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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0158
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134 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

raàcla, parce que l'on ne peut le toucher, quand il est vivant, sans éprouver un tremblement
auquel il est impossible de résister ; c'est un tremblement accompagné de froid, d'une torpeur
excessive, d'une formication dans les membres, et d'une pesanteur telle, que l'on ne peut ni le
retenir, ni tenir quoi que ce soit. L'engourdissement se communique au bras, puis à l'épaule,
puis gagne tout le côté, pour peu qu'on touche ce poisson, si léger et si court que soit l'attou-
chement. Un pécheur, qui avait poché le raâda, m'a assuré que, quand ce poisson était dans le
filet, ce même effet se faisait sentirai! pêcheur, sans que sa main touchât le poisson et même
à une distance de plus d'un empan. Quand le raàda est mort, il perd cette vertu1. »

Dans son savant ouvrage sur les poissons du bassin du Congo, Boulenger* relate, à pro-
pos du maloptérure, les très intéressantes observations qui suivent : « M. F. Demeuse se trou-
vant sur les rives du lac Léopold II, raconte M. Wibwerth, eut un jour l'occasion de capturer
dans un filet un maloptérure de forte taille ; ses hommes voulant jouer un mauvais tour au
cuisinier, lui apportèrent le poisson pour le dépecer. Le « chef » congolais se mit en devoir
d'écorcher le silure, mais, à peine son couteau eut-il entamé la peau que la batterie électrique
S3 déchargea subitement, envoyant une commotion terrible au pauvre homme qui, poussant un
hurlement de douleur, tomba à la renverse et resta quelque temps étendu à terre ».

« Placé dans un aquarium, môme spacieux, avec d'autres poissons, fussent-ils de môme
espèce, le maloptérure tue généralement ses compagnons, ainsi qu'on a pu le constater en
Allemagne3 et en Angleterre4, où un assez grand nombre d'individus ont été conservés vivants. »

« Stirling a observé, sur un individu qui partageait la captivité d'un Clarias, dans un
aquarium, que les chocs reçus par celui-ci au contact de son compagnon, avaient pour effet de
lui faire vomir sa nourriture, consistant en vers de terre, qui était alors appropriée par le
maloptérure, auquel on ne pouvait faire accepter directement les vers. Comme l'indique l'allon-
gement du canal intestinal, ce poisson vit d'un régime mixte et recherche probablement les
matières animales et végétales en putréfaction.

« Le mode de reproduction de ce curieux poisson est encore entouré de mystère. Au
rapport des pécheurs du Nil, le maloptérure donnerait asile à ses alevins dans la bouche. »

A ce point de vue, ses mœurs rappelleraient donc celles de certaines espèces de Chroniis
ou Tilapia, mais l'observation demande à être confirmée.

Sur les monuments de l'ancienne Egypte, le maloptérure n'est pas représenté seulement
parmi les décorations du Mastaba de Mera. Boulenger l'a reconnu sur des peintures murales
inédites du tombeau de Ti à Sakkara5 ainsi que dans la grande scène de pêche de Gizé6.
Cet auteur le cite également sur la plaque de schiste du roi Narmer7. Après avoir examiné
attentivement la célèbre plaque, d'après l'ouvrage de Quibell et d'après une photographie
directe que nous en a montrée M. Loret, nous croyons pouvoir affirmer que le poisson

1 Traduction de Sylvestre de Sacy, citée par Ballowifz ( Das Elektrische organ des Afrikanisclien Zitter-
velses Iéna, 1899) et par Boulenger, les Poissons du Bassin du Congo, p. 339 et Tlie Fiih.es of Ihe Nile,
p. 398, 1907).

* Boulenger, les Poissons du Bassin du Congo, p. 339, Bruxelles, 1901.
3 DuBois-Beymond, Mon. Berl. Acad., 1857, p. 424, et p. 84, 1838.

* A.-B. Stirling, Journ. of Anal, et Physiol., XII, 1879, p. 350 ; H. Forbes, Bull. Liverjrcol Mus. I,p.25,
1897.

5 Boulenger, The Fishes of the Mile, p. 398 (photogr. inédites de la collection du Prof. Flinders Pétrie).

6 Lepsius, Denhmxler, abth. Il, pi. IX.

7 Quibell, Hiérakônpolù, pi. XXIX.
 
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