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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0223
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198 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

facile pourvu qu'on n'ait pas une corpulence trop forte, car elle est très étroite. Ens'aidant des
pieds et des mains, on arrive au sommet de ce premier escalier qui conduit à une nouvelle
pente d'éboulis sur laquelle se voient, de tous côtés, de nombreux éclats de silex taillés. On
grimpe assez difficilement au milieu de ces pierrailles glissantes et roulantes, pour atteindre un
second escalier rocheux, vertical, qu'il faudra franchir comme le premier, en s'aidant des pieds
et des mains dans une nouvelle cheminée très étroite aussi.

Cet obstacle étant franchi, un petit éboulis assez raide, conduit à une roche plate, horizon-
tale, formant un réduit long de 20 mètres à peu près, large de 2 mètres et présentant
un banc rocheux naturel sur lequel on peut se reposera l'abri des rayons du soleil en contemplant
la plus admirable des vues. Cette dalle horizontale, et l'ombre qu'elle projette, s'aperçoivent
très bien à certaines heures, des environs de Louqsor.

De "cette espèce d'abri, dont le sol et les pourtours sont jonchés de débris de silex
taillés, on arrive en moins d'une minute, au point culminant de la montagne qui est formée
de gros blocs de calcaire crétacé, irrégulièrement entassés les uns sur les autres, et séparés
le plus souvent par de profondes crevasses. Au levant, au sud et au nord, la vue est
splendide sur la verte vallée, à travers laquelle le vieux Nil trace un sillon d'argent. Au
loin, vers l'est, les hauteurs de la chaîne arabique, plus élancées que celles de la rive occiden-
tale, se perdent dans les vapeurs violettes d'un*1 teinte indescriptible. Au nord et à l'ouest, un
grand plateau rocheux, désertique, sans aucune trace de végétation, profondément sillonné par
des ravins fantastiques qui se dirigent, à droite, dans la vallée des tombes royales, à gauche,
vers les escarpements de Deir-el-Médinèh.

Après avoir admiré longuement ce spectacle inoubliable, nous redescendons par les éboulis
et les cbeminées jusqu'au col où étaient restés les baudets et, de là, en suivant un sentier bien
tracé au-dessus de précipices vertigineux, et de bizarres tours rocheuses, nous arrivons bientôt
à Deir-el-Médinèh, où se trouve une hutte construite récemment par notre savant ami
M. Schiaparelli. C'est dans ce refuge hospitalier que nous pouvons prendre un peu de repos à
l'ombre d'une toiture rustique. Vers quatre heures et demie, nous étions de retour à Louqsor
en suivant la route nouvelle, mais déplorablement anti-artistique, qui passe aux pieds des
colosses de Memnon.

Si j'ai décrit, un peu longuement peut-être, cette charmante excursion, c'est pour engager
les savants et les voyageurs, à la faire à leur tour, car elle n'offre aucune difficulté, point
de danger, et en partant de Louqsor de bonne heure, avant l'ardeur des rayons solaires, elle
peut se faire sans grande fatigue.

Les touristes y jouiront d'une vue admirable, les géologues pourront y étudier de superbes
escarpements, et les antbropologistes pourront y constater à chaque pas, combien la taille du
silex était active au milieu de ces escarpements fantastiques.

Pendant cette longue journée de marche, passée sur ces rochers brûlants, nous n'avons
vu ni un oiseau, ni un reptile, mais seulement dans la maison de M. Schiaparelli, un rat1 à poils
épineux, qui est venu nous rendre visite. Il avait été probablement attiré dans cet endroit
ombreux, par les restes des repas laissés par les ouvriers qui construisaient cette primitive
demeure.

1 Très probablement : Acomys Cahirinus Desmar.
 
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