Mangeart, Thomas; Montfaucon, Bernard de: Introduction A La Science Des Médailles: Pour Servir A La Connoissance Des Dieux, De La Religion, Des Sciences, Des Arts, Et De Tout Ce Qui Appartient A L'Histoire Ancienne, Avec les Preuves Tirées Des Médailles ; Ouvrage propre à servir de Supplément à l'Antiquité Expliquée par Dom Montfaucon (Paris, 1763)

16 INTR. À LA SCIENCE DES MÉDAILLES. Chap. III.
à leur grandeur ; 40. à la manière dont elles font gravées & marquées ; j°.
aux Princes, aux Peuples, aux Nations qui les ont fait srapper • 6°. aux
personnages qu'elles représentent ; 70. aux occasions ou aux raisons pour
lesquelles on les a srappées ; 8°. Ensin par rapport même à leurs défauts ,
& aux Osficiers Monnetaires qui les ont srappées. Entrons dans le détail
de toutes les dénominations que ces dissérens rapports ont fait donner aux
Médailles,
i°. Les Médailles considérées par rapport à leur âge, & au temps de leur
fabrique ne reçoivent que deux noms ; Ravoir, celui dAntiques , & celui
de Modernes. Les Antiques sont toutes celles qui ont été srappées jusqu'au
Régne de Pofthume, ou de Conftantin.
Il saut avouer néanmoins qu'à cet égard les sentimens sont partagés. Les
Curieux ont donné plus ou moins d'étendue à l'âge des Médailles antiques,
sélon dissérens syftêmes qu'ils se font saits pour les collecliions, dont ils avoient
envie de sormer leurs Cabinets. En ufant de la même liberté, nous serons
descendre l'âge de l'Antique jufqu'à la ruine de l'Empire de Conftantinople,
en 14J3, par les Turcs, sous Mahomet II. après avoir défait Conftantin
surnommé Paléologue , qui en sut le dernier Empereur. Nous regarderons ,
en conséquence, toutes les Médailles srappées après cette fameuse & trifte
époque , comme des Médailles modernes, dont il ne fera point queftion, ou
du moins très-rarement , dans cet ouvrage.
20. Nous avons déjà vu que les Médailles confïdérées par rapport à leur
matière, s'appellent Médailles d'or, d'argent, de bronze , de potin, de
plomb , &c. ; mais elles tirent encore deux autres noms des métaux employés
à leur fabrique ; fçavoir , Médaille s faucées , & Médailles fourrées.
Les Médailles faucées sont celles qui font véritablement de bronze , mais
que l'on a ou couvertes d'une feuille d etain, ou trempées &c faucées dans
1 etain.
Les Médailles sourrées sont celles que les faux Monnoyeurs ont fabriquées
pour tromper le Public, & s'attribuer un profit beaucoup au-delà de ce que
l'autorité & la puiffance légitime en tiraient dans la fabrique des Monnoies.
Elles sont faites d'une pièce de bronze ou de fer couverte d'une seuille d'or
ou d'argent qui étoient frappées ensemble ; par ce moyen, cette feuille eft
tellement inhérence à la pièce de bronze ou de fer, qu'on ne peut, à la vue,
diftinguer une pièce fourrée d'avec celle qui eft véritablement d'or ou d'ar-
gent , quand elle eft bien conservée : ce n'eft guère qu'au poids, ou par la
piquure d'un poinçon qu'on peut découvrir la sraude, comme on le dira dans
le dernier Chapitre de ce Traité.
3 °. Les noms que les Médailles reçoivent, par rapport a leur sorme, sont
ceux de Médaillons, de Médailles & de Quinaires , pour l'or & l'argent ;
& ceux de Médaillons encore , de grand, moyen , & petit bronze pour ce
métal, comme on l'a déjà vu plus haut. Ces modules ont varié , & ont été
ou plus grands ou plus petits , fous différens Empereurs ; mais quand on
trouve des Médailles plus petites sous un Empereur que fous un autre , pourvu
que leur module foit de quatre différentes grandeurs notables & fenfibles,
elles retiennent toujours les noms de Médaillons, ou de grand , moyen &c
petit bronze, ou de Médaillons, de Médailles & de Quinaires en or & en
argent. Les différences de modules ne roulent ordinairement que depuis un
demi pouce jufqu'a trois de diamètre , &: depuis une demi ligne jufqu'a deux
pour 1 epaiffeur.
Outre