Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
122

FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

Pourquoi l'ibis était—il adoré des Egyptiens ? Quelle divinité symbolisait-il à leurs
yeux ?

L'ibis était, dès la plus haute antiquité, consacré à Isis. Cette divinité personnifiait la
vallée du Nil, la Terre féconde de l'Egypte. L'ibis était donc l'emblème de l'Egypte.

Hérodote a rapporté qu'il y avait en Egypte deux sortes d'ibis, le blanc et le noir ; « le noir
était proprement l'ennemi des serpents et faisait sa demeure à l'entrée des déserts, tandis que
le blanc était un oiseau domestique ». Il raconte ensuite, d'après la légende égyptienne, les com-
bats livrés aux serpents par les ibis, aux environs de la ville de Bouto. La plupart des histo-
riens grecs et latins ont reproduit cette version. « Les ibis noirs combattant pour la terre dont
ils sont les alliés, écrit Ellien, ne permettent pas aux légions pestiférées des serpents volants de
passer de l'Arabie sur les confins de l'Egypte. Les autres ibis tuent les serpents que les allu-
vions du Nil y attirent de l'Éthiopie, allant d'abord au-devant de leurs tentatives ; voilà ce qui
empêche les Égyptiens de périr par l'arrivée des serpents. »

On peut admettre, croyons-nous, que ce combat des ibis avec les serpents, pris à la
lettre par les historiens, n'est sans doute autre chose qu'une métaphore égyptienne mal inter-
prétée. Chaque année au printemps, les vents du sud soufflent des jours entiers sur l'Egypte,
ils entraînent avec eux, et répandent sur tout le pays une poussière épaisse et brûlante; peu
à peu les plantes se dessèchent, les animaux languissent; des épidémies se développent comme
en ce moment, qui déciment la population. Si cet état de choses durait, la plupart des êtres
seraient vite anéantis, le désert gagnerait la vallée. Mais bientôt, les pluies abondantes de la
région des grands lacs rafraîchissent l'air ; le Nil, grossi de nouveau, rend à l'Egypte sa
fécondité, c'est-à-dire la vie.

Les prêtres égyptiens s'exprimaient dans un langage imagé mais très concis et familier à
tout le monde, écrit Savigny« au lieu de dire, par exemple : les sables où vivent les cérastes
sont emportés dans les airs; ils nous arrivent avec de fâcheuses maladies, peut-être couvriront-
ils nos champs cultivés ; peut-être qu'il nous faudra périr et que bientôt les serpents venimeux
posséderont cette terre qui est notre patrie, comme ils possèdent aujourd'hui les déserts. Ils
disaient simplement : les sériants volants envahiront VÉgypte. De môme, quand, par l'effet
du vent du nord, le pays s'était assaini et que leurs ibis sacrés avaient reparu avec des eaux
fécondantes, on disait : les ibis ont combattu les serpents volants. »

En réalité, la première cause de la vénération de l'ibis vient de la croyance d'après
laquelle la fécondité et la salubrité des terres étaient dues à l'ibis. Les Egyptiens ayant remar-
qué la coïncidence de la crue du Nil et de l'arrivée des ibis, s'étant aperçus qu'une terre rendue
féconde et salubre par les eaux douces était aussitôt habitée par eux, crurent que la présence de ces
oiseaux était liée à la fécondité, à la salubrité de leurs terres et à l'inondation du Nil. « Cette
idée se rattachant au phénomène duquel dépendait leur conservation, je veux dire aux épan-
chements périodiques du fleuve, fut le premier motif de leur vénération pour l'ibis et devint le
fondement de tous les hommages qui constituèrent ensuite le culte de cet oiseau2».

Les historiens, voyageurs et naturalistes, ont tous, jusqu'au commencement du siècle
dernier, donné pour véridiquo la légende du combat dos serpents avec les ibis. C'est la raison

1 Savigny, Histoire naturelle el mythologique de l'ibis, p. 9i, Paris, 1805.

2 Savigny, ibid, p. 70.
 
Annotationen