés aujourd'hui dans le musée du Caire, contenait encore dix grandes jarres bouchées avec
soin, renfermant une matière pulvérulente jaunâtre qu'on soupçonnait être employée dans la
momification des corps. L'analyse n'en avait pas été faite, aussi ignorait-on la composition de
cette substance conservatrice employée pendant des siècles.
Grâce à la bienveillance de M. Maspero, nous avons pu l'étudier.
Le produit, non homogène, gris jaunâtre, avec des fragments plus colorés, présente à
l'œil nu des débris végétaux (tiges brisées, radicelles), du sable, de l'argile et d'autres
éléments non déterminables à simple vue.
On épuise 25 grammes de matière successivement : 1° par l'alcool à 1)0 degrés froid ;
2° par l'eau froide.
La matière abandonne à l'alcool une résine jaune brunâtre, manifestement altérée, mais
encore odorante. Cette substance paraît être un mélange de produits résineux parmi lesquels
domine la myrrhe, qui entrait en môme temps que d'autres ingrédients (Cyperus rotundus,
Calamus aromaticus) dans la composition du Kephi ou Kyphi, parfum sacré que M. Loret a
^constitué.
L'eau laisse comme résidu insoluble du sable quartzeux et de l'argile mêlés à de la sciure de
bois et à des fragments de végétaux. L'examen micrographique de ces éléments a montré que cette
sciure provenait de conifères et aussi d'angiospermes; les débris de tissus parenchymateux,
gorgés d'amidon ont permis de déterminer la présence de fragments de rhizomes.
1 Lortet et Hugounenq, Analyse du Natron contenu dans les urnes de Maher-Pra (Comptes rendus de
' Académie des sciences, 11 juillet 1904).
SERVANT A L'EMBAUMEMENT DES CORPS ET A LA CONSERVATION DES OFFRANDES
Les momies animales ne sont pas toujours protégées contre le travail des microbes de la
putréfaction par des couches plus ou moins épaisses de bitume appliqué à chaud. On se con-
tentait souvent, de tremper pendant un certain nombre de semaines, les corps à conserver dans
des solutions aqueuses antiseptiques formé par le Natron indigène, mélangé à de la résine pro-
venant de conifères croissant en Syrie, ou d'essences diverses ne se rencontrant qu'en Abyssinie.
Ces substances conservatrices ont été quelquefois déposées dans les tombes de grands person-
nages, ce qui nous a permis, avec l'aide de M. le professeur Hugounenq, d'en faire une analyse
exacte l.
En 189!), M. Loret faisant des fouilles dans la vallée de Bibàn-el-Molouk, près de
Thèbes, découvrit le tombeau inviolé d'un prince nommé Maher-pra qui devait probablement
vivre sous le roi Aménôthès III. Cette tombe qui renfermait quantité d'objets intéressants,
déposés aujourd'hui dans le musée du Caire, contenait encore dix grandes jarres bouchées avec
soin, renfermant une matière pulvérulente jaunâtre qu'on soupçonnait être employée dans la
momification des corps. L'analyse n'en avait pas été faite, aussi ignorait-on la composition de
cette substance conservatrice employée pendant des siècles.
Grâce à la bienveillance de M. Maspero, nous avons pu l'étudier.
Le produit, non homogène, gris jaunâtre, avec des fragments plus colorés, présente à
l'œil nu des débris végétaux (tiges brisées, radicelles), du sable, de l'argile et d'autres
éléments non déterminables à simple vue.
On épuise 25 grammes de matière successivement : 1° par l'alcool à 1)0 degrés froid ;
2° par l'eau froide.
La matière abandonne à l'alcool une résine jaune brunâtre, manifestement altérée, mais
encore odorante. Cette substance paraît être un mélange de produits résineux parmi lesquels
domine la myrrhe, qui entrait en môme temps que d'autres ingrédients (Cyperus rotundus,
Calamus aromaticus) dans la composition du Kephi ou Kyphi, parfum sacré que M. Loret a
^constitué.
L'eau laisse comme résidu insoluble du sable quartzeux et de l'argile mêlés à de la sciure de
bois et à des fragments de végétaux. L'examen micrographique de ces éléments a montré que cette
sciure provenait de conifères et aussi d'angiospermes; les débris de tissus parenchymateux,
gorgés d'amidon ont permis de déterminer la présence de fragments de rhizomes.
1 Lortet et Hugounenq, Analyse du Natron contenu dans les urnes de Maher-Pra (Comptes rendus de
' Académie des sciences, 11 juillet 1904).