Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0320
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CANIDES 291

Mais la race la plus communément momifiée dans la nécropole d'Assiout est naturellement
celle du chien indigène de la vallée du Nil, le chien paria, errant ou demi-sauvage. Nous
nous empressons d'ajouter que le nom de chien errant ou paria ne signifie point pour nous
que tous les individus de cette race étaient traités en parias par les anciens Egyptiens. Nous
pensons au contraire que, pendant la civilisation pharaonique, de nomhreux chiens nés de
parias étaient utilisés dans les habitations ou vivaient, entourés de soins, dans les dépendances
des temples d'Anubis ou d'Ap-ouaitou.

Ces résultats surprendront peut-être les égyptologues et quelques naturalistes. Les uns
ne s'expliqueront pas pourquoi nous n'avons point reconnu, parmi les nombreux canidés
momifiés étudiés à Lyon, les races domestiques de Canis lupaster, Canis sacer et Canis
Dœderleini décrites par Hilzheimer. Les autres rechercheront quelle raison nous avons de
penser que la race des chiens à demi sauvages était, aux temps anciens, représentée dans la
vallée du Nil, aussi bien et peut-être mieux que de nos jours. Ils rappelleront que les animaux,
les chiens en particulier, étaient l'objet de la sollicitude des anciens Egyptiens, et se demanderont
si le chien indigène de l'Egypte ne serait pas redevenu peu à peu sauvage, seulement à partir
de l'époque où les mœurs musulmanes se sont substituées à celles de la civilisation égyptienne.

Il peut paraître logique, en effet, connaissant le mépris des Arabes pour les chiens en
général, d'admettre que ces animaux ont été traités en parias et condamnés à vivre loin des
habitations, dans les décombres des villes ou des villages, seulement depuis l'occupation
musulmane. Il n'en est rien pourtant, comme on le verra plus loin.

Nous n'avons pas cru pouvoir distinguer des races de chiens domestiques issues respecti-
vement de Canis lupaster, de Canis sacer et de Canis Dœderleini, parce que les nombreux
documents sur lesquels nos recherches ont porté, nous ont démontré nettement qu'il existe.
parmi les chiens momifiés, des individus représentant toutes les formes intermédiaires, soit
entre Canis lupaster domesticus et Canis sacer domesticus, soit entre cette dernière et la forme
domestique de Canis Dœderleini.

Lorsque l'étude de ces canidés n'est pas bornée à l'examen morphologique de la tête
osseuse, mais étendue au squelette entier, on constate bien mieux encore, sur la plupart des
individus, l'influence combinée des diverses espèces de chacals et de chien sauvage qui vivent
en bordure de la vallée du Nil.

Pour prouver combien serait peu conforme à la réalité la division des chiens égyptiens en
trois races domestiques, correspondant respectivement aux trois espèces de canidés sauvages
de la région, nous citerons à nouveau l'individu momifié n° 40, qui a été décrit dans le premier
fascicule de cet ouvrage 1 : La tête de ce chien est très volumineuse, elle offre la plupart des
caractères craniologiques qui ont été signalés chez Canis Dœderleini. Par contre, les membres
de cet individu sont très petits. Ils présentent des proportions fort voisines de celles qu'on
remarque chez Canis lupaster ou chez le chien paria, c'est-à-dire très différentes de celles qui
caractérisent Canis Dœderleini.

Nous ajouterons, pour répondre aux observations des égyptologues, concernant l'existence
des chiens parias dans l'ancienne Egypte, que le squelette de l'individu n° 40 ainsi que les
autres squelettes qui ont été attribués à des chiens errants, portent tous, gravée sur leur

1 La Faune momifiée, 1™ série, fig. 4, 1903.
 
Annotationen