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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0352
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MOLLUSQUES DE KARNAK Eï DE KOM-OMBO 323

voir un apport accidentel du fait involontaire de l'homme ; on peut y déceler l'existence d'une
migration d'animaux fluviatiles, dirigée de la Syrie vers l'Egypte. Je pencherais volontiers vers
cette dernière hypothèse qui est absolument en concordance avec ce que j'ai précédemment
exposé des migrations africaines 1.

Quant aux rares espèces méditerranéennes, toutes trois recueillies à Gébélein et à Karnak,
leur présence dans les tombes n'est pas anormale, la Basse-Egypte étant baignée parla mer
Méditerranée.

En résumé, les documents précédents permettent de formuler deux conclusions dont l'une
intéresse surtout les Egyptologues, tandis que l'autre s'adresse plus spécialement aux
Zoologistes :

I. Au point de vue ègyptologique, il a très probablement existé des relations plus ou

moins suivies entre les peuplades africaines orientales et les anciens Egijptiens.

II. Au point de vue zoologique, les migrations malacologiques fluviatiles du centre

africain vers la vallée du Nil et de la Syrie vers l'Egypte sont certainement
antérieures à la civilisation égyqjtienne.

Quel rôle jouaient ces différents Mollusques et quel usage leur était réservé par les anciens
Egyptiens ? Je ne m'étendrai pas sur ces questions qui sortent un peu du domaine zoologique.
Je dirai seulement que beaucoup de Mollusques ont servi d'amulettes ou de bijoux. C'est
évidemment le cas pour ceux qui ont été retrouvés à l'état de colliers 2, comme les Conus
pusillus Chemnitz, Conus erythreensis Beck, Nerita polita Linné, Purpura tuberculata de
Blainville, etc.. C'est encore à cet usage que servaient les coquilles percées d'un trou et récoltées
en assez grand nombre dans les fouilles (Cyprxa tigris Linné, Cyprcea arabica Linné,
Cyprxa erythreensis Beck 3, etc., Nerita albicilla Linné, Clanculus pharaonis Linné,
etc.).

D'autre part, on a recueilli, dans les tombes égyptiennes, quelques Mollusques comestibles
et, notamment, le Cardium edule Linné. Il reste cependant bien peu probable que ces animaux
aient été employés à l'alimentation. Ils sont tout d'abord en bien trop petit nombre, en quelque
sorte à l'état de débris sporadiques, alors que dans les kjœkkenmoeddings, la même espèce forme
d'énormes amas. D'autre part, nous savons que les poissons et autres productions de la
mer4 étaient rigoureusement proscrits de l'alimentation des anciens Egyptiens. Locard, dans
un fort intéressant mémoire5, a déjà insisté sur ce sujet au point de vue malacologique; je n'ai
donc pas à y revenir.

1 Germain (Louis), Recherches sur la faune malacologique de l'Afrique équatoriale (Archives zoologie
expèrim. et générale, 5e série, I, 1909, chap. VI, p. 155 et suivantes).

- L'usage de ces colliers ou ceintures de coquilles s'est conservé en Afrique. M. le Dr Poutrin vient de me
rapporter une magnifique ceinture de coquilles qui servait d'ornement à un indigène du Haut-Oubangui.

3 Un certain nombre de Cyprées (Cyprxa moneta Linné, Cyprxa annulus Linné) ont été recueillies rodées
sur leur face dorsale (Dr Lortet et G. Gaillard, la Faune momifiée de l'ancienne Egypte, 4e série, 1908,
p. 110). Elles devaient donc, probablement, servir de cauries, ce qui est une présomption de plus en faveur des rela-
tions entre les anciens Egyptiens et les peuples africains chez lesquels l'usage des cauries s'est conservé jusqu'à nos
jours.

4 Les Crustacés et les Mollusques ont été, pendant fort longtemps, confondus avec les Poissons.

5 Locard (A.), Histoire des Mollusques dans l'antiquité (Mémoires de VAcadémie des sciences, belles-
lettres et arts de Lyon, 1884, p. 75 et suivantes).
 
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