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PRÉFACE XIII

Les premiers Égyptiens vivaient en groupements assez restreints, en clans plus ou moins
nomades qui se trouvaient, vis-à-vis les uns des autres, souvent en état d'hostilité déclarée.
Ion jours en état de méfiance ou de rivalité. Ces clans, très fermés à l'origine, portaient des noms
distinctifs. Mais ces noms étaient, en même temps, des sortes d'insignes visibles qui permet-
taient de reconnaître de loin, sans crainte de confusion, les gens d'un même clan. Tel clan
•s'appelait le clan du faucon et arborait, comme marque distinctive, l'image d'un faucon. Cette
marque était tatouée sur quelque partie du corps de chaque individu du clan, peinte sur les objets
appartenant au clan, hissée en bois sculpté au sommet de poteaux flanquant l'entrée du campe-
ment et même, en temps de guerre, portée à la pointe de lances qui jouaient ainsi le rôle tac-
tique d'étendards de ralliement. Souvent aussi il arrivait que les membres d'un clan, par
divers artifices de costume ou de coiffure, par certains cris et par certaines attitudes,
réussissaient à se donner l'apparence extérieure de l'animal qui leur servait d'insigne.

Les clans primitifs n'allaient pas chercher leurs noms uniquement dans le règne animal.
Toute chose susceptible d'être représentée, d'être rendue visible, pouvait servir de nom à une
collectivité. En plus de nombreux clans à noms d'animaux, il y avait le clan du laurier-rose,
celui de la palme, les clans de l'arc, des flèches et du bouclier, du harpon, de la montagne, du
nid d'oiseau, de la tresse de cheveux. Il y avait môme le clan blanc et le clan rouge, et proba-
blement le clan vert.

Petit à petit se produisit, entre les membres d'un clan et l'insigne de ce clan, une sorte
d'intimité qui s'exagéra au point de devenir de l'identité. Les membres du clan du faucon, par
exemple, à force de s'appeler « les taucons », finirent par croire qu'ils étaient des faucons à appa-
rence humaine et que les faucons réels étaient des frères, des parents qui avaient conservé leur
fornn; naturelle. Faucons et hommes du clan du faucon devinrent membre d'une même famille
et se traitèrent comme tels. Un homme du clan du faucon ne devait pas tuer un autre membre
du clan; pour la même raison, il ne devait pas tuer non plus un faucon. Il devait respecter l'ani-
mal-insigne de son clan, l'aider, le protéger, et il avait droit de s'attendre à la réciprocité.

Cette identification de l'homme avec l'insigne de son clan ne put, naturellement, se pro-
duire que dans les clans à noms d'animaux. Un homme pouvait bien se croire apparenté à un
faucon, à un cynocéphale; il lui était difficile de se prendre pour une montagne, pour un nid
d'oiseau. Dans ce cas, une légende plus ou moins ingénieuse rattachait l'homme au nom-insigne
de son groupe et nouait entre les deux des liens indissolubles.

Il serait trop long de raconter ici comment ces sentiments vis-à-vis de l'objet-insigne du
clan évoluèrent lentement et aboutirent petit à petit à une sorte de culte de plus en plus reli-
gieux, comment hor, nom commun désignant le faucon, devint Hor, nom propre, désignant le
dieu Horus. J'en ai dit assez, je crois, pour montrer comment animaux, plantes, objets naturels
ou artificiels furent l'origine de dieux dont ils devaient plus tard être considérés comme les incar-
nations. Mais les animaux, comme on le voit, ne sont pas, aux yeux des Égyptiens, les seuls
représentants terrestres de la divinité. Ils forment seulement la section la plus importante d'un
 
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