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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0207
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182 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

sont relativement petits. La queue forte, épaisse à la base, semble servir de soutien au train
postérieur de l'animal. Les jambes minces et courtes, sont terminées, les antérieures par quatre
doigts, les postérieures par cinq doigts armés d'ongles épais et forts destinés à fouir le sol.

Il se sert des ongles robustes de ses pattes de devant pour détacher et rejeter derrière lui,
dit Brehm, de grosses mottes de terre qui, reprises par les pattes de derrière, sont repoussées
plus loin. Pendant qu'il travaille ainsi, il est entouré par un nuage de poussière.

Dans toutes les régions de l'Afrique, l'Oryctérope vit de fourmis et de termites, dont il
suit les routes, grâce à son odorat très subtil, et qu'il capture, en introduisant sa longue langue
dans les termitières ou les habitations souterraines des fourmis. Lorsqu'il arrive près d'une four-
milière ou d'un nid de termites, dit Brehm, il le flaire de tous cotés ; puis il se met à creuser et
s'enfonce dans la terre jusqu'à ce qu'il soit arrivé à l'habitation centrale où à l'un des couloirs
principaux. Dans cette galerie qui, dans un nid de termites, a jusqu'à trois centimètres de
diamètre, il enfonce sa langue, longue et gluante, la retire avec les insectes qui y adhèrent,
et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il soit rassasié. Il prend ainsi, en une seule fois, un grand nom-
bre de fourmis, avec ses longues lèvres, et quand il arrive à la chambre centrale d'un nid de
termites, où s'agitent des millions de ces insectes, il y mange comme un chien, et en avale des
centaines à chaque bouchée. Il va ainsi d'un nid à l'autre, détruisant à son tour les termites,
ces infatigables destructeurs. Aux premières lueurs du jour, il s'enfonce sous terre; s'il ne
trouve pas de trou déjà creusé, il s'en tait un en quelques minutes, et s'y met en sûreté. Un
danger le menace-t-il, il continue de creuser; aucun animal n'est en état de le poursuivre dans
son terrier; il rejette derrière lui la terre avec tant de violence que tout ennemi se retire
étourdi, l'homme lui-même a de la peine à l'atteindre, et en peu d'instants le chasseur est com-
plètement couvert de terre et de sable '. Le jour, l'Oryctérope vit à moitié endormi dans son
profond terrier. Il ne sort que le soir ou la nuit pour se mettre en chasse.

Les anciens Egyptiens connaissaient bien l'Oryctérope qui, à cette époque, vivait proba-
blement bien plus au nord qu'aujourd'hui. A présent, malgré toutes nos recherches, nous
n'avons pu constater sa présence ni en Haute-Egypte ou en Nubie, ni dans les environs de
Khartoum, le long du fleuve Blanc ou du Nil Bleu. Il semble avoir totalement disparu de
ces régions. Brehm qui a séjourné très longtemps dans le Soudan Egyptien8 raconte que dans
les steppes du Kordofan, dans les bas fonds couverts de forêts, comme dans les plaines
herbeuses, il a vu souvent des terriers d'Oryctéropes sans jamais avoir pu apercevoir l'animal
lui-môme. Dans cette région de l'Afrique les nomades l'appellent Abou de Latif, c'est-
à-dire le possesseur d'ongles. Lorsqu'ils ne peuvent le prendre à la course, ils le percent avec
leurs lances dans le terrier profond que ces animaux peuvent se creuser avec une rapidité
extrême, et à l'intérieur duquel ils vont disparaître en quelques instants, à plusieurs mètres de
profondeur, dans le sable ou dans le gravier, grâce à leurs ongles puissants.

Pendant l'antiquité égyptienne, il est probable que l'espèce appelée Orycteropus sethio-
picus Sundevall habitait peut-être encore les environs de Thôbes, comme paraissent le faire
croire les petites figurines en terre émaillée, ainsi que les gravures semblables à celle que
nous reproduisons. Dans tous les cas, il nous parait bien démontré que l'animal consacré à

J Brehrr, Vie des animaux. Mammifères, II, p. 269.
- Brehm, Vie des animaux, Mammifères, II, p. 268.
 
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