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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0031
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20 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

Mais en cherchant dans la poussière, nous avons ramassé des lamelles d'or, ainsi qu'un
superbe scarabée portant le cartouche d'Amenophis III, placé à côté d'une grande hache taillée
dans un silex blanc, n'ayant probablement jamais servi, et présentant une forme acheuléenne
tout à fait caractéristique (flg. 13). Sa longueur est de 15 centimètres, sa largeur maxima de
12 centimètres. Elle ne présente pas la patine ordinaire brun violacé des haches trouvées dans
cette région, mais elle est absolument chlorotique, comme une plante qui n'aurait jamais vu
le soleil.

On trouve, sur quelques points de sa surface, de petites couches de carbonate de chaux
déposé par les eaux et ayant agglutiné quelques grains de sable. Le dépôt indique que cette
hache a dû séjourner bien longtemps dans la tombe, depuis une époque très éloignée, lorsque
les eaux fluviales pouvaient envahir la galerie souterraine. Tous les tombeaux de la région
thébaine sont placés contre les escarpements des rochers, toujours aussi élevés que possible.
Cette précaution était évidemment prise dans le but d'éviter la pénétra-
tion des eaux dans l'intérieur de ces habitations funéraires. La conclusion
qu'on peut en tirer, c'est que, même aux époques pharaoniques, les pluies
Fj 14 _ScAR • étaient infiniment plus considérables et plus fréquentes que de nos jours.
pobtakt le car- Le scarabée, en fine pâte d'un beau vert, est d'un travail très soigné. Il

ph"s m ' est parfaitement intact, et je dois sa détermination à l'obligeance de M. Mas-

pero ; son inscription ne peut donc laisser aucun doute sur la date de sa
facture ; il était placé à côté de la hache et gisait dans la poussière, entouré de quelques
feuilles d'or extrêmement minces (flg. 14).

Cette trouvaille, quelle que soit la signification qu'on puisse lui donner, constitue un fait
indiscutable, ayant été faite par nous-même. Peut-on admettre qu'on se servait encore quelquefois
dans la région de Thèbes de haches acheuléennes à l'époque d'Amenophis III? Ou bien, cette
belle hache a-t-elle été placée dans la tombe d'un inconnu comme un ex-voto, un objet
sacré ayant une valeur, une signification religieuse, comme cela a été constaté dans certaines
circonstances ?

Il est peut-être difficile de pencher plutôt pour l'une ou pour l'autre de ces hypothèses ;
cependant, nous ne sommes pas éloigné de croire que, même à l'époque d'Amenophis III»
c'est-à-dire de 1427 à 1392 avant notre ère, les fellahs se servaient encore des haches de
pierre, telles que celles qu'on peut ramasser par milliers sur toutes les terrasses de la mon-
tagne de Thèbes, dans les vallées sauvages qui la sillonnent, ainsi que dans les moraines
torrentielles laissées au milieu de ravins.

En effet, le bronze industriel a toujours été très rare en Egypte, même à l'époque
d'Amenophis III. Ce métal encore précieux était réservé à fondre des statuettes sacrées
destinées au culte public ou domestique. Les haches usuelles en bronze sont peu communes
dans la contrée, et si on les trouve si rarement c'est qu'elles étaient trop coûteuses pour être
achetées par les simples fellahs. Ceux-ci ont donc dû, pendant fort longtemps, ne se servir que
des instruments de pierre grossièrement taillés dans les silex qui couvrent le sol des bordures
désertiques, dans le voisinage des terres cultivées. Ce n'est que là que l'on peut encore trouver
ces instruments, car dans la vallée, dans les terres arables, ces pierres taillées disparaissent,
rapidement recouvertes par les épaisses couches de vase déposées par les crues du Nil.

L'époque proprement dite du bronze industriel n'existe donc point dans cette partie de
 
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