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Gawlikowski, Michał; Michałowski, Kazimierz
Palmyre: fouilles polonaises (Band 6): Le temple palmyrénien: étude d'épigraphie et de topographie historique — Warszawa, 1973

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https://doi.org/10.11588/diglit.41251#0032
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LES TRIBUS ET LEURS DIEUX

V
28
« ... la patrie lui a voté les honneurs appropriés : une statue équestre, et les quatre tribus
dans leurs sanctuaires à leurs frais quatre statues, celle-ci étant celle de la tribu des Chô-
nites ... ».
J’ajoute la traduction de la version palmyrénienne telle quelle vient d’être publiée
par J. T. Milik :
« De par la décision du Sénat et du Peuple, cette statue est celle d’Aelius Bôrrâ fils de
Titus Aelius 'Ogeilû, le stratège, qui a établi la paix dans le territoire de la ville et qui
n’a pas épargné sa personne en faveur de sa ville, que lui ont érigée les benê Komarê,
de même que le reste des tribus, (chacune) dans la maison de leurs dieux, en son honneur.
Au mois de février de l’an 509 ».
Cette fois, il est dit clairement que les quatre tribus agissaient « sur l’ordre du Sénat
et du Peuple » pour honorer ce fonctionnaire important. En même temps, une des quatre
tribus est nommée ; la disparité des noms palmyrénien et grec a troublé l’éditeur du texte.
Il a pourtant entrevu la solution, tout en hésitant à l’admettre, bien qu’elle soit la seule
possible, comme cela apparut aussi à J. T. Milik. Dans de nombreux textes grecs, le nom
tribal bny kmr est rendu par Χομαρήνοι; dans deux inscriptions dont celle-ci, où le cor-
respondant sémitique est donné, cette tribu est appelée φυλή Χωνειτών. La difficulté ne
résulte que d’une prémisse a priori selon laquelle tous les noms de tribus remonteraient
nécessairement au nom de l’ancêtre. Cependant, kmr comme nom de personne ne semble
pas attesté : pour les deux cas cités par Stark, il s’agit certainement dans l’un du nom
commun « prêtre », dans l’autre la même interprétation est fort possible 2. Une fois sup-
posé que les benê Komarê sont « la tribu des prêtres », on voit immédiatement que les
Chônites sont également des « prêtres », non plus d’après kmr, mais d’après son synonyme
khn. La vocalisation Χωνεΐται indique la forme kôhen, comme en phénicien et en hébreu,
et non kahin, comme en arabe ou en araméen d’empire 3. L’objection d’Ingholt qui avait
vu, bien entendu, cette possibilité, était que le grec rendrait ainsi ignotum per ignotum :
l’araméen Komarê par un vocable également non hellénique. Il n’est pourtant pas ques-
tion de traduction, mais de transcription; Χομαρήνοι non plus ne saurait être transparent
pour un Grec !
Cet élément du vocabulaire cananéen n’est pas isolé à Palmyre 4. On peut citer encore
l’expression gnf ’lym, « jardin des dieux », qui se rapporte au sanctuaire de la tribu en
question 5. Il s’agit sans doute d’une tradition implantée fort anciennement, sinon antérieure-
ment à l’arrivée des Araméens dans l’oasis palmyrénienne, tradition dont la tribu des
bny khnym (?) devenue dans l’usage courant bny kmrserait le dépositaire. Il me paraît
imprudent d’insister sur l’analogie peut-être superficielle avec les Lévites de l’Ancien
Testament. Tout ce qu’on peut dire, c’est que l’une des quatre tribus était, au moins
à l’origine, vouée spécialement au culte.
3. J. Starcky, Inv. X, 44 (le grec d’après H. Ingholt, Syria 13, 1932, p. 289 suiv.). Console
murale double, trouvée à l’extérieur de l’Agora près de son angle est, remise en place
dans le mur nord-est.

2 Stark, p. 29 pour CIS II 3980 (hggzv br zbdlh kmr) et 3929; cf. StP. 3, 1969, en note et infra n. 46.
3 La contraction, nécessaire en grec qui ne peut pas rendre un h à l’intérieur d’un mot, trouve une parallèle
dans les noms modernes du type Cohn, Kon, etc., qui viennent de Cohen, plus fidèle à l’original hébreu. A Pal-
myre, on comparera Cheilos (= Kohailû), Inv. X, 54.
4 P.ex. infra, pp. 36, 77.
5 Ci-après, p. 30.
 
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