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Il

INTRODUCTION

grandioses encore qui ont été creusés dans les rochers avec une patience sans nom. et qu'on ne
peut admirer qu'en pénétrant profondément dans le flanc des montagnes.

Ce sont ces hommes, doués d'une conscience vraiment moderne, qui, les premiers sur
cette terre, au milieu d'un monde barbare, ont enseigné les admirables préceptes de la morale
élevée qui régit encore de nos jours la vie des peuples civilisés.

Ils ont été des savants et des artistes de premier ordre, des agriculteurs et des ingénieurs
des plus habiles dans l'art des irrigations, des penseurs profonds. Tout ce qu'ils ont écrit ou
enseigné, tout ce qu'ils ont fait, a donc pour nous le plus grand intérêt, puisqu'ils sont directement
les pères créateurs des idées nobles et généreuses qui ont servi à développer nos intelligences, et
qui nous ont façonnés tels que nous sommes.

Il ('tait donc important de rechercher pourquoi, après avoir momifié les membres décédés
de leur famille, dans un but de conservation indéfinie, en attendant une résurrection ou une
transformation future, ils momifiaient, avec autant de soins, et par des procédés presque aussi
parfaits, tous les animaux qui vivaient autour d'eux, et non pas seulement certaines espèces
considérées comme sacrées. Ces sages, auprès desquels les Grecs et les Romains instruits
venaient terminer leur éducation, ne devaient point se livrer à une pratique aussi extraordi-
naire sans de sérieuses raisons religieuses ou philosophiques.

Voilà pourquoi, l'étude des momies animales entassées par milliards dans les puits ou les
hypogées, ou cachées dans les sables des nécropoles, peut contribuer à la solution d'un mysté-
rieux problème d'ordre psychique auquel jusqu'à aujourd'hui on n'a su trouver aucune réponse
en tièrement satisfaisante.

Mais au point de vue de la doctrine du transformisme de certaines espèces animales, ces
recherches peuvent aussi présenter un très grand intérêt. L'illustre Jomard, pendant l'expédition
de Bonaparte, probablement sous l'influence de Geoffroy de Saint-H flaire, avait déjà entrevu
ce côté de la question. Dans la description de Thôbes1, il dit en effet avec une clairvoyance bien
digne d'être rappelée ici : « Ces diverses momies et ces débris d'animaux serviront aux natura-
listes à reconnaître les espèces qui habitaient en Egypte à une époque reculée. Il n'existe
aucun autre moyen pour constater sûrement la différence ou l'identité des individus actuels
avec les anciens, et pour prononcer sur une grave question, savoir : l'invariabilité que conser-
vent les formes spécifiques et essentielles des animaux à travers la durée des siècles. »

En effet, nous savons aujourd'hui, depuis les magnifiques recherches de Darwin, que les
êtres vivants doivent tous se transformer dans leur morphologie et leur structure intime, lorsque
les conditions climatériques, au milieu desquelles ils vivent, se modifient dans la suite des
siècles; ou bien, si la lutte pour l'existence leur impose certaines conditions anatomiques ou
physiologiques favorables pour lalutte ou la défense. Les éléphants de la Sibérie se sont couverts
d'une laine protectrice contre le froid, longue de près de cinquante centimètres, tandis que leurs
congénères qui vivent dans les régions tropicales ont revêtu une peau à peu près nue, parsemée
de poils très espacés, ne pouvant être d'aucune utilité pour résister à l'abaissement de la
température. Les Insectes, les Arachnides, les Crustacés habitant les grottes privées de lumière
ainsi que les catacombes de Paris ont perdu leurs organes de la vision, devenus absolument
inutiles, dans un milieu obscur. Les animaux qui vivent dans les régions désertiques ont tous.

1 Jomard, Description de l'Egypte, t. III, p. 95.
 
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