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Künstler-Gesellschaft Zürich [Hrsg.]
Neujahrsblatt der Künstlergesellschaft in Zürich — 51.1891

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https://doi.org/10.11588/diglit.43110#0026
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étant spécial pour Londres et „express“ jusqu’à Boulogne, où nous arrivions à 1 h. de la nuit. Le ciel était
magnifique, sans nuages, et des miliers d’étoiles étincelaient de toutes parts. Pas la moindre brise; la mer
était comme un miroir. A 2 h. embarqués sur un vapeur anglais, nous quittions Boulogne, un peu balancés
par des vagues mortes d’un orage de la veille, ou plutôt conséquence de la marée montante, mais qui
devinrent imperceptibles, à mesure que nous nous éloignions des côtes. Que je me félicite d’avoir choisi
cette traversée, et quelle chance de l’avoir faite par un temps si favorable ! .... Ne pouvant rester dans
les cabines du bâteau, à cause de l’odeur et du peu de place, je restai sur le pont, enveloppé dans ma
couverture, qui n’était pas de trop, et je pus jouir à mon aise du plus magnifique lever du soleil que j’ai
vu jusqu’ici. Cette mer si calme me rappelait un peu notre beau Léman, seulement les côtes étant très-
éloignées et invisibles partout ailleurs, la scène y gagnait en grandeur et en majesté. La plupart des
voyageurs étant endormis dans leur hamac, le plus grand silence régnait sur le bâteau; il n’était troublé,
de temps à autre, que par un ordre du capitaine et le chant monotone des matelots de quelques barques
de pêche, que nous devancions rapidement. Je n’oublierai jamais cette charmante traversée de la Manche;
elle sera peut-être le plus agréable souvenir de mon petit voyage à Londres.
Pendant plusieurs heures nous côtoyâmes les côtes d’Angleterre; la mer était sillonnée d’embarcations
de toute espèce; mais le soleil, qui s’était levé si radieux, commençait à s’obscurcir, et, une fois engagés
dans la Tamise, il disparut complètement derrière nue brunie épaisse, que ne pouvait dissiper une bise
froide et désagréable. Ce riant tableau avait donc passé comme un rêve, la nature prit un aspect triste et
devint plus triste quand nous arrivâmes (à midi) aux portes de Londres, où l’atmosphère est chargée de
fumée de charbon. Ce charbon se déposant partout et sur tout, donue à la ville un voile de deuil, un aspect
sombre, rendu plus sinistre encore par le bruit infernal qui retentit de toutes parts des innombrables chantiers
qui bordent la Tamise. La Seine à Paris, la Tamise à Londres, c’est bien le jour et la nuit; — la Seine,
bordée de palais, de temples, de quais magnifiques, a un aspect de fraîcheur, de gaîete, et un côté pitto-
resque que la Tamise n’a pas. Ici tout respire l’industrie, le commerce, la vie matérielle dans toute la force
du terme; aussi ne faut-il point s’étonner, si les beaux-arts sont si peu populaires en Angleterre. Cette
arrivée à Londres a bien sa grandeur et sa poésie, j’en conviens; pour ce qui me regarde, ce n’est pas ce
côté-là de la vie qui me charme, mes goûts sont peu mercantiles, comme tu le sais — pas assez peut-être.
A une heure donc nous débarquions au port de Londres. Ayant l’adresse exactement écrite d’un hôtel où
vont volontiers les Suisses allemands, je m’y fis conduire en fiacre et m’y installai dans l’unique chambre
vacante. Le prix est de 10 francs par jour, repas, chambre et service compris. Relativement à Paris, c’est
cher, moins cependant que je ne m’y attendais. L’exposition est trés-éloignée, mais des omnibus y conduisent
tous les cinq minutes, moyennant 60 centimes.
La première chose, que je fis après m’être mis au propre, fut d’aller m’achéter un plan de Londres,
pour me reconnaître, et de pousser quelque reconnaissance dans les quartiers voisins, avant mon dîner.
•T’avais vu la belle cathédrale de St.-Paul, la Banque, l’hôtel des Postes et le Palais de Justice — magnifiques
monuments d’architecture. Une chose qui m’a désagréablement surpris, en parcourant quelques rues populeuses
et ouvrières, c’est la quantité de pauvres déguenillés que l’on rencontre : des figures livides, d’une maigreur
extrême, dénotant la misère, la plus affreuse; la population la plus misérable de Paris n’est pas à comparer.
Ce que l’on dit de Londres, n’est donc que trop vrai: c’est bien la ville où l’on voit les plus grandes
misères côtoyant la plus grande richesse. Il me reste maintenant à voir les plus beaux quartiers de Londres
et ses merveilles; je crois que je ne serai pas déçu. A demain l’exposition. Le prix d’entrée est. de
2’/2 Schilling (3 fr. 15). La monnaie anglaise m’est familière maintenant; que n’en puis-je dire de même
 
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