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LA VILLE ET SES TEMPLES
même, il ne figure pas sur les tessères, qui l’auraient représenté exactement pareil au
sanctuaire de Belhammôn 31. Le bastion renfermant ce dernier reste l’élément le plus
avancé à l’ouest de tout l’ancien rempart.
Comme dit, le tronçon suivant de ce rempart, accroché à un angle du bastion, descend
vers le nord-est par le crête de la colline (fig. 1). C’est la partie la mieux conservée de
tout le pourtour, par endroits jusqu’à deux mètres de hauteur, et sa structure diffère
à plusieurs égards du parcours déjà décrit. Tout d’abord, le mur est ici construit entière-
ment en pierres irrégulières, ajustées sans mortier. La largeur est partout de 2,40 m. Il
est renforcé par des tours pleines, saillantes de 3 m et larges de 7 m, élevées d’après le
même procédé mais en pierres plus grandes. Il se conforme à la ligne de crête, ce qui
a obligé les constructeurs à changer trois fois la direction (azimut à partir du sommet :
80, 50, 35, 40). Le tracé dessine ainsi un arc rentrant. Etant donné que la colline est d’accès
assez difficile, cette particularité ne réduisait en rien l’efficacité défensive du rempart.
On est même en droit de se demander quelle pouvait être l’utilité des tours à un endroit
si peu exposé aux attaques des agresseurs, surtout lorsqu’on songe à l’absence d’ouvrages
analogues dans la plaine.
A partir du point où le mur rejoint le terrain plat au nord-est, il adopte de nouveau
un tracé en ligne droite. On aperçoit sur les derniers cent mètres de la pente du ôebel
Muntar un alignement de grands blocs irréguliers qui formaient les parements du rempart
et gardent encore un écart de 2,40 m pour leurs faces extérieures, ce qui correspond à la
largeur uniforme de la muraille. D’autres blocs, renversés,. gisent à côté.
J’ai pu vérifier 32 que ces pierres—la première assise du mur (à un endroit deux
assises) — étaient posées directement sur le sable, quelques 60 à 90 cm seulement au-
dessus du rocher qui affleure à 7 m environ vers l’extérieur. Elles sont à découvert, et
le mur me semble donc n’avoir eu là aucune espèce de fondation. Un sondage pratiqué
sur son parcours jusqu’à deux mètres environ de profondeur a permis de constater que
le sol vierge argileux est recouvert de graviers et de sable éolien ; ce sable atteint une épaisseur
de 50 à 80 cm. Le mur a été posé là-dessus.
Sur le rocher en avant du rempart, à 30 m environ au sud de la piste haute arrivant
par la Vallée des Tombeaux, une fondation de blocs disposés en demi-cercle supportait
un autel de dimensions importantes (base 70x51 cm, hauteur conservée 1,40 m) (fig. 2).
L’inscription d’une ligne, selon toute apparence presque complète, a été publiée par
J. Starcky 33. Le texte est gravé en écriture monumentale (hauteur des lettres 3 cm),
d’aspect archaïque :
[cl]t’ dh mn ksp 'nws[t’j
« [Cet autjel (est élevé) avec l’argent du tré[sor] ».
Il s’agit donc d’une dédicace officielle de la ville, comme celle plus récente d’un siècle
des autels d’el Karâsi 34.
On rapprochera de cette inscription celle d’une tessère qui, en écriture du même style,
porte d’un côté krk’, « muraille », de l’autre "nzosf, « trésor »35. Les deux monuments
31 CRAI 1966, p. 169 (pour RTP 99, 224), cf. mes remarques dans Syria 49, 1971, p. 411.
32 Fouille encore inédite, 1971.
33 MUSJ 1949/50, pp. 55-58, pl. XVII, 2, 3. L’autel est en place : un morceau détaché du couronnement
repose par dessous.
34 CIS II 3994.
35 RTP 8.
LA VILLE ET SES TEMPLES
même, il ne figure pas sur les tessères, qui l’auraient représenté exactement pareil au
sanctuaire de Belhammôn 31. Le bastion renfermant ce dernier reste l’élément le plus
avancé à l’ouest de tout l’ancien rempart.
Comme dit, le tronçon suivant de ce rempart, accroché à un angle du bastion, descend
vers le nord-est par le crête de la colline (fig. 1). C’est la partie la mieux conservée de
tout le pourtour, par endroits jusqu’à deux mètres de hauteur, et sa structure diffère
à plusieurs égards du parcours déjà décrit. Tout d’abord, le mur est ici construit entière-
ment en pierres irrégulières, ajustées sans mortier. La largeur est partout de 2,40 m. Il
est renforcé par des tours pleines, saillantes de 3 m et larges de 7 m, élevées d’après le
même procédé mais en pierres plus grandes. Il se conforme à la ligne de crête, ce qui
a obligé les constructeurs à changer trois fois la direction (azimut à partir du sommet :
80, 50, 35, 40). Le tracé dessine ainsi un arc rentrant. Etant donné que la colline est d’accès
assez difficile, cette particularité ne réduisait en rien l’efficacité défensive du rempart.
On est même en droit de se demander quelle pouvait être l’utilité des tours à un endroit
si peu exposé aux attaques des agresseurs, surtout lorsqu’on songe à l’absence d’ouvrages
analogues dans la plaine.
A partir du point où le mur rejoint le terrain plat au nord-est, il adopte de nouveau
un tracé en ligne droite. On aperçoit sur les derniers cent mètres de la pente du ôebel
Muntar un alignement de grands blocs irréguliers qui formaient les parements du rempart
et gardent encore un écart de 2,40 m pour leurs faces extérieures, ce qui correspond à la
largeur uniforme de la muraille. D’autres blocs, renversés,. gisent à côté.
J’ai pu vérifier 32 que ces pierres—la première assise du mur (à un endroit deux
assises) — étaient posées directement sur le sable, quelques 60 à 90 cm seulement au-
dessus du rocher qui affleure à 7 m environ vers l’extérieur. Elles sont à découvert, et
le mur me semble donc n’avoir eu là aucune espèce de fondation. Un sondage pratiqué
sur son parcours jusqu’à deux mètres environ de profondeur a permis de constater que
le sol vierge argileux est recouvert de graviers et de sable éolien ; ce sable atteint une épaisseur
de 50 à 80 cm. Le mur a été posé là-dessus.
Sur le rocher en avant du rempart, à 30 m environ au sud de la piste haute arrivant
par la Vallée des Tombeaux, une fondation de blocs disposés en demi-cercle supportait
un autel de dimensions importantes (base 70x51 cm, hauteur conservée 1,40 m) (fig. 2).
L’inscription d’une ligne, selon toute apparence presque complète, a été publiée par
J. Starcky 33. Le texte est gravé en écriture monumentale (hauteur des lettres 3 cm),
d’aspect archaïque :
[cl]t’ dh mn ksp 'nws[t’j
« [Cet autjel (est élevé) avec l’argent du tré[sor] ».
Il s’agit donc d’une dédicace officielle de la ville, comme celle plus récente d’un siècle
des autels d’el Karâsi 34.
On rapprochera de cette inscription celle d’une tessère qui, en écriture du même style,
porte d’un côté krk’, « muraille », de l’autre "nzosf, « trésor »35. Les deux monuments
31 CRAI 1966, p. 169 (pour RTP 99, 224), cf. mes remarques dans Syria 49, 1971, p. 411.
32 Fouille encore inédite, 1971.
33 MUSJ 1949/50, pp. 55-58, pl. XVII, 2, 3. L’autel est en place : un morceau détaché du couronnement
repose par dessous.
34 CIS II 3994.
35 RTP 8.