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MOLLUSQUES

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Toutes ces espèces ont une origine sensiblement locale. Elles proviennent soit des eaux du
Nil et des cours d'eau qui en dérivent, soit de la mer Rouge ou de l'océan Indien. Si nous
prenons pour base le catalogue des coquilles marines de la mer Rouge, nous voyons que, sauf
les Murex brandaris, Cassis glauca, Tridacna gigas et Ostrea plicata, toutes vivent actuel-
lement soit dans le Nil, soit dans la mer Rouge; le Murex brandaris seul fait partie de la
faune méditerranéenne, les trois autres espèces appartiennent à la grande famille malacologique
de l'océan Indien.

Pour quels motifs de telles formes ont-elles été ainsi réunies ? Quelles vertus particulières
les anciens Égyptiens accordaient-ils à ces coquillages ? Nous l'ignorons ; la solution de tels
problèmes malacologiques n'est point encore parvenue jusqu'à nous, mais il est différentes
sortes de conjectures qu'il est permis d'émettre sur un pareil sujet.

Disons d'abord que de tels amas ne sauraient être envisagés comme de simples débris de
cuisine transformés en kjoekkenmoedding. Leur importance est trop minime, puis nous savons
que poissons et mollusques étaient proscrits rigoureusement de l'alimentation des Egyptiens.
Plu I arque, dans son traité de Iside et Oriside, nous apprend que les prêtres égyptiens avaient
en abomination le sel et tout ce qui touche à la mer ; ils appelaient le sel l'écume de Typhon ;
ni le sel, ni les produits de la mer ne devaient paraître sur leur table. Sur la stèle du roi
éthiopien Piankhi, de la XXVIe dynastie, on lit que, lorsque ce Pharaon dévot aux dieux de
"Egypte s'empara du pays, un seul des chefs locaux, qui étaient en partie Libyens ou Sémites,
eut accès dans le palais, parce qu'il ne mangeait pas de poissons1 ; les autres chefs, qui faisaient
usage de cette chair impure, étaient impurs eux-mêmes etfurent exclus2. Faut-il enfin rappeler
les sages prescriptions dictées par Moïse aux Hébreux dans son Lévitique3 : « Quidquid autem
pinnulas et squamas non habet eorumque in aquis moventur et vivunt, abominabile vos
execrandumque erit. »

D'autre part, nous ne saurions voir dans cette réunion de coquilles, ni la collection d'un
amateur naturaliste de l'époque, ni une réunion d'objets ayant pu servir à la parure ou à la
décoration somptuaire do quelque grand chef. De tels exemples sont des plus fréquents, non
seulement chez nombre de peuplades préhistoriques, mais encore de nos jours chez quantités
de races vivant encore à l'état sauvage: M. de Rougé4 a décrit des colliers de coquillages qui
S(>nl aujourd'hui en usage dans les régions du Haut-Nil ;M. leDrL. Lortetnous en a également
Montré plusieurs qu'il avait rapportés de ses voyages. Mais tel ne saurait être le cas qui nous
occupe. On ne trouve, en effet, aucune trace de perforations servant à suspendre nos coquilles:
en outre, il faut bien le reconnaître, ces grands Tridacnes, Strombes ou Ptérocères auraient
bien lourds à porter au col ou sur la poitrine. C'est donc, tout au plus, si l'on peut admettre
?ue ces belles coquilles ont pu servir à parer la demeure de quelque puissant monarque de
l'époque, ou qu'elles ont été rapportées à titre de trophée de quelque lointaine conquête. Mais
alors que viennent donc faire dans le nombre d'aussi modestes coquilles comme les Méladomus
e' ^ iviparia, qui ne sont certes ni belles, ni grosses, et qui pullulent dans les petits et grands
cours d'eau du pays.

1 A. Locard, 1884. Histoire des mollusques dans ï'antiquité, p. 75.
Jusqu'au moyen â<re on a presque toujours confondu les nollusques avec les poissons.
Leviticus, cap. XI, vers. 10.

De Rougé, Notice sommaire des monuments ègyjitiens, p. 79.
 
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